"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Chora se réveille dans un lit d'hôpital.
Orpheline.
Ce n'est pas normal. C'est elle, qui aurait dû mourir en premier.
Mais ses parents, scientifiques reconnus, sont morts dans l'explosion d'un accélérateur de particules capable de renverser le cours du temps. Sabotage ? Attentat ? C'est ce que pensent l'inquiétante Epone, responsable de la sécurité et Théo, jeune gendarme aux traits curieusement familiers. Dévastée, Chora décide de découvrir la vérité.
Sauf que... Les heures lui sont comptées. Car si le drame l'a dotée du pouvoir de se déplacer dans le fil de sa propre histoire, chaque voyage détraque un peu plus le rythme fragile de son coeur en sursis.
Il y a certains mots qui dépatraquent complétement ma capacité à résister à l’attrait d’un livre … Le groupe nominal « voyage dans le temps » fait indiscutablement parti de cette catégorie. Lorsque ce tag a attiré mon attention sur Simplement.pro, j’ai immédiatement su que cela ne servait à rien de résister – d’autant plus que je suis également incapable de résister aux éditions Lynks. Cet intérêt pour les voyages temporels ne date pas d’hier : depuis que mon père – professeur de physique – a évoqué devant moi la question des trous de ver (supposés permettre de voyage dans l’espace, dans le temps, ou même dans les deux à la fois), je n’ai eu de cesse de me documenter sur ce sujet. Alors vous comprenez bien qu’à chaque fois qu’un roman aborde la question des voyages dans le temps, je ne peux pas faire autrement que me jeter dessus ! Et c’est ainsi que je me suis ruée sur Asynchrone, toute excitée que j’étais de voyager à travers le temps en compagnie de Chora …
Atteinte d’une grave maladie cardiaque, Chora s’était faite à l’idée de mourir d’un instant à l’autre. Rien ne l’avait donc préparé à être orpheline … C’est pourtant bien ce qu’elle est devenue suite à l’explosion de l’accélérateur de particules où travaillaient ses parents, scientifiques de renom. Et comme si cela ne suffisait pas, voici que la responsable de la sécurité du synchrotron l’accuse d’être l’éco-terroriste responsable de cet attentat ! Aidée par son jeune garde du corps, Théo, qui lui semble mystérieusement familier, Chora va tout mettre en œuvre pour prouver son innocence et découvrir la vérité … Tout, y compris ses toutes nouvelles facultés lui permettant de voyager à travers le temps, quand bien même chaque incursion dans son passé détraque un peu plus son cœur à bout de souffle. Parviendra-t-elle à inversion le cours du temps et à sauver ses parents, quitte à mourir en cours de route … ?
C’est un livre qui commence de façon plutôt classique … Un réveil à l’hôpital. Le collègue de travail des parents chargé de communiquer la terrible nouvelle. Le joli gendarme chargé de la protection de la jeune miraculée. On ne va pas se mentir, le début est loin d’être palpitant. Mais la suite … La suite, elle, l’est indéniablement. A partir du moment où les « pouvoirs » flambants neufs de Chora se réveillent, tout semble s’accélérer, à l’instar de son rythme cardiaque qui se fait le fil rouge de ces voyages temporels. Car l’auteur ne perd pas de temps pour nous dévoiler cet état de fait : c’est une véritable course contre la montre qui s’engage. Chora n’a pas de temps à perdre : si elle veut découvrir ce qui est réellement arrivé au moment de l’explosion, et plus encore si elle veut éviter cette catastrophe, elle doit agir, et vite. Car chaque minute qui passe est une épreuve supplémentaire pour son cœur en sursis. Son cœur qui, de plus, s’affole à chaque fois qu’elle croise le regard de Théo, qu’elle a l’impression de connaitre alors qu’elle ne se souvient pas l’avoir déjà rencontré …
Je dois l’avouer, au début, cette petite amourette m’a fait lever les yeux au ciel : bon sang, Chora, tu viens de perdre tes parents et tu te jettes dans les bras du premier garçon venu ?! C’est tellement vu et revu ce cliché du « on a l’impression de se connaitre sans s’être jamais rencontrés » ! Du moins, c’est ce que l’on pense au premier abord … Car on comprend progressivement que, d’une certaine façon, ils se sont déjà rencontrés. Même si Chora ne peut pas s’en souvenir : elle n’a pas encore vécu cette première rencontre ! Vous l’aurez compris, la magie des boucles temporelles entre en jeu. Fabien Clavel a fait un choix plutôt audacieux : tandis que dans la plupart des récits de voyages dans le temps, le voyageur quitte le présent pour naviguer dans le futur ou le passé, ici, Chora se dédouble, et se retrouve simultanément à plusieurs lieux et époques à la fois. Il y a quelque chose d’assez vertigineux dans ces nombreux voyages, qui finissent par s’entremêler et s’entrecouper, jusqu’au « grand final » qui donne la chair de poule. Je crois que mon cœur, l’espace d’un instant, a battu à l’unisson de celui de Chora, ce qui n’est pas peu dire !
Car sans m’en rendre compte, j’ai fini par m’attacher à Chora et à Théo, et j’avais de plus en plus envie de les voir réussir, et de plus en plus peur de les voir échouer, au fur et à mesure que les pièces de cet immense puzzle à l’échelle de l’espace-temps se dévoilait. On se fait parfois des nœuds au cerveau, car les théories scientifiques parsemées ci et là restent assez pointues, car c’est le propre des voyages temporels que de mettre la logique sens dessus-dessous, mais on se laisse irrémédiablement happé par l’histoire, au point qu’on en oublie parfois les incompréhensions que suscitent toujours ce type de péripéties. Ce livre, c’est tout simplement un véritable page-turner qui se dévore à une vitesse folle … Et c’est peut-être là le point le plus « négatif » : il se lit trop vite. Il y a ce petit arrière-gout de trop peu, cette sensation de rester sur sa fin : en veut en voir plus, en savoir plus. Je n’aurai pas dit non à un récit plus long, un peu moins « haletant » mais plus « saisissant » !
En bref, vous l’aurez bien compris, malgré quelques « réserves » initiales, j’ai plutôt bien aimé ce roman au rythme trépidant ! Ce n’est assurément pas mon coup de cœur de l’année, car l’intrigue est parfois un peu trop rapide et qu’il est parfois difficile de s’y retrouver, mais c’est une histoire fort sympathique qui m’a fait passer un très bon moment de lecture. J’ai pris plaisir à suivre Chora dans ses forts nombreux voyages à travers le temps et l’espace, j’ai eu peur pour elle lorsque son cœur hurlait « stop », j’ai été émue aux larmes lors de certains passages (mention spéciale à la page 173), j’ai eu envie de hurler contre le « vilain méchant » lorsque son véritable visage s’est dévoilé, et j’ai eu le cœur qui s’est mis à courir le marathon lors de la dernière scène (je veux y croire, je veux y croire !). Une ribambelle d’émotions, donc, pour ce roman à la narration affutée et à l’intrigue étourdissante. Un roman que je suis vraiment ravie d’avoir dans ma bibliothèque car il ne fait aucun doute que je relirai un jour ou l’autre !
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2019/09/asynchrone-fabien-clavel.html
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