"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les historiens des totalitarismes savent, plus encore que ceux des autres périodes, que leur écriture est impuissante à rendre justice à toute la complexité des destins et à rendre compte des souffrances individuelles et collectives. Alors, oui, le roman peut être un autre discours de vérité, il permet par ses personnages insérés dans la Grande histoire de donner à ressentir des vérités humaines qui échappent à tout discours scientifique. C'est ce que réalise Annick Kiefer dans son nouveau roman. Elle brosse une fresque alsacienne où les destins entremêlés de ses personnages donnent à voir sur trois générations les blessures collectives qui ont empoisonné la région depuis 1870. Le roman contribue, par la finesse des portraits individuels, à faire connaître à la France une part de la vérité alsacienne. Les émotions que le lecteur ressentira à la lecture seront le vecteur d'une meilleure compréhension d'une région dont la différence ignorée ou niée est depuis trop longtemps source de tensions et de divisions du «corps » national. Ce roman prend sa part, une belle part, dans l'accomplissement du devoir d'histoire. Marie-Claire Vitoux Maître de conférences honoraire en histoire contemporaine, Université de Haute Alsace, Membre du Centre de Recherche sur les Economies, les Sociétés, les Arts et les Techniques. (CRESAT)
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