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Un grand roman épique, Argile et cendres dont l’action se déroule au Moyen Âge, en Champagne sous l’égide du roi de France Philippe II Auguste. Grande période qui eut des impacts importants du fait de multiples croisades pour la Terre Sainte. Ainsi Zoé Oldenbourg , retrace avec une myriade de détails, la vie tumultueuse d’un couple : Aalais de Puiseaux et le baron Ansiau de Linnières. Un parcours qui démarre de leurs adolescences jusqu’à l’âge avancé de la cinquantaine d’années – proche de la fin de vie pour l’époque.
Au cours des 1039 pages de ce roman, pas un instant de repos, même lorsqu’il s’agit du quotidien de la vie du château, que ce soit : pour l’entretien des forêts, des prairies ainsi que des étables. De même la routine, voire l’obligation de suivre toutes les recommandation de la vie religieuse, et en outre impossible de rater également les foires, les tournois et joutes, bref les différentes activités dans ces périodes et contrées paysannes. En ce qui concerne l’approche des sentiments, il s’agit de compter sur les amours courtois du chevalier envers la femme de noble lignage qu’il convoite – car bien sûr l’infidélité existe bel et bien ; et génèrent moult conflits et guerres de voisinage. Enfin deux grands chapitres, modulent et dirigent la vie de notre couple : les croisades et la naissance d’enfants, surtout d’un garçon ; important pour la pérennité du lignage de la famille.
Les croisades de l’époque ont besoins d’hommes, d’où la convocation de l’ost – service militaire obligatoire -, qui oblige pour les vassaux de participer aux croisades et confier leur châtellenie à leur épouse, notamment ; cependant ces départs entraînent des charges financières très importantes et des prêts auprès des usuriers de l’époque, pour l’équipement militaire nécessaire et ainsi pouvoir derechef défendre le Saint-sépulcre. Mais le retour de ces terres lointaines n’a rien de certain ; d’autant que certains de ces valeureux chevaliers peuvent revenir estropiés. Aucune crainte pour le baron Ansiau qui participera aux croisades, étant comme il est dit dans la Bible – argile – et pouvait à l’issue des combats retourner cendre et poussière. Un « Jacques le fataliste », avant l’heure !
Ce roman met l’accent aussi, tout au long des chapitres sur la condition féminine ; que l’on pourrait qualifier pour le moins d’exécrable ! Puisqu’une femme noble se doit de savoir gérer la maisonnée et enfanter régulièrement. Sauf de rares cas, la parole de celle -ci ne doit pas intervenir pour les décisions – souvent des ukases de son « maître » ; et génère une maxime pour le moins machiste, « Sois belle et tais-toi ».
Une étude des mœurs qui relate, sans emphase ni grandiloquence, la vie de cette famille champenoise ; mais avec une richesse de langage et de termes liés à cette époque, qui m’ont plongé dans le rude et sans pitié univers du Moyen-Âge ; alliée à une transcription des émotions qui interpellent. Cela représente un grand défi, mais que je considère comme pleinement réussi, tant l’on arrive s’immiscer dans cette vie où prédomine l’incertitude de l’avenir. Une remarque s’en dégage : une fresque toujours d’actualité. À noter la prédilection de Zoé Oldenbourg, pour les romans historiques et plus spécialement les croisades et la société cathare.
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