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Une chouette lecture qui m'a surprise. Le schéma sur lequel l'histoire est construite est assez particulier mais ça ne m'a pas dérangé. C'est un peu comme si nous avions deux histoires dans le même livre.
Vladimir de Gmeline entraîne le lecteur en Allemagne sur les pas d’un nazi avant de faire brusquement demi-tour et nous plonger dans un thriller sur fond de dopage du côté de Montréal. Surprenant, mais malin.
Si de nombreux écrivains ont déjà utilisé la technique du «roman dans le roman» pour pimenter leur histoire, il faut bien avouer que la variante imaginée par Vladimir de Gmeline est aussi audacieuse que déroutante, du moins au premier abord. Car une lecture attentive – voire une relecture – nous prouvera que tous les indices ont bien été placés au fil du récit pour nous permettre de passer allègrement du récit historique au thriller sur fond de chantage et de mafia.
Il faut par exemple comprendre les raisons qui vont pousser Philippe à entreprendre son voyage dans l’Allemagne de son enfance. Si les relations avec son épouse ne sont plus au beau fixe depuis bien longtemps, les visiteurs qu’elle reçoit à la maison irritent au plus haut point son mari. À cinquante ans, ce sénariste en panne d’inspiration ne supporte plus leur arrogance. Il en profite pour prendre la fuite et entreprendre ce voyage qu’il a déjà plusieurs fois repoussé à Detmold, dans le Nord de l’Allemagne. C’est là qu’il a passé une période de sa jeunesse, auprès d’un oncle qui a été membre des Waffen SS. Outre le fait de revoir les lieux, il aimerait en savoir davantage sur le rôle effectivement joué par son parent.
Guillaume décide de l’accompagner, davantage pour resserrer les liens qui l’unissent à son ami que par envie de se plonger dans les pages sombres de l’histoire.
Les deux hommes laissent leurs familles respectives pour enquêter. Si au début ils se heurtent à un mur de silence, ils vont finir par apprendre, bribe par bribe, quelques détails sur les exactions commises. Mais un coup de téléphone de sa fille va l’alerter sur l’état de santé de son fils Ivan qui poursuit une brillante carrière de hockeyeur professionnel au Canada. Les retransmissions de ses matches et les photos transmises vont le pousser à prendre l’avion pour Montréal. Malgré les dénégations d’Ivan, il ne va pas tarder à se rendre compte que l’augmentation subite de sa masse musculaire n’est pas due aux seules séances de musculation.
Petit à petit la douloureuse vérité se fait jour, non seulement Ivan se dope, mais il sert de tête de pont à un vaste trafic.
Pour Philippe, c’est le même sentiment de culpabilité que celui ressenti en Allemagne, même s’il n’a pas commis lui-même d’actes répréhensibles. La famille, son rôle de père, la façon dont il a mené sa vie jusqu’à présent, le rôle joué par sa femme dans cette sombre histoire: autant de thèmes abordés en filigrane pour boucler la boucle.
Sauf que Vladimir de Gmeline – on l’aura compris – a plus d’une corde à son arc. Voici donc le père et le fils aux prises avec une bande d’escrocs redoutables dont les menaces se font de plus en plus précises.
Il serait dommage de révéler ici les épisodes suivants, aussi haletants que dans un bon thriller. Disons simplement que jusqu’à l’épilogue on va se régaler, car les faits s’emballent sur un rythme d’enfer.
Philippe, la cinquantaine, séparé de sa première femme avec laquelle il a eu deux enfants : Ivan hockeyeur au Canada et Sacha étudiante aux Etats-Unis, vit maintenant avec Léa une femme plus jeune que lui et avec laquelle il a eu Charlotte, six ans. Philippe se souvient de son adolescence en Allemagne chez un oncle ancien SS. Il se prépare à retourner dans ce pays, tenter de comprendre qui était cet homme et ce qu'il a fait pendant la guerre. Puis, en fin de voyage sa fille le prévient qu'Ivan ne va pas bien. Philippe rentre et repart aussitôt pour le Canada
Ce roman débute sous de bons auspices, même si je l'avoue, le prétexte des souvenirs des vacances adolescentes me semble un peu léger pour entreprendre le voyage en Allemagne. En fait, rien ne va vraiment plus dans la vie de Philippe : ses enfants sont loin, il se reproche son divorce, son couple n'est pas au mieux, ... Bref, cinquante ans, c'est le temps du bilan de mi-mandat pour lui. Sa vie n'est pas un havre de paix, elle est plutôt saccadée. Ses interrogations sonnent juste, Philippe est le représentant de pas mal d'hommes de sa génération se posant des questions sur leur passé, sur les traces qu'ils laisseront et sur la manière de passer le restant le mieux possible. Tout cela est bien, ainsi que l'écriture de Vladimir de Gméline, très dialoguée, moderne, simple et fluide. Ce qui pêche à mon sens c'est que tout ce bon est noyé dans des longueurs, des répétitions et que Philippe passe du coq à l'âne sans vraiment que j'aie bien saisi pourquoi. Quatre-cent-vingt pages qui m'ont paru à la fois très bien et très bavardes parfois.
Pas un enthousiasme débordant de ma part vous le voyez, mais pas vraiment de déception non plus. La fin est étonnante, totalement différente du début du roman, comme si l'auteur voulait montrer plusieurs facettes de son talent et laisser le lecteur sur une belle impression, ce qu'il parvient à faire finalement.
Philippe, ancien journaliste écrit des scénarios. En pleine crise de la cinquantaine il est en quête de vérité, vérité sur le rapport qu’entretenait son oncle allemand avec les nazis, vérité sur son couple qui part à la dérive, sur ses enfants d’une précédente union qu’il n’a pas vu grandir. Il part avec son meilleur ami et le road-trip qu’il effectue vers l’Allemagne lui donne l’occasion de réfléchir et de faire le point sur cette vie.
Le roman est bien construit, les personnages sont bien rendus, l'état psychologique de ce quinquagénaire bien présenté. La plume est fluide. Un beau moment de lecture.
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