Un douloureux passage à l'âge adulte, entre sensibilité et horreur...
La couverture suggère immédiatement la construction du récit de Ginette Kolinka. Une voie ferrée où se croisent une adolescente à la tête rasée et une vieille dame. Leurs mains se touchent et chacune poursuit la direction opposée.
C’est l’histoire de Ginette, adolescente et internée à Birkenau, racontée par la même Ginette, vieille dame de plus de 90 ans, à une classe d’enfants, en visite à Birkenau.
Elle revient sur cette expérience douloureuse, sans apitoiement, sans pathos. Simplement expliquer aux gamins ce qui s’est passé, ce qui ne devra jamais plus se passer. C’est une passeuse de mémoires, et quand elle ne sera plus là, la force de son message devra être relayée par les plus jeunes.
J’ai infiniment aimé la sobriété de Ginette à exposer les faits. Sa sincérité, quand elle explique son silence pour parler des camps. Un sentiment de culpabilité vieux de 76 ans par rapport à son père et à son frère :
« Les nazis auraient de toute façon dirigé mon père et mon frère vers les faux camions de la croix rouge.
Mais le fait qui ce soit moi qui leur ait conseillé…
Cela fait 76 ans que je vis avec ça. »
J’ai beaucoup aimé aussi sa simplicité, sa bonne humeur. La joie de vivre est toujours présente. Jamais de pathos. Sur sa bio, il est indiqué : « je ne veux pas ennuyer les gens. »
Un sujet souvent traité...
Et pourtant, avec le soin qu’ont apporté les scénaristes et graphistes à valoriser l’histoire et la personnalité de Ginette, il prend encore plus de densité.
Une BD qui favorise la passation de mémoire.
Une BD hommage, une BD pour ne pas oublier…
Lu dans le cadre du Jury BD Fnac / France Inter
Merci aux Editions Albin Michel de m’avoir permis de découvrir ce magnifique document.
https://commelaplume.blogspot.com/
Cet album, victime de son succès, actuellement en réimpression, est absolument à lire et à partager avec nos adolescents. Ginette Kolinka , aujourd’hui âgée de 98 ans, est l’une des dernières, voire la dernière survivante de Birkenau et il ne faut pas que cette mémoire disparaisse avec elle.
C’est sur la demande de Steven Spielberg qui voulait la filmer pour sa « Shoah Fondation » qu’après cinquante ans de silence, cette septuagénaire voit rejaillir ses souvenirs enfouis. Depuis elle ne cesse de parcourir la France afin de témoigner auprès des collégiens.
En octobre 2020, à 95 ans, elle permet à Victor Matet et à Jean-David Morvan de l’accompagner lors d’un de ses voyages de groupe en Pologne , à l’issue duquel elle décide de ne plus jamais revenir.
Dans cet album , avec son dernier groupe de collégiens, elle fait le pont entre son premier et son dernier passage dans « le plus grand cimetière du monde » avec ce mélange de force, d’humour et d’espoir que la caractérise. La force qui lui a permis de survivre et l’humour qui lui permet de continuer et l’espoir que ce qui s’est passé à Birkenau et dans d’autres camps ne soit jamais oublié afin que cela ne se reproduise jamais.
Depuis 1940, se succèdent une longue série de lois antisémites. En juin 1942, les juifs doivent se déclarer à la préfecture et porter l’étoile jaune . En 1944, la famille de Ginette a vent d’une dénonciation calomnieuse et passe en zone libre qui trois mois plus tard sera envahie . Le 13 mars 1944, Ginette son père son frère et son neveu sont embarqués. Après un passage aux Baumettes puis quinze jours dans le camps de Drancy, ils font partie du convoi de 1502 hommes, femmes et enfants qui les emporte, dans des conditions épouvantables, vers Birkenau. Dans ce convoi, sont présentes Simone Jacob (future Simone Veil), qu’elle recroisera plus tard, sa mère Yvonne et sa sœur Madeleine.
Nous suivons avec émotion cette vieille dame qui au fil de ses déplacements dans le camp raconte en toute honnêteté et simplicité avec beaucoup de pudeur le quotidien des déportés au travers d’exemples pratiques que les collégiens ne pourront oublier.
La mise en image est faite avec pudeur et puissance. Les planches entremêlent habillement les souvenirs passés et le présent en faisant évoluer au milieu des collégiens des fantômes d’anonymes, formes brumeuses noires (partis en fumée !), ainsi que celui de la jeune Ginette dans le quotidien d’alors qu’elle raconte.
En fin d’ouvrage, un livret de treize pages documentées remet l’histoire de Ginette Kolinka dans le contexte géo politique de l’époque.
Un album que je considère indispensable comme passeur de mémoire. Il est adapté aux ados qui, au collège abordent cette sombre période de notre histoire et apporte un témoignage facile d’accès.
Une femme comme les autres, sauf qu'elle a un numéro tatoué sur le bras. Un tatouage qui lui renvoie des souvenirs qu'elle a longtemps refusé de partager. Mais plus maintenant. Demain, elle part pour la Pologne pour accompagner des élèves à Birkenau... et pouvoir enfin lui dire adieu.
Car,elle l'a décidé, ce sera son dernier voyage là-bas. Un voyage partagé par JD Morvan et Victor Matet qui donne lieu à cet album. C'est d'ailleurs à un double voyage que nous sommes conviés: d'abord dans le présent pour une visite guidée du camp de Birkenau et aussi dans le passé avec les souvenirs de Ginette Kolinka.
Un double voyage évidemment émouvant et puissant, fort bien rendu par les dessins de Cesc et Efa et les couleurs de Roger qui parviennent habilement à associer le présent et le passé. L'astuce narrative et graphique fonctionne très bien et apporte même une dimension supplémentaire au témoignage essentiel de cette femme de 98 ans.
Un témoignage qui contribue, ô combien, au fameux désir de mémoire défendu par JD Morvan. Un désir qu'il faut ardemment partager avec cet album conclu par une chanson et le précieux cahier historique final de Tal Bruttman (historien spécialiste de la Shoah). A mettre entre toutes les mains !
Quel étrange moment quand vous êtes en train de lire un album et que, par le plus grand des hasards, la personne qui figure dans votre bande dessinée se matérialise sur l’écran se trouvant devant vous. Cette personne, c’est Ginette Kolinka, l’album c’est Adieu Birkenau et l’émission c’est Le grand journal (du lundi 25 septembre 2023).
Et d’un seul coup, tout s’arrête autour de vous. Seuls les mots qui sortent de la bouche de l’ancienne déportée de Birkenau comptent à présent. Des mots qui frappent comme quand elle explique, pour elle, ce que c’est que d’être battu. Jusqu’à l’inconscience. Jusqu’à la mort.
Des mots qui interpellent quand cette dame, aujourd’hui âgée de 98 ans, vous dit qu’elle ne se souvient pas s’être lavée pendant son séjour d’une année dans l’antichambre de la mort.
Des mots, qui malgré l’horreur décrite, trouvent le moyen de vous faire sourire et de vous faire rire, parce que Ginette Kolinka a décidé de survivre et de vivre même si elle s’est tue pendant de trop nombreuses années, de peur d’importuner les autres avec son histoire.
L’histoire de Ginette Kolinka, vous pouvez la retrouver dans l’album Adieu Birkenau signé JD Morvan et Victor Matet au scénario, Efa et Cesc au dessin et Roger pour la couleur, publié par Albin Michel. Dans ce récit, le passé croise le présent, puisque Ginette Kolinka a accompagné une classe de collégiens à Oświęcim, dont le nom avait été germanisé en un glacial Auschwitz, qui est dorénavant synonyme d’horreur sur terre.
Birkenau était une partie du camp d’Auschwitz réservée aux Juifs; hommes, femmes et enfants; bébés, adultes ou vieillards; valides ou pas, qui y ont été déportés.
Madame Kolinka précise bien que le camp tel qu’il est actuellement, avec son calme et sa verdure, ne ressemble en rien au Birkenau, grouillant et sale, qu’elle a connu alors qu’elle avait 19 ans et dont elle est revenue pesant 26 kilos, après avoir passé un an dans l’Enfer sur terre.
Au Mémorial de Drancy, se tiendra du 01 octobre au 21 décembre 2023, l’exposition “Ginette Kolinka, itinéraire d’une survivante d'Auschwitz” organisée par le Mémorial de la Shoah.
Lire, regarder et écouter pour ne jamais oublier.
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