Dans ce recueil de 13 nouvelles, la jeune autrice mexicaine frappe fort mais juste
Les quelques premières pages m'ont laissée un peu perplexe tant je ne comprenais pas ce que je lisais. Il était question de citrons de l'usine de volailles, du Coupe-Gorge, de trolls et autres rats d'usine, tout ça fourré dans le panier à salade !? Quelle étrange entrée en matière !
En réalité ce roman nous raconte l'histoire de John Kaltenbrunner, fils de feu Ford Kaltenbrunner, ce père qu'il n'a pas connu et qui lui fait de l'ombre par-delà le trépas.
John s'avère être une sorte de petit génie rustique à huit ans à peine, que certains pensent détraqué - "Une merveille phénoménologique au sens le plus strict". Et en même temps il est une sorte de victime. Il sert d'exutoire à la frustration de tous les minables du coin, et ils sont légion. Ça va des représentants de l'ordre jusqu'aux grenouilles de bénitier en passants par toutes les strates de cette société rurale.
C'est rapidement la "fête" de l'Amérique du créationnisme, quelques piques envoyées au crétinisme ambiant, c'est tout simplement jubilatoire. Des phrases ciselées, une ironie mordante, un pur plaisir !
Cette histoire nous raconte l'Amérique profonde qui a supplanté les autochtones, pour le plus grand malheur de la nature et de tout ce qui vit en général. Implantation de l'homme blanc et des industries mortifères, saccage de la faune et de la flore, alcoolisme et éradication des premières nations. C'est tellement bien résumé qu'on se demande comment c'est possible d'être aussi con ! Car la façon dont l'auteur nous raconte les choses met une chose en évidence : la bêtise humaine est sans limite.
Tristan Egolf semble avoir eu un gros contentieux avec ses semblables, beaucoup de comptes à régler avec l'ignominie dont les humains sont capables. À chaque page il taille un costard à cette Amérique à la noix, à ces hypocrites qui vont à l'office du dimanche et bavent tant et plus sur leur prochain, jusqu'à l'humiliation, jusqu'à l'anéantissement. Car s'il est vrai que notre héros est un vrai malchanceux, cela tient beaucoup à la perfidie dont sont capables nombre de gens. Et pourtant, c'est par moments d'une drôlerie absolue. Quel talent il faut pour rendre drôle quelque chose d'aussi effroyable. C'est sans doute parce que l'humour permet de transcender la douleur. Cette histoire est un feu d'artifice, avec de nombreux moments complètement délirants, totalement hilarants.
Un art consommé de l'insulte, absolument ébouriffant "Il traita Dennis de junkie en phase terminale et de suicidaire avorté. Il traita Curtis de bâtard, Murphy de taulard, Wilbur de célibataire à marier le plus laid de la ville. le reste d'entre nous étaient des pédés à la Niche et une cinquième colonne de youpins inféodés aux Japs." Et ça, ce n'est qu'un échantillon...
J'ai été passionnée de bout en bout par l'histoire de John Kaltenbrunner, ce génie méconnu de ses contemporains, dans son bled paumé où on a l'impression que c'est la raison du plus fou qui prime.
Même dans les moments tragiques, l'auteur m'a arraché des éclats de rire.
C'est un roman totalement fascinant, cruel et tellement drôle à la fois. Ce roman, c'est la douloureuse odyssée flamboyante semée d'embûches de John Kaltenbrunner dans un coin paumé des États-Unis, entre les bigotes, les ivrognes en tout genre, le racisme à tous les niveaux, envers les immigrés ou les différentes classes sociales, et les petits détenteurs d'un tout petit pouvoir quelconque.
Et alors, quelle écriture !!! Tout simplement sublime, précise, parfaite. Jusqu'au point final. Et dire que j'ai rencontré ce roman par hasard, chez Emmaüs. Ce qui m'a attirée !? le titre, le contexte et l'Amérique profonde. Quelle belle rencontre !
John Kaltenbrunner et la haine. Comment un enfant innocent, travailleur, imaginatif devient fou. Et bien, je suis arrivée au bout non sans peine, il faut faire des efforts pour lire les 600pages, mais je voulais savoir la fin. Mais quelle ville !!!! « Baker » Une ville remplit de débiles, de racistes, d’arriérés, de pas finis, d’ harpies méthodistes au chevet des mourants pour les spolier, une horreur !!! Et au milieu de ces détraqués un pauvre gosse qui aurait pu s’en sortir ailleurs et qui devient aussi dingue sinon plus que les autres. Ouf, terminé mais que cela ne vous rebute pas à la fin on se dit mais quel bonheur de vivre ici. Il n’y a que les Américains pour écrire de tels livres, il faut reconnaître un grand talent d’écriture, beaucoup d’imagination ou alors un cerveau très perturbé…
Aux yeux des habitants de Baker, une petite bourgade minière et paumée du Midwest, le jeune John Kaltenbrunner est considéré comme un sous-homme. L’argument justifie la cruauté de cette communauté de bigots à l’esprit étroit pour faire de ce pauvre garçon leur bouc émissaire. John n’est pourtant loin d’être attardé, seulement différent, seulement renfermé et solitaire. Le sort s’acharne sur lui et sur la petite ferme dans laquelle il vit tout seul avec sa mère. A force de déconvenues et d’humiliations, John décide de se venger des habitants et va plonger sa ville natale dans un chaos inimaginable. Un livre qualifié de chef-d’œuvre. Sans doute que la mort prématurée de Tristan Egof qui s’est suicidé en 2005 d’une balle dans la tête parce que son livre ne rencontrait pas le succès attendu, a contribué à fonder la légende de ce roman et de son auteur que l’on classe (malheureusement pour lui à titre posthume) au panthéon des auteurs géniaux et maudits. Une chose est sûre, c’est que ce livre est d’un très haut niveau littéraire et qu’il se lit d’une traite même si le déroulement de ce récit ne nous laisse pas souvent reprendre notre souffle.
Quelques points méritent d’être soulignés en guise d’avertissement avant de se lancer dans la lecture du seigneur des porcheries :
-le souci du détail quelques fois un peu excessif
-des digressions très nombreuses et répétées
-Aucun dialogue direct
L’écriture est dense et riche, c’est un long jet interrompu de phrases illuminées, de métaphores, de paraboles. Je n’ai pas lu beaucoup d’autres romans qui pourraient être comparés à celui-ci. La comparaison avec Céline ne me semble pas justifiée, les deux styles sont très différents. Celle avec John Kennedy Tool, l’auteur de la Conjuration des imbéciles, n’ont plus, si ce n’est par rapport à une similitude de destin car K.T s’est suicidé également. Pour ma part j’ai trouvé des ressemblances avec John Irving pour le souffle épique, en beaucoup plus fébrile. Quoi qu’il en soit, je conseille chaudement ce roman exceptionnel : c’est un brûlot impitoyable contre la bêtise et l’hypocrisie de l’Amérique puritaine !
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