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Passionnante biographie de ce touche-à-tout : on le connait photographe (le célèbre violon d'Ingres), personnellement je l'ai découvert peintre. une belle plongée dans le Paris de l'entre deux guerres, au milieu de personnages qui ont fait avec lui la réputation du quartier de Montparnasse en ce temps.
Le style de Serge Sanchez est un peu trop "biographique" et pas assez romancé à mon goût.
Très beau moment de lecture qui m'a rappelé "L'OEIL DU SILENCE" de Marc Lambron qui évoque Lee Miller, qui fut la compagne de Man Ray, et "Bohèmes" de Dan Franck qui évoque le Paris de 1900 à 1930, en plus romancé à mon goût.
«Il y aurait un ouvrage amusant à écrire sur les accessoires du romancier et la manière de les utiliser ; ils se présentent en vrac dans l'esprit comme les marchandises d'une riche boutique dont il faut faire une vitrine élégante».
Cette phrase de l'écrivain, artiste et esthète bordelais Philippe Jullian, Serge Sanchez, dont on avait apprécié les livres sur Brassaï et François Augiéras, l'a faite sienne et l'a incité à se lancer dans un projet qui nous vaut un des livres les plus réjouissants dans le genre de l'essai littéraire qu'on ait lu depuis longtemps.
Se faisant brocanteur d'immatériel, collationneur d'objets élaborés avec des mots, le critique littéraire s'est offert un voyage sentimental dans le décor. Foin de la psychologie des personnages ou des aléas de leur vie sentimentale, il s'intéresse aux seconds plans, ce que l'on voit sans regarder et qui contribue pourtant à forger en nous les images durables des romans que nous lisons.
De Proust il retient la lampe de chevet «avec son chapeau d'étoffe froncée» qui matérialise la présence maternelle : «un tour de clé : le passé revivait sous le halo de lumière, et il pouvait se mettre au travail.» De Balzac il se souvient de la canne aux singes, de Diderot la robe de chambre, de Molière il traque le fauteuil de malade imaginaire agonisant et son étonnant destin de relique, de Breton il raconte le parcours de la grande statue Uli au sein de son Atelier fabuleux. Il observe les pierres, fussent-elles du Japonais Miyazawa ou plus proches de Roger Caillois, il regarde les bancs si importants pour Flaubert et son duo Bouvard & Pécuchet, il enfile les chaussons et les sandales en leur reconnaissant une importance trop négligée, il va jusqu'aux bas les plus philosophiques, ceux de Kant, et aux chaussettes troublantes chez Nabokov, il franchit les portes qui dissimulent les crimes les plus tragiques se souvenant de son passé de journaliste de faits divers. Il vide les placards, soulève les livres pour en faire tomber des objets, il enquête, arpente, contemple, et c'est un régal de d'esprit, d'érudition faussement légère car il y a toujours quelque gravité à mesurer le poids de ce qui nous entoure. Et chaque chapitre s'achève par un petit carrousel de citations bondissantes. Serge Sanchez a du talent, celui notamment de nous inviter à regarder nos bibliothèques, cet immense magasin d'antiquités qui dissimule nos folies les plus belles, celles que la littérature invente. Serge Sanchez, parce qu'il s'est évidemment beaucoup amusé à imaginer ce livre, nous offre quelques heures de délice, et c'est un présent précieux qu'il nous fait.
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