"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après la fin de la première Guerre mondiale, des équipes ont la difficile tâche de répertorier les dépouilles qui se trouvent sur les champs de bataille. C’est près d’Amiens qu’une jeune Anglaise, Amy, arrive pour retrouver le corps d’Edward, son fiancé porté disparu. Ce jeune homme, musicien, enrôlé alors que comme tant d’autres, la guerre lui répugne.
De cimetière en cimetière, de tombe en tombe, sa difficile quête commence parmi les tranchées, dans la boue.
Amy découvre après coup la violence des combats, la peur, la drogue : pilules de marche forcée et cocaïne pour l’action, opium et laudanum pour voler quelques moments de sommeil. La présence des prostituées aussi, figures pathétiques permettant un peu d’oubli.
Ce n’est pas une guerre de gentlemen, les gentlemen sont restés à l’arrière.
Parmi les équipes qui recherchent les dépouilles des soldats il y a les « coolies », ces Chinois prisonniers victimes du racisme des soldats anglais et particulièrement du colonel Rhodes. Un petit groupe de ces coolies est découvert massacré alors qu’Amy poursuit sa recherche et l’enquête commence.
A l’origine, la vengeance. Une vengeance engendrée par d’autres violences, datant d’une autre guerre, et de terribles événements survenus en Chine.
Cette enquête est finement décrite, sa résolution est inattendue. J’ai été captivée par ce récit écrit dans un style fluide et agréable. Au travers de telles lectures on a la preuve qu’il y a eu deux vies, deux mondes, avant et après la guerre.
L'auteur nous plonge au coeur de la première guerre mondiale, l'atmosphère est sombre et immersive, l'horreur de la guerre, une héroïne attachante.
La plume est dense, intense et prenante, un travaille documenté, un effet visuelle redoutable et percutant.
Action, Twist plot, Suspense et Tension.
Une trame historique, un polar, l'amour, la guerre, une touche de romanesque. Un livre que je conseille.
"La brume s'épaississait, il commençait à faire sombre. Très vite, la visibilité se réduisit à une centaine de mètres. Amy sentit la peau de sa nuque se tendre. Dans sa tête résonnaient les bruits de la bataille le crépitement des mitraillettes, le sifflement et l'explosion des obus, les suppliques des hommes à l'agonie."
Sur les champs de bataille de la Somme, juste après la fin de la Première Guerre mondiale, une jeune anglaise enquête sur la disparition de son fiancé. Dans cette morgue à ciel ouvert, Amy est prête à braver toutes les horreurs, les barbelés, les rats, l'eau putride et les odeurs pour connaitre la vérité et offrir une sépulture à Edward. Mais ses recherches vont prendre une autre tournure quand elle découvre un meurtre de masse dans une tranchée.
La toile de fond historique du roman m'a beaucoup intéressée.
L'auteur nous amène sur les champs de bataille après la bataille et on se rend compte à quel point le paysage est marqué, à quel point, bien que le conflit soit terminé, les civils peinent à se nourrir et à reconstruire la vie d'avant. Tout n'est que désolation. Villages détruits, terres inexploitables, et la mort qui rôde encore partout.
On en apprend surtout plus sur le travail d'identification qui a été fait juste après la guerre pour tenter de donner un nom aux dépouilles des soldats qui gisaient sous terre. Un travail de fourmis fait par des soldats qui après avoir vécu l'enfer du front vont vivre l'enfer des charniers. Dans le roman de Gray, nous suivons l'armée britannique et j'ai découvert les « coolies », ces chinois qui ont combattu aux côtés des alliés et qui ont participé au travail de recherche après-guerre.
Ceci étant dit, il ne faudrait pas oublier que l'on est avant tout dans un thriller avec une intrigue assez maline. Je n'ai d'ailleurs absolument pas trouvé la clef avant qu'elle ne soit révélée. Pourtant j'ai deux bémols à apporter à cette lecture. D'abord, ça lambine un peu. A mon goût, l'histoire aurait gagné en rythme avec un récit plus resserré. Ensuite et surtout, le final m'a paru totalement inutile. L'auteur rajoute un twist sur les deux dernières pages qui semble arriver de nulle part et n'apporte en soi rien de plus.
Même si (pour moi) tout n'est pas parfait, ce premier roman de Philip Gray ne manque pas de qualités et je suis curieuse de voir ce que l'auteur va produire par la suite.
1919, la Grande Guerre n’est terminée que depuis quelques mois, les combats ont cessés, et maintenant il faut s’occuper des morts. Loin d’être démobilisés, des soldats britanniques exhument les cadavres enterrés à la va-vite, déterrent les corps ensevelis dans les tranchées, cherchent à identifier les soldats pour les inhumer dans des cimetières dédiés : une sale boulot qui doit bien être fait. Amy, une jeune britannique, a fait le voyage pour retrouver son fiancé porté disparu, elle arpente la Somme, questionne sans cesse pour retrouver la trace d’Edward Haslam. Un massacre est découvert dans un souterrain, des soldats chinois se battant pour le compte de la Couronne y ont été suppliciés. Mais comme le souterrain était britannique au moment du massacre, impossible d’imputer cette exaction aux soldats allemands. Ce qui s’est déroulé là n’a rien à voir avec la Guerre, et quel rôle à bien pu tenir Edward dans cette horreur ?
Le romancier britannique Philip Gray nous propose une gros roman, à mi-chemin entre le roman historique et le roman noir. Après un prologue un peu mystérieux (qui ne trouvera son explication qu’à 20 pages de la fin), il campe son intrigue dans les mois qui suivent immédiatement l’armistice. Il y a deux personnages principaux, Amy et Mackenzie. La première cherche son fiancée, elle s’accroche à l’espoir fou qu’il puisse être encore vivant et caché quelque part, ce qui s’annonce de plus en plus improbable au fil des chapitres. On découvre, au travers de flash back, qu’elle était amoureuse d’un gentil garçon, musicien, doux et pacifiste. Quant à elle, elle découvre au fil, de ses investigations ce que la Guerre (et l’Opium) ont produit sur la psyché de son fiancé, mais elle s’accroche néanmoins à l’espoir tenu, et pour cela elle fait preuve de courage et de persévérance qui forcent l’admiration. Mackenzie, celui qui a découvert le massacre, cherche à comprendre ce qui s’est déroulé. Le roman m’a appris des choses que j’ignorais sur la Grande Guerre, comme quoi on en apprend décidément toujours en lisant de la fiction. J’ignorais que pendant la Guerre, et aussi après, des supplétifs chinois étaient venu apporter main forte aux britanniques, des supplétifs souvent peu recommandables. L’intrigue est assez complexe, il faut quand même un peu s’accrocher car le roman est long, il est parsemé de flash back mais aussi de quelques digressions et on finit par comprendre que le nœud du roman s’articule autour d’un gradé britannique à la personnalité aussi charismatique que complexe. Il y a, je l’ai dis, à 20 pages de la fin un rebondissement (que l’on devine quand même un petit peu au fil des chapitres) qui met le lecteur sur la piste du dénouement. Et puis, a deux lignes de la fin, alors qu’il ne reste presque rien à lire, le rebondissement final qui remet en perspective tout le roman, quel sens du récit de la part de Philip Gray ! Le roman, dont le ton humaniste est indéniable, traite de questions très modernes et jette un voile sombre sur les vainqueurs de la Grande Guerre. Le livre de Philip Gray est évidemment sans angélisme vis-à-vis de la guerre, de l’âpreté des combats, de la cruauté qui sommeille en chacun et qui ne demande qu’à se réveiller à la faveur d’un ennemi déclaré (le doux et délicat Edward en est la preuve douloureuse), mais son propos central n’est pas là, car dans le massacre du souterrain nommé Two Storm Wood, la Guerre n’est qu’une toile de fond. La description de la France ravagée de 1919 est assez saisissante et mérite elle aussi qu’on s’y attarde car le roman se situe sur la ligne de front et chaque centimètre carré, chaque mur porte les stigmates des combats, tout cela est décrit avec beaucoup de détails et le tableau d’ensemble du Nord de la France est édifiant. Le roman de Philip Gray, documenté, instructif et profondément moderne et humaniste mérite amplement le détour.
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