"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dorine, veuve et remariée a trois filles.
Pendant la guerre elle s'éprend d'un prêtre et de cette passion naîtra Paul.
Trente ans après, Paul se lance à la recherche de ce père inconnu.
Il fouille, questionne, et tant bien que mal tentera de recréer les faits et d'enfin pouvoir mettre une histoire sur ce père absent.
C'est une belle histoire de quête du père, touchante.
Sur fond de Bretagne, de Finistère précisément, de la guerre à nos jours, l'histoire d'une passion douloureuse qui laissera des traces.
C'est écrit avec simplicité et une grande sincérité.
On sent que l'auteur y a mis beaucoup de lui.
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2017/07/04/35447649.html
Paul n’a jamais connu son père. Pendant longtemps, on lui cache la vérité mais celle-ci éclate dans les années 70.
En 1940, en Bretagne, sa mère Dorine se retrouve seule : son mari François est mobilisé. Elle élève ses deux filles dans une forme de monotonie. Les circonstances font qu’on lui propose d’héberger un capitaine et résistant : Ludovic Chambrin. Parce qu’elle est seule, parce qu’elle n’a jamais eu beaucoup d’attaches avec son mari et parce que Ludovic lui plaît, elle finit par avoir une relation avec lui. Mais Ludovic n’est pas qu’un soldat, il est aussi prêtre dans une paroisse proche. Leur amour est interdit et s’ébruite dans le village. À son retour, François découvre rapidement l’infidélité de sa femme et sa grossesse…
Pour ce tout premier roman, Patrick Denys nous livre un très beau récit autobiographique sous forme chorale. Nous avons tour à tour les sentiments de Paul, Ludovic, Dorine (et même de la bonne Jeanne) afin de mieux saisir cette histoire d’amour interdit, les tenants et aboutissants. Le ton est juste, tout en douceur, pudeur mais volonté de vérité surtout quand Paul s’adresse à son père :
« Ce voussoiement me convient mieux, je ne vous ai jamais imaginé ailleurs que dans les cieux, autant dire nulle part, et j’ai attendu longtemps la délivrance de ce mal. À dire vrai, rien de très douloureux, cette plaie ne fait pas souffrir, tout juste une anomalie, une malformation, comme ces infirmités passives que l’on subit sans trop y penser. Depuis toujours je vis la disgrâce de votre absence ».
Il n’y a ainsi aucune amertume mais le désir pour l’auteur de raconter l’histoire, de la faire sienne à travers ce personnage de Paul Bernard. L’Église est un personnage à lui tout seul : en perte de vitesse dans cette Bretagne pourtant très catholique et pleine de principes, elle fait tout pour étouffer l’affaire. La question du célibat des prêtres est ainsi évoquée en filigrane. L’auteur connaît d’autant bien l’Église qu’il a été lui-même séminariste. Cependant il ne juge pas et comprend – tout en étant critique – le déchirement de ses parents et leurs choix (ou plutôt absence de choix).
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2017/05/pere-inconnu-de-patrick-denys_29.html
Premier roman de Patrick Denys ce récit autobiographique raconte l'histoire de Paul qui n'a jamais su qui était son père. Paul découvre dans les années 1970 ce qui lui avait toujours été caché. En 1940, sa mère Dorine a eu un coup de foudre pour Ludovic, un curé d'une paroisse bretonne. Il est le fruit de ces amours interdites.
Dorine était une jeune femme très indépendante. Après deux mariages sans amour, alors que François son deuxième mari est mobilisé, elle trouve l'amour auprès de Ludovic, un capitaine qu'elle héberge. Mais Ludovic est en fait un capitaine de réserve, dans la vie civile il est prêtre recteur d'une paroisse bretonne, c'est également un combattant de l'ombre dans la résistance.
Ludovic dont la "vocation" est une affaire de famille puisque son oncle et son frère sont également dans les ordres va transgresser l'interdit. Lorsque François rentre de la guerre il retrouve Dorine enceinte, le scandale éclate alors, la fille ainée de Dorine est même renvoyée du collège à cause de la faute de sa mère.
Des membres de l'évêché interviennent et envoient Ludovic en retraite dans un monastère, où il sera assailli de culpabilité et de doute, tiraillé entre ses engagements et le sentiment de passer à côté de sa vie. "Comment reconstruire après l'effondrement de quarante ans de certitudes?"
Dorine sera séparée de la fille qu'elle a eue avec François et envoyée dans un appartement à Bénodet avec ses deux filles aînées.
Paul naît en 1941, déclaré sous un nom d'emprunt Paul Bernard "Vous ne m'avez pas donné votre nom; vous ne m'avez rien donné. Il a fallu en inventer un, à la sauvette, pour l'état civil", pendant un temps Dorine a le projet de confier le bébé à une famille, Paul en gardera toute sa vie une angoisse de l'abandon. Paul sera toujours "une présence jamais énoncée, jamais fêtée, pas même reconnue" .
Paul dit ne pas avoir souffert de ne pas avoir su qui était son père mais plutôt d'avoir vécu cette absence comme une honte, il est conscient d'avoir trouvé refuge dans le déni.
Dans certains chapitres différents protagonistes nous livrent la version de cette histoire et dans d'autres Paul s'adresse à son père et imagine ce qu'a pu être l'histoire d'amour de ses parents. Il part sur ses traces avec le besoin d'éprouver de la fierté pour lui, de savoir s'il a vraiment aimé sa mère. J'ai été émue par cette quête du père, par son absence de jugement sur ses parents, par le destin tragique de Dorine, de ses filles et de Ludovic, le tout sur fond d'une Bretagne soumise aux autorités ecclésiastiques et travaillée par la Résistance et les mouvements autonomistes.
Une belle réussite portée par une écriture élégante.
Les premiers romans, j’aime beaucoup, beaucoup ! C’est donc avec un grand bonheur que j’ai découvert ce Père inconnu, signé Patrick Denys et paru aux Editions Grasset , que je remercie vivement.
Paul est né « de parents inconnus » , en 1941, dans une Bretagne où Résistance et mouvements autonomistes se côtoient, faisant face à l’horreur de la guerre.
Il est en réalité le fruit d’une histoire passionnée entre Dorine, femme mariée à François , parti combattre (et pour qui elle n’éprouve pas d’amour)et Ludovic, capitaine de réserve et….prêtre !
Paul grandira sans connaître son père, sans vouloir le connaitre, ne sachant pas ce qu’est un papa..
« Comment un arbre pourrait-il s’épanouir, si les racines ont été coupées, qui le raccordaient au sol ? »
Le roman se compose de plusieurs parties, dans lesquelles les personnages principaux vont révéler leur vision de l’histoire , mais aussi et surtout leurs failles, leurs fragilités, leurs forces aussi.
Et puis, il y a les fragments de cette lettre bouleversante , qui s’étale sur une dizaine d’années, que Paul adresse à son père inconnu, à cet homme dont il cherchera la trace, dont il tentera de se rapprocher, tout en le fuyant, et sur les pas duquel il marchera finalement pour tenter de le rejoindre sur le chemin qui le mènera au pardon.
« Sachez qu’au terme de toutes ces années, j’ai trouvé la fierté qui me manquait de vous ».
Autant vous le dire, ce roman est un gros, gros coup de cœur pour moi.
L’écriture de Patrick Denys est subtile, l’émotion vous saisit à fleur de mots, et il est impossible, je vous l’assure, de ne pas entendre les soupirs du cœur, les regrets de ce couple improbable, les larmes retenues de Paul, les obus qui n’ont pas fait que fracasser les côtes bretonnes, mais qui ont détruit des âmes.
C’est une peinture sans concession de l’autorité ecclésiastique, véritable machine à broyer, n’hésitant pas à pratiquer la politique de la terre brûlée pour quiconque sortira des rangs qu’elle a ordonnés (à tous les sens du terme).
Peinture également, au couteau, d’une société « bien-pensante » , attachée par dessus tout aux apparences, au qu’en-dira-t ’on. Pour ne pas afficher une situation dite « honteuse », cette même société écartèle, écrase, détruit, sans aucun remords.
C’est un magnifique appel à la tolérance, à l’Amour, à la résilience, qui fait du bien « dans ce monde qui flambe de toutes parts »
Voici un premier roman fort réussi, qui a fait mouche dans mon cœur, et qui m’a profondément bouleversée, tant dans sa forme que sur son fond.
Alors que dire d’autre, sinon que j’espère vivement que Patrick Denys nous réjouira encore de sa plume !
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