"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un texte dur, poignant, dévastateur, un récit violent marquant malgré toute cette expérience intime, un cri, une grenade explose! Un témoignage de cette violence du dégout de soi, des autres, des hommes, une destruction de son être. Il est question de viol, de soumission, d'abus sexuel. l'autrice écrit qu'elle déteste les hommes... on est juste là en tant que lecteur à voir ce dégoût, cet abus, c'est un livre bouleversant, une révolte pour revivre et exister!
"Pour qu'on arrête de nous couper la parole"
des bouts de peau dégoulinent sur l’absence et la mort débute un cycle ou est-ce avant au moment de la première bouche qui touche un sexe alors qu’ elle ne doit pas l ager et le corps se donne pour attendrir l’amour se remplir condamner la rage qui grimpe dans l’œsophage
le chaos dans les os dès l’enfance en petit coin de boue
l’apnée écrasée dans les doigts gémit gémit gémit
la petite fille vrille devenue oiseau déglinguée par quel pore quel monde a vif et le sang et la douleur et l’imaginaire ne sait plus par quel endroit pour sourdre le trop plein mordre d’aimer pas assez trop et le rejet de rebondir sur les dents
trop trop trop de claquements de fissures attrape au creux des phalanges et serre sers serre
disparaître la carcasse dans les arbres mouillés le temps des visites cracher dans les poumons le souffle fermé disparaitre pour s’empêcher de mourir
https://animallecteur.wordpress.com/2023/06/29/y-avait-il-des-limites-si-oui-je-les-ai-franchies-mais-cetait-par-amour-ok-michelle-lapierre-dallaire/
Malgré ces jolies couleurs, cette couverture peut donner un indice sur la teneur de se roman grâce au dessin d’une grenade dégoulinante dans une main. Si ce roman donne un avertissement celui- ci n’est pas à prendre à la légère. Il traite de sujets chocs et sensibles, les propos sont crus et violents et le récit est révoltant. Michelle Lapaire-Dallaire y parle de troubles de santé mentale, de suicide (celui de sa mère et sa propre tentative), d’agressions sexuelles, de pédophilie, d’inceste, de violence, de troubles alimentaires, d’alcool et de drogue. Cette lecture est donc intense, violente, déchirante mais aussi et surtout contre toute attente, poétique.
A travers ce récit fragmenté qui reflète les troubles de la personnalité de l’auteure, Michelle Lapaire-Dallaire raconte l’histoire de la construction d’un corps. Celui d’une enfant de cinq ans qu’on contraint, celui d’une adolescente qu’on flatte et qu’on désire, celui d’une adulte qui dégoûte et qui cherche sa place.
Marguerite Duras écrivait « Ecrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. » et ici cette phrase prend tout son sens. Y avait-il des limites si oui je les ai franchies mais c’était par amour ok, est un livre coup de poing, un cri du coeur d’une femme au corps et au coeur blessé, une voix qui mérite d’être entendue et écoutée notamment par « tous les hommes cisgenres qui essaient de nous faire taire, à ceux qui nous croient qu’à moitié, à ceux qui se disent féministes et alliés mais qui utilisent leurs privilèges pour nous rabaisser, à tous ceux qui se sont permis d’entrer sans permission et qui nous demandent de tendre l’autre joue : You can all go fuck yourselves. »
« Tout a commencé quand ma mère est morte ».
Comment résister aux graines de la grenade si juteuse qui éclate dans nos mains ? Cette parabole sur la couverture qui annonce une valeur sûre.
Certes c’est un choc littéraire, mais il régénère nos regards et nos interpellations. C’est un pas de côté éditorial courageux, vertigineux, nécessaire et convaincu.
Sans fioritures, implacable, dévoué aux dires, ce livre comble le vide et ose. Ce témoignage devrait se trouver en urgence dans tous les CDI, les lieux où gravite la jeunesse.
Michelle Lapierre-Dallaire, c’est elle, le plein de ce livre.
L’écriture est une noria d’oiseaux noirs en plein vol. Délivrances sans pathos, les cheveux devant les yeux et le corps qui se retourne à contre sens. Ici, tout est vrai.
« je prends cette photo avec l’énergie du désespoir, celle qui vient quand la douceur est suffocante, quand on donnerait tout, même trop, pour garder la beauté qu’on a une fois touchée… J’entre dans la chambre comme une bourrasque… Des petites fleurs brillantes reprenaient leurs droits sur mes champs de mine ».
Marie Lapierre-Dallaire est une jeune femme dont l’enfance fût un chaos. Inceste, mère as de cœur ou de pique, un beau-père qui confond une petite fille de 5 ans avec une femme majeure. L’horreur au garde-à-vous prête à mordre de nouveau comme un chien méchant. Les crocs sont des caresses cauchemardesques et plus encore. Michelle Lapierre-Dallaire s’affronte. Provoque les défis, cherche le paroxysme de la jouissance. Sans tabous, avec cette admirable liberté. Elle aime, exclusive, entière, malheureuse comme la pierre.
« On cherche du monde pour nous abandonner, parce que c’est tout ce qu’on connaît, être abandonné. C’est le seul sentiment réconfortant dans lequel on sait agir: se battre pour être voulu et gardé ».
Le corps, cartographie lacérée au scalpel. S’abandonner dans les ressacs, quand bien même les cruautés. Elle est en advenir. L’architecture torturée, elle qui aimait sa mère au-delà de tout entendement. La fusion, lave de volcan.
« Mon corps, c’est mon seul barrage contre moi-même. Même s’il est peu fiable, c’est le seul. C’est pour ça que j’offre toujours à tout le monde de baiser… Ma mère faisait plus d’erreurs que le monde pouvait en supporter… Ma mère n’est pas devenue folle du jour au lendemain ».
Passation, comment cette jeune femme peut-elle renaître virginale et cardinale ? L’identité massacrée, les violences assignées dans le huis-clos des antres, où la masculinité est déviante . Elle est pourtant lumineuse, intègre, loyale et libre si libre. En pleine conscience malgré les plein phares qui éblouissent. La narratrice conte sa mère, cherche l’écueil où logeait la proie, les intestines malfaçons, un mal gémellaire au sien.
« j’ai cherché une explication à son manque de ressources. J’ai voulu trouver un coupable, l’homme qui l’aurait détraquée à l’adolescence, qui aurait sali de barbouillages noirs son cœur d’enfant ».
Elle écrit pour elle et nous, entre tout ce qui fait éclater son âme en mille morceaux, la drogue, les soumissions, les viols et les emprises, et sa foi en l’amour.
« Quelqu’un avait fucké ma mère et ma mère m’avait fuckée… Sauf que ma mère conservait une espèce de grâce dans sa déchéance. C’est là où elle me battait. »
Retenir de ce livre, cette liberté de parole. L’exécution au cordeau de cette vie chaotique, rebelle. Femme recroquevillée comme un fœtus. Le sang coule. Les rémanences étincellent. Elles font tomber des étoiles sur la trame.
« Cinq ans- Ma boîte à lunch des « 101 Dalmatiens » est ouverte devant moi et je ne suis pas capable de retenir mes larmes… mais c’est plus fort que moi, mes larmes coulent, dégouttent sur les petits dalmatiens ».
Elle qui regarde une photo, une petite fille blonde, « entre les sourcils froncés, une première ride. La plus vieille ride du monde. »
Offrir à l’homme, les révoltes, l’absolu d’un acte éreintant, rebelle et cruel. Il m’a dit « t’es belle » et j’ai entendu « t’es morte » ».
Ce texte politique (car oui), humain, profondément humain, intime et confiant en notre écoute, est un murmure, un bruit sourd. Un livre intègre, un plaidoyer à déposer au fronton des cœurs. Il faut être attentif au passage des exutoires des souffrances de cette enfant, femme, mère et mère. Couper le cordon ombilical, les tragédies traversées, draps froissés et griffures sur le dos. La liberté de vivre en pleine conscience, même si.
Ce serait comme une larme sociétale, engagée et féministe. Un hymne à la mère. Un livre socle, « en contemplant notre chef-d’œuvre de destruction, on verra bien qui l’a, le Soleil ».
Offrez-le aux jeunes gens grandissants entre les murs des écoles. Il est encore temps.
Une œuvre magistrale, la littérature éminente car oui, « Y avait-il des limites si oui je les ai franchies mais c’était par amour ok». Prenez chacune des lettres entre vos mains et vous comprendrez. Un
manifeste, qui ne laisse pas indemne et c’est bien ainsi. L’acuité vaillante qui résonne encore
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