"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quand on lit le l'ouvrage de Marin Fouqué, on est à la fois bercé par les mots mais aussi le rythme.
Plus qu'une poésie, cet ouvrage est une chanson, un SLAM déclamé.
J'avais hâte de le lire, je ne suis pas déçue. J'admire le parti pris de montrer à travers la Garde à vue, que quiconque subit là une expérience marquante, qu'on soit du côté des forces de l'ordre, qu'on soit un habitué des lieux ou qu'on est l'impression d'y avoir échoué par pur hasard.
Le société et ses standards individualistes conduisent à la crispation, à l'ombre. Nul doute que la difficulté existe depuis longtemps. Mais la lutte incessante et les zones de non droit de par et d'autre ne font qu'augmenter le creux devenu gouffre entre population et service public de sécurité. Car normalement, le sujet est là assurer la sécurité.
Quand un système va mal, c'est la répression qui l'emporte mais quand cette répression ne fait plus peur, qu'est-ce qui reste ? Une abysse d'ignorance qui ne fait que grandir.
Étrange texte. Un texte qui se lit, s'écoute et qui donne envie de le lire à haute voix. Des mots qui claquent, qui nous entraînent, nous stoppent. Un texte qui prend de la vitesse par les maux-mots mais qui aussi s'arrête. Nous sommes dans cet abribus en béton, au milieu des champs, de couleur marron, dans le silence du 77, 77 le département. Silence du 77 mais pas tout à fait du silence, au loin le roulement de la Nationale, le bruit du tracteur du Père Mandrin, le bruit des pylônes de haute tension et surtout les souvenirs, les pensées du narrateur : ce matin, il ne prends pas le bus et reste seul sur le banc de béton, sous sa capuche : il va alors nous raconter le bourg, ses habitants, que ce soit le père Mandrin, sur son tracteur dans les sillons de la terre, la Vieille qui hante et se perd dans la rue principale mais il y a a toujours quelqu'un pour la ramener à la maison, où son époux l'attend attablé" face à la télévision, Daudet, le jeune fou du village, la Parisienne, dans sa veille modernisée maison, qui sent le neuf et qui lui a donné une belle leçon de vie et surtout ses trois camarades d'enfance, Enzo devenu le Traître, la fille Novembre, Katarina, le grand Kevin qui va lui donner des leçons pour qu'il devienne un vrai Homme.. Leurs jeux, leur souffrance, leur espoir.. Des phrases qui pulsent, qui claquent puis des images, des scènes qui nous apparaissent pour décrire cette enfance, adolescence et le territoire, à la marge, entre la ville, Melun puis la survivance précaire de champs, avant que les vers envahissent ou le béton, les parkings, les parisiens. Une sacrée écriture pour parler de lieux, de paysages et de gens rarement racontés dans les romans actuels : des pages hallucinantes. Un narrateur sans nom qui nous questionne sur nos vies, nos points de vue. Un premier roman percutant, avec des images qui restent en tête après avoir fermé ce livre. Un livre dont on a envie d'entendre les mots.
Lecture malaisée. Écriture fragmentée. Comme si on enfonçait du rap dans la gueule de la littérature. Billie Eilish en prose. Phrases courtes. Heurtées, cabossées. Parfois, ça déroute. Souvent, ça s’encroûte. Sans vers et contre toute… logique stylistique. Une prose libérée. Rarement créative. Enragée pour rien. Le flow n’est pas fluide. Ça patine. Sortie de route. Et puis, au carrefour de trois phrases emmêlées, succession de virgules, abus d’anaphores, répétitions gratuites, sans poses, par à-coups, comme une conduite de taxi chinois, la tête qui tourne, je perds le fil, envie de vomir, laissez-moi sortir de ce bouquin. Quand on abîme la forme, on touche le fond. Ce livre m’a fait penser à ce poisson qu’on m’obligeait à bouffer quand j’étais gosse. À chaque bouchée, je me dis que ça va être bon mais rien à faire, je trouve toujours des arêtes. Je n’ai pas parlé de l’intrigue. Quelle intrigue ? Des adolescents, sous un abribus près de Melun, s’emmerdent à mourir. Et le lecteur avec. Pour tuer le temps, ils parient sur la couleur des bagnoles qui passent à toute allure, sans jamais les calculer. Des jeunes désœuvrés, frappés par le père, oubliés par la mère, rejetés par le système. Une impression de déjà-vu. Marin Fouqué, tu peux te le garder ton 77. Ni curiosité, ni compassion. Moue dégoûtée. Des champs boueux avec des petits merdeux au milieu (rimes en… euh). Pas senti la révolte, ni la poésie. Juste l’ennui. Des bandes qui s’affrontent ? Ni Guerre des boutons ni West Side Story. Des branleurs qui ne voient plus l’horizon. Sans façon. Je m’en fous si je passe pour une classique, moi je te chro-nique, et je sauverai plein de gens. De la dépense et du néant.
Bilan :
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