"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« L’âme du violon » de Marie Charvet est un joli premier roman sur les arts ; de la musique, à la peinture en passant par la lutherie, ce roman raconte quatre destins d’hommes et de femme à travers le temps et à travers le monde.
Ces quatre destins ont un point commun : un violon et son âme, unique.
L'instrument de musique en tant que sujet central d'un roman, revient de façon récurrente et le violon est souvent l'instrument de prédilection – vous me direz qu'un piano c'est un poil moins facile à transporter! Je pense ici à L'empreinte de l'Ange de Nancy Huston ou à Confiteor de Jaume Cabré, deux romans que j'ai particulièrement aimés. Il faut croire que le violon est un instrument qui se prête facilement à greffer cette note romantique, dramatique à la fiction qui l'emploie, par l'objet en lui-même et sa musique. Marie Charvet a choisi de traiter l'objet, qui devient le fil conducteur entre les quatre personnages qui se partagent le récit, comme ils se partagent la vie du précieux instrument.
Quatre histoires, quatre personnages qui se dessinent peu à peu dans l'histoire de ce violon. D'abord le luthier qui a pensé, conçu, poli, vernis, accordé l'instrument à cordes de ses mains, Giuseppe di Luca un artisan talentueux et pointilleux mais méconnu de l'école de Brescia du XVIIe siècle, qui a le gout de l'ouvrage parfait. Puis Lazlo un tzigane des années trente, un peu à l'écart de ce monde, et la musique qu'il joue avec ce fameux violon hérité de son oncle, devient sa seule raison de vivre. Lucie qui a la charge de faire estimer et vendre le violon de sa grand-mère afin de financer son art. Enfin, Charles qui se met à la recherche des fameux violons signés par le maître et qui convoite bientôt le violon. C'est un instrument qui ne cesse de passer de mains en mains, un héritage précieux, qui se nourrit du talent manuel ou musical de chacun de ses propriétaires, mais qui permet à chacun d'eux d'accéder à un accomplissement existentiel. le travail de lutherie est, on s'en doute, d'une perplexité sans fond, d'une maitrise absolue et d'une connaissance exceptionnelle de la matière, d'assemblage, une volonté implacable de perfectionnisme afin de créer la meilleure sonorité qui soit. Ce violon-là est ainsi le fruit d'une vie de labeur, de travail, d'erreur, de perfectionnement, qui le rend unique.
Ce violon a ainsi plus d'intérêt que tous les personnages qui le manient, c'est une sorte de témoin qu'ils se transmettent, qui passe de main en main, une fois qu'il a accompli sa tâche, qu'il a apporté sa magie à la vie de ses possesseurs, que lui a inculqué son créateur en le façonnant avec tant de soin. le luthier a créé là un instrument dont la vie lui a échappé des mains, une oeuvre d'art par la perfection du son qu'émet le frottement de ses cordes et de la capacité à ouvrir la voie de la réussite à ceux qui ont la chance d'entrer en sa possession. Violon de maitre, ce texte est une ode à l'art, musique ou pictural, au savoir-faire inestimable de ces artisans de la perfection qu'abritaient les ateliers de ces maîtres. Les mains du luthier ont réussi à créer une âme à l'instrument, qui s'est ensuite attaché intimement à ses différents maîtres, l'un et l'autre ne faisant plus qu'un au service de la musique. La façon dont Marie Charvet a sanctifié cet instrument, en a presque fait une entité vivante à part entière vibrant en unisson avec son musicien, lui permettant de donner corps à son talent, et vie à son épanouissement, c'est cette perspective de ce roman que j'ai aimée.
J'ai trouvé les quatre parties de valeur inégales mais si ensemble, elles se complètent toutefois bien, L'artisan qui conçoit, le jeune homme qui réussit à trouver sa place dans le monde grâce au violon, la jeune femme qui réussit à exploiter ses talents grâce à sa vente, enfin l'artiste qui trouve l'instrument qui lui convient au son unique et parfait, la boucle est bouclée. Les différents épisodes de vie sont assez bien ficelés, ils sont développés en parallèle de sorte que l'on connaisse seulement les quatre dénouements en toute fin du roman. Ce découpage et cette mise en parallèle est assez efficace, car ils permettent à l'auteure de créer un suspens qui nous tenir en haleine jusqu'aux issues. Peut-être un peu trop, l'auteure nous laisse un peu sur notre faim car j'aurais aimé en savoir plus sur les trois premières histoires, la dernière me semblant conclure heureusement le parcours du violon. Il aurait été bienvenu de développer davantage les trois premières histoires, qui se concluent un peu trop brusquement: même si le violon est le héros de ces vies qui ne se croisent qu'à travers lui, ses propriétaires possèdent une vie propre en se séparant de l'objet dont j'aurais aimé connaître un peu plus de détails, qu'elle aille plus en profondeur.
C'est un roman qui se lit facilement, qui nous fait traverser trois époques distinctes, quatre univers différents, les luthiers, les tziganes, celui d'une jeune étudiante et le pdg ultra occupé et surtout des artistes, des prodiges, des passionnés de la musique de l'instrument mais pas : de son élaboration minutieuse, des obsédés du son parfait, de la vibration parfaite, de l'artiste-peintre en devenir. C'est aussi cette diversité des tableaux, autour du violon, qui constitue l'harmonie de ce roman dont on ne peut déplorer aucune fausse-note véritable. C'est un doux et délicat récit qui se laisse goûter, ma foi, avec délectation.
Un premier roman bouleversant, très réussi.
Une thématique fascinante, des personnages vivants, attachants. Quatre protagonistes d’époques et de lieux différents avec un point commun : le violon. Quatre destins liés dans cette fresque historique qui se déroule de 1630 à nos jours et qui nous fait voyager de la Lombardie à New-York, en passant par la Camargue et Paris.
Un récit fort, touchant, d’une douceur enivrante que je recommande vivement ! Découvrez l’âme de ce roman sans hésiter !
Je conclurai avec une citation qui m’a particulièrement touchée sur la découverte de la musique : « Un langage inconnu résonne en lui. Il entend des phrases sans mots, réelles pourtant, qui font naître en lui des images ; un ruisseau, une cascade, une plaine, des cavaliers avançant en ordre ... Les scènes apparaissent, se déforment et s'enchaînent. Les couleurs fraîches, puis chaudes et sombres, baignent les paysages de lumières changeantes. Et le frisson poursuit sa course. »
#LâmeDuViolon #NetGalleyFrance
Je remercie NetGalley et les Editions Grasset pour cette belle découverte !
Ce roman est superbe !!
Réunis autour d'1 instrument, on suit le parcours de 4 personnes à des époques différentes..
Giuseppe en Italie au 19e siècle exerce la noble profession de luthier, Llazo dans les années 30 est un gitan violoniste, Lucie est une artiste peintre qui hérite d'un violon et Charles, directeur financier qui se prend de passion pour les violons..
On suit tour à tour ces 4 personnages autour d'un meme violon..
J'ai vraiment adoré ce roman tout en douceur, poétiquement musical. L'écriture est magnifique, révèle les événements et sentiments de la plus belle façon qu'il soit comme une arpège de notes piano piano...
Laissez vous emporter par cette vague de douceur enveloppante...
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