"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce premier roman est la chronique d’un passage de l’adolescence à l’âge adulte et d’un amour qui n’y survivra pas.
Raphaëlle et Antoine se rencontrent sur les bancs de la fac, ils s’aiment, se séparent, se retrouvent.
La véritable rupture surviendra lors de l’entrée dans le monde du travail. Pour Raphaëlle tout est facile et elle décroche un CDI rapidement. Pour Antoine qui vient d’une banlieue et d’un milieu moins favorisé, les choses sont plus difficiles et il s’installe dans le chômage. Raphaëlle travaille, sort avec des collègues et la rupture semble inévitable, elle se fera doucement sans cris, sans heurts, comme une évidence.
J’ai aimé l’écriture aigre douce de ce roman qui décrit une certaine jeunesse actuelle.
ola Nicolle est éditrice. Elle est l’auteure d’un recueil de poésie et a participé à un ouvrage collectif. Après la fête est son premier roman.
Raphaëlle et Antoine se sont connus à l’université et aiment se retrouver. Le temps est aux discussions intenses et à la fête. Jusqu’au jour où, insidieusement, ils arrivent à ce moment de transition, de bascule entre les études et le monde du travail. De rupture aussi.
Tous deux habitent le quartier de Château-Rouge, à Paris. Elle est issue de la petite bourgeoisie, lui vient de la cité. Elle trouve rapidement du travail quand le chemin se fait pour lui plus épineux… Et la réalité se rappelle soudain à eux. Comment faire alors pour que la vie, toujours, reste une fête ? Après la fête saisit cet instant, celui de la fin de l’insouciance, quand les amis s’éloignent et que les premières amours se tarissent. Même celles de Raphaëlle et Antoine.
La jeunesse est-elle une fête faite d'insouciance et de légèreté dont il faudrait impérativement se départir pour enfin grandir ? C'est à cette question que le premier roman de Lola Nicolle tente de répondre.
Après la fête relate l'histoire d'un jeune couple lâché dans une époque sans pitié. Dès les premières pages, au lendemain des attentats du Bataclan, l'issue est révélée. Raphaëlle et Antoine ne résisteront pas à tout ce qui les sépare. Leur origine sociale, leur insertion professionnelle, leur vision de la vie. Dès lors la nostalgie s'invite à la fête. Aux sons et aux rythmes d’une époque, notamment du RAP, d’une génération (la Y), Raphaëlle, la narratrice convoque ses souvenirs pour mieux comprendre tout ce qui l'a, peu à peu, éloigné de celui qu'elle a aimé. Inévitablement l'échec de leur relation se profile. Elle détricote leur histoire et à travers elle, celle de toute une classe d'âge qui prend conscience du monde qui l'entoure. Sans être tout à fait effrayant, il n'est pas franchement réjouissant.
S'il est vrai que l'écriture de Lola Nicolle est à la fois poétique et gracieuse, cela n'aura pas suffi à me faire oublier la mélancolie qui colle au corps de cette jeunesse désabusée. J'aurai aimé que ce roman soit plus festif.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2020/01/mon-avis-sur-apres-la-fete-de-lola.html
"Après la fête" ou "la fête est finie", ce premier roman d'une belle écriture, parle d'une histoire, semble toute banale, une histoire de couple, sur l'air du temps. La fin de fête, la fin de l'adolescence, de l'insouciance des études. de belles pages descriptives (dans les rues de Paris, sur les plages de vacances). Ce texte parle aussi de sociologie, du déterminisme social à travers le couple d'Antoine et Raphaëlle, qui ne viennent pas du même milieu social et n'ont pas les mêmes repères, bases. Avec une bande son de paroles de rap. Un premier roman avec une belle écriture.
Suite de mes lectures de fin de l'enfance, de sorties d'adolescence (dans le cadre des 68e "Rhapsodie des oubliés", avec de belles pages aussi sur Paris - et Joe Meno et "la crête des damnés", qui a aussi une bande son, plus rock et avec des cassettes échangées.)
«Nous avions la chance – le privilège – inouïe de la liberté. Mais, comme pour l’amour, nous avions rêvé d'un travail qui nous définirait, nous rendrait heureux. Profondément heureux. Dans lequel nous aurions pu pleinement nous réaliser. Mais cela, évidemment, n’était pas advenu. Nous étions en quête d’un absolu. Dans la recherche d'un sens que l’entreprise ne semblait guère pouvoir nous offrir. Nous l’avions remarqué: cette poursuite s'annonçait tout à fait illusoire. Alors, nous avions commencé à nous faire une raison. Et se faisant, on s’était demandé qui avait bien pu nous mettre cette idée en tête – que le travail avait un lien quelconque avec le bonheur. Qu’il s’obtiendrait contre une rémunération?»
Pour ses débuts en littérature, Lola Nicolle nous propose un portrait sensible et fouillé de la génération Y. En imaginant la relation entre Raphaëlle et Antoine, elle fait le constat de la difficulté à s’inventer un avenir.
Après deux recueils de poésie, Nous oiseaux de passage (Blancs Volants éditions, 2017) et Les Passagers du RER, (Les Arènes, 2019) ainsi qu’un album de lectures musicales, Les Liseuses (Sony Music), la boulimique Lola Nicolle – qui est en charge de la littérature française aux Éditions Delcourt – nous offre à 27 ans son premier roman dans lequel on sent le vécu.
C’est d’abord l’histoire d’une rencontre sur les bancs de la fac. Non, c’est d’abord la fin d’une histoire d’amour, comme le titre le suggère: «Pour toujours je te quittai. Tu as refermé la porte de l’appartement le 14 novembre très tôt dans la nuit. Et longtemps, j’ai entendu tes pas résonner dans les escaliers.»
En courts chapitres, la narratrice revient après cet épisode de rupture sur leur rencontre, sur la construction de leur belle histoire qui, on l’aura compris, finira mal, comme c’est le cas en général.
Ce qui rend le livre intéressant, ce sont les différentes strates qui le constituent et qui se complètent harmonieusement pour nous donner une image de cette génération Y si difficile à appréhender. La première strate est géographique, nous donnant à voir les lieux dans lesquels se meuvent Raphaëlle et Antoine. Le quartier de Château-Rouge dans le XVIIIe arrondissement de Paris, où vivent les amoureux, devient par exemple un élément essentiel de leur histoire et dont il deviendra très difficile de s’émanciper une fois la rupture consommée: «Si je ne jurais que par lui, alors peut-être que t’y installer te rapprocherait de moi. Ou plus encore, que le quartier me remplacerait. À moins que, craignant l’inconnu, tu choisisses de rester dans cet univers confortable que nous avions dompté, te le réapproprier. Mais plus vraisemblablement, tu aimais simplement y habiter. Tu cherchas longtemps un lieu idéal, préférant le canapé d’un ami à un endroit que tu n'aimerais pas, qui ne serait pas ici. Et tu finis par trouver.» Mais la géographie est aussi celle des escapades qui marquent leurs attaches familiales et leurs rêves, de Marseille à Enghien-les-Bains, et de la maison de campagne en Touraine à la ferme du Lubéron.
La seconde strate est celle de l’orientation, des aspirations professionnelles qui vont très vite se heurter à une dure réalité, à la précarité. «Nous étions en quête d’un absolu. Dans la recherche d'un sens que l’entreprise ne semblait guère pouvoir nous offrir. Nous l’avions remarqué: cette poursuite s'annonçait tout à fait illusoire. Alors, nous avions commencé à nous faire une raison. Et se faisant, on s’était demandé qui avait bien pu nous mettre cette idée en tête – que le travail avait un lien quelconque avec le bonheur. Qu’il s’obtiendrait contre une rémunération?»
Dans ce roman de formation, sur le passage dans l’âge adulte, la troisième strate, celle de la psychologie, de l’intime, est sans doute la plus passionnante. Ce qu’Annie Ernaux appelle joliment la «sociologie poétique» nous offre quelques surprises. On y découvre notamment que la lutte des classes ou, pour le moins, la comparaison entre les classes et leur héritage reste un marqueur puissant, tout comme la recherche de valeurs, de rites de passage forts. Le mariage pouvant être ce «quelque chose qui serait assez solide pour nous définir». Aspiration vaine, là aussi, entre désillusion et espoir: «Et moi, je t’avais possédé jusqu’à t’acheter. Et toi, piégé, tu n’avais souhaité alors qu’une Chose, m’acheter en retour. Et alors que j’étais là, sur les épaules du dragon endormi de la ville, il m’apparut que la solution était là, juste sous nos yeux.
Il nous fallait réinventer la fête.»
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