Blanche vient de perdre son mari, Pierre, son autre elle-même. Un jour, elle rencontre Jules, un vieil homme amoureux des fleurs...
Une vie de mort-vivant ou le cimetière méditérranéen ?
A Zarzis en Tunisie, les jeunes ne voient pas de perspective et ne pensent qu'à partir. Sur la plage, Abdoulaye est arrivé de Guinée, seul rescapé d'un bateau en partance vers l'Europe. Chamesddine, bénévole au croissant rouge, le prend sous son aile pour l'aider à retrouver sa mère. Mais les voyages risqués en mer continuent....
Laurent Galandon nous raconte l'histoire des harragas, les migrants clandestins qui prennent la mer depuis l'Algérie, le Maroc, la Tunisie ou encore la Libye. Il s'est inspiré d'un documentaire (L'ange gardien des migrants) vu sur Konbini et qui raconte l'action de Chamesddine Marzoug. Après l'avoir accompagné pendant quinze jours sur place, il a eu l'idée de ce récit qui met en valeur un homme qui aide, qui a créé un cimetière pour les anonymes morts en Méditerranée.
Autour de lui, plusieurs autres personnages sont marquants, à commencer par Abdoulaye bien sûr, mais pas seulement. Ils sont tous magnifiés par le dessin inspiré et l'aquarelle de Paolo Castaldi. Les silences touchants, le bleu méditérranéen, le courage, l'humanité transpirent de ces pages qui m'ont profondément touché.
Alors si vous voulez comprendre ce titre énigmatique et si vous voulez commencer vos lectures du mois de février par un beau coup de cœur, foncez sur cet album qui, je n'en doute pas, saura vous toucher autant qu'il m'a touché.
Plusieurs truies ont été condamnées à mort pour meurtre au Moyen-âge (et même plus tard), en partant de cette insolite réalité, cette BD nous offre le jugement d'une bête arrachée à ses porcelets après avoir conduit un cavalier vers une chute fatale. Cette lecture surprenante nous entraîne dans un procès grotesque, où la logique des hommes est mise à rude épreuve. Une fable absurde dont la fin jouissante nous ferait presque apprécier les châtiments corporels dans certains cas.
Des soldats parcourent la ville à la recherche d'une truie, coupable d'avoir provoqué la mort d'un cavalier, fils d'un puissant notable. Le porcher se retrouve démuni face à ce qui attend le pauvre animal : la peine capitale. Heureusement, un avocat accompagné d'un fidèle corbeau prend en charge la défense de la truie. S'en suit une confrontation entre l'avocat éloquent et talentueux et le juge aveuglé par son mépris pour les autres. La rhétorique de l'un s'oppose à la bétise de l'autre, sous le regard étonné des animaux, observateurs attentifs de la vie de ces drôles d'animaux.
Par ce résumé, on pourrait penser à une fable de la Fontaine ou à la ferme des animaux de George Orwell. Il y a de cela mais pas que. Cette histoire se joue des codes sans en subir les contraintes. La clarté des traits et des situations appuient précisément sur la férocité des caractères des personnages. L’histoire se passe au moyen âge. Le langage et les dessins nous le confirment sans appuyer la reconstitution. Les deux auteurs laissent émerger une part de magie, d’humour et de critique sociale. A la manière d'un fabuliste, ils pointent les excès des humains et leur assurance hautaine. Le père de la victime, seigneur tout puissant, use de sa force pour que les êtres plient sous ses désirs. Le juge fait de même vis à vis de sa femme. L’avocat, malgré son esprit et son intelligence, fait preuve de présomption quand à son talent et à sa réussite. En miroir de ces trois hommes, l'humilité se retrouve chez les personnages soumis. Il y a quelques innocents, le porcher ou la femme du juge qui n’ont pas la place de parler ni d’être entendus. Leur présence témoigne d'une souffrance sociale et leur résistance d'une envie de soulèvement. Il y a également les animaux. Certains observent, toujours curieux de l'usage abusif de la force. D'autres conseillent, avec une pointe de sagesse. Le corbeau, ici, retrouve un peu de dignité et de recul, nous sommes ici loin de cette histoire fromagère qui aura provoqué tant de moqueries. On pourrait même dire qu'il a appris une leçon, celle de se méfier des éloges et de savoir partir à point. Malheureusement, l'avocat n'entend pas le corbeau. La relation entre les deux témoigne d'un respect réciproque, jusqu'au bout de l'histoire. L'avocat et l'animal parlent. De cette magie, naît le dialogue, principe très malmené dans cette histoire. Les puissants n'écoutent pas les faibles, même quand ils ont mission de justice. Les hommes écrasent les femmes. Les humains maltraitent les animaux. Cette injustice traverse la bande dessinée. L'avocat est le défenseur de tout cela et tente de rappeler la noblesse de sa fonction. L'esprit et les pirouettes rhétoriques sont réjouissants.
Cette bande dessinée est tenue graphiquement par Damien Vidal. Les couleurs aux teintes pastel permettent d’identifier les rapports de force et les aplats marquent le statut social de chaque être. Des visages très définis aux traits marqués s'opposent ainsi au monde animal, montrant la violence qui animent les êtres humains. Les animaux gardent leur réalité ce qui renforce le poids de leurs paroles et le dessin ne tombe jamais dans l'anthropomorphisme. Les oies, les truies, les chevaux ou encore le chat livrent leur pensée. Cela permet à l’histoire d’avoir un pied dans la fiction et un pied dans notre présent. Voici donc une fable sur le combat contre la justice, le dialogue, l'écoute et la considération de l'autre.
Tout part d'une commande du journal "Nouveaux regards" pour Jeanne, jeune illustratrice en quête de succès. Un reportage dessiné sur les gilets jaunes... Voilà Jeanne partie vers ses terres familiales pour un retour et une enquête dont elle n'a pas vraiment envie.
Un monde provincial et des liens familiaux qu'elle a préféré oublier, par honte, par envie d'évolution sociale et qu'elle va être amenée à redécouvrir, la Moselle et ses vrais gens, occupant les ronds-points, affrontant les CRS, martelant leurs revendications, loin de Paris ...
C'est, selon la préface de François Ruffin, à une "odyssée sociale de proximité" que nous convoquent Laurent Galandon et Anne-Sophie Reinhardt. Plus qu'un documentaire sur les gilets jaunes, c'est le cheminement d'une jeune femme, l'évolution de son regard sur une vie qu'elle a voulu oublier, qui nous intéresse ici.
Amandine Puntous dessine ces personnages avec empathie et douceur dans un camaïeu grisâtre digne de l'hiver 2018 Elle réussit même la difficile mise en abîme en créant un style "aquarelle" à la dessinatrice héroïne du récit. Elle parvient également à rendre de plus en plus attachant ce personnage complexe, d'abord plutôt antipathique.
"Le temps des jonquilles" parvient plutôt bien à éviter l'écueil des clichés en racontant le dilemme social et intime que, moi le premier, nous sommes nombreux à avoir croisé..
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Blanche vient de perdre son mari, Pierre, son autre elle-même. Un jour, elle rencontre Jules, un vieil homme amoureux des fleurs...
Des idées de lecture pour ce début d'année !
Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
A gagner : la BD jeunesse adaptée du classique de Mary Shelley !