"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un livre qui se lit comme un roman même s'il s'agit d'un récit dramatique écrit sans complexe et, j'ose le croire, en grande transparence.
En effet, Laura n'a pas peur d'énoncer les faits dont elle s'est rendue acteur principal en embarquant son jeune fils dans un pays qui n'est pas le sien alors qu'elle avait tout pour être heureuse ici dans son pays, auprès de ses parents, à qui elle a menti pour partir mais sans qui elle et son fils n'auraient probablement pas survécu.
Tout ça pour soit-disant aller vivre sa religion (qui à la base n'est pas la sienne) alors qu'elle ne sait même pas en quoi consiste exactement cette religion ni comment elle est appliquée en Syrie, pays dans lequel vivent des chiites et des sunnites, qui s'opposent depuis des lustres pour une vision d'un islam qu'ils veulent imposer à l'autre quel qu'il soit.
Témoignage d’une jeune femme qui a décidé un jour de tout plaquer en Belgique pour aller s’installer en Syrie avec son nouvel époux et son fils, né d’une première union. Laura Passoni nous fait le récit de son voyage par une croisière en Méditerranée qui devait servir d’alibi à son départ, la vie au Sham sous les bombardements quasi quotidiens mais aussi la grande désillusion quant à sa vie sur place. Elle revient également sur son retour vers l’Europe et sur l’après.
En lisant ce journal de bord, on ne peut qu’être frappé par sa grande naïveté. C’est ainsi qu’on se rend compte comment certains recruteurs ont eu toutes les facilités à envoyer des jeunes filles et jeunes femmes à des milliers de kilomètres de chez elles en leur faisant miroiter une vie confortable en terre islamique. Le fait qu’elle ait décidé de partir avec son fils de 4 ans est ce qui me pose le plus problème. Qu’elle ait voulu se rendre dans un pays où elle pouvait y vivre pleinement sa foi, peu importe, mais encore écrire que vu qu’elle ne regardait pas les journaux télévisés et qu’elle ne s’intéressait pas à la presse font qu’elle ne se rendait pas compte que la Syrie était un pays en guerre où les pires exactions y étaient menées, j’ai vraiment du mal à y croire. Est-elle vraiment l’ingénue qu’elle tente de faire croire aux travers de ce livre? Seul l’avenir pourra nous le confirmer ou au contraire, l’infirmer…
Ce que je retiendrai par contre est l’amour sans limite que ses parents lui portaient, prêts à lui pardonner ses erreurs, ses nombreux mensonges et dissimulations. Devant s’endetter et allant jusqu’au péril de leur vie en Turquie et aux frontières syriennes par plusieurs voyages pour la faire revenir en Europe, au final l’amour d’un père et d’une mère est lui sans limite.
Il y a quelques mois, en surfant sur le site d'une chaîne de magasins spécialisée dans la distribution de produits culturels à destination du grand public, je découvre « Au coeur de Daesh avec mon fils », livre de Laura Passoni écrit avec la collaboration de Catherine Lorsignol, journaliste à la RTBF, publié en octobre 2016 aux Editions La Boîte à Pandore. Son synopsis me paraissant intéressant, Je me promets, alors, de l'acheter ultérieurement.
Le temps passe jusqu'à ce 10 juillet 2018, jour où je l'emprunte finalement sur Amazon Kindle. Pourquoi m'en priver puisque, étant désormais accessible sur cette plateforme, moyennant abonnement mensuel, il est à ma disposition sous forme de prêt ?
Je dois concéder que dès les premières pages avalées, j'ai su que ce témoignage, attractif sur le plan documentaire, n'allait pas m'enthousiasmer au niveau humain. D'emblée, j'étais étonnée. Je m'attendais à mieux et il était quasi certain qu'une désillusion s'annonçait. Finissant toujours un livre entamé, je persévérais néanmoins.
L'ayant définitivement posé, je confirme ma primo-impression. J'en ressors avec un sentiment mitigé et finalement il ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Mon avis étant subjectif et en aucun cas le seul à prendre en compte, je m'adresse à l'auteure en lui disant que je suis vraiment désolée d'avoir un tel jugement sur son travail mais je me dois d'être honnête envers celles ou ceux qui me suivent.
A travers le récit de Laura Passoni nous plongeons durant neuf mois au sein même de l'embrigadement, au sein même de la peur, de l'horreur, de la folie meurtrière. Nous partageons le quotidien de l'Etat Islamique en Syrie.
Cette jeune Belge, âgée de trente ans, originaire de Charleroi en Wallonie nous explique, de retour de l'enfer, pourquoi et comment a-t-elle pu tout plaquer pour foncer vers une inconnue qui lui semblait pourtant familière : la république arabe syrienne et son groupuscule terroriste.
Tout d'abord, nous faisons la connaissance d'une adolescente vivant dans une famille des plus classique avec sa soeur aînée bénéficiant de l'amour et du dévouement de leur parents.
La narratrice nous avoue découvrir l'islam à quatorze ans par l'intermédiaire d'une amie marocaine et confesse s'être convertie rapidement. Ne pratiquant au fil des ans que fortuitement plus par amitié que par conviction.
Plus tard, elle nous expose comment à la suite d'une déception amoureuse, se sentant seule, abandonnée, dépourvue de toute perspective, de toute joie de vivre, elle trouve refuge et réconfort sur les sites religieux jusqu'à se lancer dans une quête existentielle ayant pour fil conducteur l'islam avec une approche radicale.
Ainsi en mars 2014, pour absorber son immense chagrin, accompagnée par son mari rencontré fraîchement sur internet et son fils de quatre ans, Laura décide de quitter clandestinement la Belgique pour rejoindre la Syrie " pour recommencer à zéro " et pour vivre dans " un pays réellement musulman " précise-t-elle.
Son époux devient émir et part en camp d'entrainement, la voilà seule avec son fils dans une maison de femmes. Bien malgré elle, cette mère va vivre une vie qu'elle n'a en fait pas voulue. Elle ouvre petit à petit les yeux.
Poussée par son instinct maternel et une anecdote que je vous laisse deviner, elle décide de rentrer dans son pays natal. Après avoir convaincu son « homme » de la suivre, soutenue par ses proches, commencent alors six mois de dissimulation et de tentatives avortées.
Enfin, le jeune couple et l'enfant, bientôt « grand frère », feront le chemin inverse dans des conditions périlleuses.
Comment ce difficile périple s'est-il déroulé ? Sur combien de temps ? Avec quelles aides ?
A quoi, et plus spécifiquement Laura, ont-ils été soumis à leur arrivée ? Comment s'est déroulée la réadaptation ? Quel est son regard aujourd'hui sur cette fâcheuse expérience ? Qu'en a-t-elle appris et qu'en a-t-elle retirée ?
Vous souhaitez des réponses ? Procurez-vous ce bouquin dans lequel la récente repentie raconte la réalité comme jamais aucune femme revenue de là-bas ne l'a racontée.
La force essentielle de ce récit réside dans le fait qu'il nous permet de comprendre les us et coutumes de cette organisation terroriste. Rien n'est caché ou édulcoré. La vraie nature de l'EIIL est montrée. La violence, le mensonge, la barbarie, la monstruosité deviennent ainsi nos compagnons de lecture. Notre déradicalisée dépeint avec force et détails ses conditions de vie qui peuvent être assimilées à de la soumission plutôt qu'à de la liberté. La place réservée aux femmes nous saute alors véritablement en plein visage. le côté « guerre », « combattants » est abordé de façon plus minimaliste. Normal, puisque à l'origine ce n'est pas le thème essentiel de l'opus et que je pense que par son appartenance à la gente féminine, L.P. n'avait pas accès à ces informations.
Cette partie didactique (raison de mes deux étoiles) m'a beaucoup plu. C'est instructif, pousse à la réflexion et surtout nous autorise, nous les femmes vivant en occident, de nous satisfaire pleinement de notre situation.
Le point négatif, quant à lui, concerne Laura et plus précisément son manque d'introspection, son manque de recul et de remise en cause.
« Je n'aurais jamais dû revenir en Belgique. Regarde maintenant tout ce qui m'arrive ! Je veux retourner là-bas."
Voici un extrait qui donne un aperçu de ce que nous pouvons lire dans cette autobiographie.
A l'heure d'internet et du tout numérique, comment ne peut-on n'avoir jamais entendu parler des exactions commises par Daesh ? Sa naïveté, sa méconnaissance du monde actuel, son inconscience sont hallucinantes à tel point que j'ai douté et doute encore de sa franchise et des motivations concrètes qui l'ont amenée à rentrer au pays.
Je trouve insensé qu'elle reproche à la justice belge de la poursuivre pénalement dès son retour. Que croyait-elle ? Que tout allait être effacé comme si rien ne s'était jamais produit ou qu'elle n'avait rien commis d'irréprochable ?
Je n'ai eu aucune empathie pour cette personne même si je me doute bien qu'elle a dû souffrir.
Paradoxalement, le revirement de son compagnon qui, lui, était parti pour prendre les armes est plus convaincant.
A l'opposé, je suis admirative du courage, de la lucidité de ses parents. Malgré leur immense déception et une existence irrémédiablement chamboulée, ils n'ont pas hésité, au péril de leur vie, à lui porter secours et l'épaule aujourd'hui encore.
Ecriture assez plate contenant peu de profondeur. Ce n'est pas suffisamment dynamique à mon goût pour nous emporter réellement.
En bref, j'ai clos une courte lecture de 199 pages qui bien qu'informative, ne m'a pas impressionnée et enthousiasmée. Ce n'est pas le premier témoignage de la sorte que je lis. Dans celui-ci nous retrouvons également une illusion suivie d'une déception, une allégeance, des scènes effroyables et un rapatriement difficile mais ça pêche par un trop plein de crédulité, de niaiserie, d'hypocrisie de la part de la protagoniste principale.
A entreprendre ? : Avis circonspect. J'aimerais vous répondre avec conviction et assurance mais je ne peux me prononcer véritablement.
- Si vous êtes un adepte du genre, je ne recommande pas forcément. D'autres ouvrages axés sur ce thème sont plus attirants.
- Si vous débutez dans cette catégorie « histoires vraies », lancez-vous. Pour un premier essai, c'est à lire.
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