"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Jerome Vikar n'a pas la tête de l'emploi, ou plutôt il l'a trop. Lorsqu'il débarque à Hollywood, il n'a pour tout bagage que son obsession pour le cinéma et, miroir de celle-ci, son crâne tatoué à l'effigie d'Elizabeth Taylor et Montgomery Clift. Mais le Los Angeles de cette fin d'années 60 n'est plus celui de l'Age d'Or. Hippies, travestis, producteurs véreux et dealers ont envahi la ville et érigé le rock'n'roll et l'argent en nouvelles idoles. Vikar arpente la cité à la recherche des fantômes du grand écran, et de réponses aux rêves qui le hantent. Embauché comme décorateur par un studio, il va vivre un véritable parcours initiatique, riche en références qui pourraient dérouter le non-cinéphile.
Car tout à la fois chant éperdu d'amour pour Hollywood, somme délirante d'érudition sur le septième art, et poème ourovore, Zéroville ne ménage pas son lecteur et lui fait dérouler, puis rembobiner mentalement une longue pellicule constituée de rushes oniriques et parfois inquiétants.
Erickson maîtrise l'art de la narration proprement littéraire, à laquelle il adjoint quelques trucages plus cinématographiques, sans pour autant tomber dans une démarche formelle : écriture et cinéma entretiennent en effet ici un rapport qui est de l'ordre de l'adultère et de la dévoration mutuelle, quitte à ce que leur rejeton soit l'un des plus fascinants artefacts romanesques de l'année.
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