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"L'amour en grippe" est le quatrième roman d'une écrivaine qui m'était totalement inconnue et qui date de 1999; je l'ai emprunté dans une médiathèque tout à fait par hasard: il venait d'être déposé par une femme qui disait avoir été touchée par ce roman.
Je n'ai pas regretté de l'avoir emprunté, ce fut une belle surprise que cette histoire de jalousie, de désir, de méfiance entre trois femmes familialement très proches, Mona et sa sœur, la narratrice, ainsi que Stéphanie la fille de Mona.
Elles vivent toutes les 3 ensemble après la mort du mari de Mona; chacune ressent la solitude et a une relation compliquée aux hommes. Mona a besoin d'être désirée, Stéphanie est peu féminine et se tient à l'écart des filles de son âge et des garçons, la narratrice est "vieille fille" et ressasse ses échecs littéraires (elle a écrit des nouvelles qui ont eu un succès d'estime puis plus rien) et amoureux. Chacune est une béquille pour les deux autres et un subtil équilibre s'est instauré qui laisse de côté les rancoeurs enfouies depuis des années. Elles s'ennuient dans un village où il ne se passe rien.
Puis soudain apparaît Charles, celui qui va démolir ce fragile équilibre et libérer toutes les jalousies tues jusque là. Charles a été le premier amour de la narratrice et elle a été démolie moralement et psychologiquement par ce pervers narcissique dont tout le monde tombe sous le charme à commencer par sa soeur et sa nièce. Charles devient l'amant de Mona.
Les trois femmes vont s'entre-déchirer sous le regard amusé de Charles, personnage fort antipathique comme d'ailleurs les personnages masculins secondaires comme le maire du village.
La tension entre les femmes montent peu à peu; la mère et la fille deviennent rivales, Stéphanie tentant de supplanter sa mère dans le lit de Charles mais aussi comme maîtresse de maison. Mona souhaite le départ de sa sœur qui n'accepte pas la présence de Charles.
Le drame qui est inévitable va obliger ces 3 femmes qui se détestent à faire front commun mais leurs liens affectueux sont définitivement cassés.
Clémence de Biéville a l'art d'instiller la tension psychologique par petites touches avec un style simple mais percutant. On peut se reconnaître dans la narratrice qui est dans l'ombre de sa soeur qui prend toute la lumière et qui ressent de la frustration, voire de la jalousie; on peut se reconnaître dans Stéphanie qui traverse l'adolescence avec toutes ses difficultés pour savoir qui on est vraiment, se faire accepter, chercher la figure paternelle, trouver son chemin.
Un très bon roman que je recommande
Un livre que j'ai avalé d'une traite, très bien écrit. Une personnalité qui a de l'emprise sur les autres, destructrice et qui s'immisce dans la vie de 3 femmes pour la faire voler en éclat. Mais quand elles s'en rendent compte, il est trop tard. Une analyse intéressante des mécanismes de'emprise et de dépendance.
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