"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
S’il y a bien une chose que j’adore lorsque je lis plusieurs ouvrages d’un même auteur, c’est lorsque l’auteur en question créé des liens entre ses différents romans. L’un des exemples les plus flagrants à mes yeux, c’est Sarah Dessen, chez qui l’on retrouve les mêmes personnages secondaires dans plusieurs romans, c’est fort sympathique parce que ça illustre bien à quel point « le monde est petit » ! Ce fut donc une belle surprise que de voir que Clara Richter semble également apprécier de genre de petit clin d’œil : j’ai eu la joie de recroiser, l’espace d’une scène, Alix et Elyas, héros de Ma bonne étoile ! Sachant que c’est mon coup de cœur pour ce premier roman qui m’a donné envie de découvrir Des bleus au corps, ça m’a fait vraiment plaisir de retrouver brièvement ces deux personnages. Ils vivent au-delà de leur propre roman, ils s’immiscent dans le quotidien d’autres héros d’une autre histoire … Histoire toute aussi émouvante que la précédente, d’ailleurs !
Un an après le décès de sa mère, Estelle vient de déménager avec son père. Nouvelle ville, nouvelle vie. Mais surtout, nouveau lycée … Le jour de la rentrée, malgré sa timidité, elle se lie d’amitié avec Eléonore et Etienne qui la présentent à leur petit groupe de riders. Estelle n’a jamais mis les pieds dans des rollers, mais elle se sent rapidement à l’aise. Seul Enzo, petit prodige du groupe, garde ses distances … distance qu’Estelle rêve de combler. Car elle ne peut le nier : elle se sent irrémédiablement attiré par le jeune homme, malgré son sale caractère, malgré ses sautes d’humeur … Peut-être parce qu’elle sent que, tout comme elle, Enzo cache une grande souffrance intérieure. Parviendra-t-elle à briser la carapace, à découvrir le secret d’Enzo ? Et surtout, parviendra-telle à l’aider, à apaiser ses tourments ?
Je dois l’avouer, au moment d’entamer ma lecture, et malgré toute mon envie de découvrir ce livre, j’avais un petit peu peur : peur de me retrouver face à un « remake » de Ma bonne étoile. Après tout, dans un cas comme dans l’autre, on a une fille et un garçon brisés par la vie, qui se rencontrent, et ça fait des étincelles … Mais fort heureusement pour moi, ce ne fut pas le cas ! Je me suis rapidement attachée à Estelle : c’est une jeune fille adorable, pleine d’empathie et de compassion, qui fait bien souvent passer le bien-être des autres avant le sien, qui aime profondément les animaux … et surtout, qui manque profondément de confiance en elle. Estelle apprend à vivre seule, sans la direction de sa mère, qui avait toujours son mot à dire sur tout et ne cessait de critiquer ses choix, ses actes, ses paroles … Il y a beaucoup de colère chez Estelle, une colère qu’elle n’ose pas exprimer, qu’elle n’ose même pas ressentir, et cela la rend incroyablement fragile. Malgré tout, j’ai eu quelques difficultés à m’identifier à elle : elle est bien trop fêtarde à mon gout ! C’est d’ailleurs le seul reproche que je peux faire à ce livre : présenter les fêtes alcoolisées comme une chose parfaitement normale à l’adolescence, et pour moi qui ait toujours eu horreur de ce genre de choses, cela me semble très cliché : non, tous les ados n’aiment pas se saouler à frôler le coma éthylique tous les samedis soirs !
Ce roman, c’est donc une histoire d’amour compliquée. Compliquée parce qu’Enzo n’est pas prêt à laisser quelqu’un découvrir ses secrets, ses faiblesses, ses souffrances. Compliquée parce qu’Estelle a ressenti cette douleur chez lui et tient absolument à l’aider, parce qu’elle l’aime, de toutes ses forces, de tout son cœur, de toute son âme. Elle l’aime tellement qu’elle est prête à le perdre, si cela peut le sauver … Voici l’une des grandes questions cachées derrière ce livre : que doit-on faire, lorsqu’on est tiraillé entre sa raison et ses émotions ? que doit-on faire lorsqu’on sait que suivre la voix de sa conscience, c’est prendre le risque de trahir un secret, de trahir la confiance que quelqu’un nous a accordé ? Pour Estelle, qui jusqu’à présent n’avait jamais eu l’occasion de prendre des décisions, puisque sa mère choisissait tout pour tout le monde, c’est un déchirement : elle va devoir faire un choix. Et on se sent tiraillée avec elle, et alors on souffre avec elle. Ce livre, c’est comme une cocotte-minute d’émotions : ça commence doucement, et puis progressivement, sans qu’on ne s’en rende vraiment compte, la tension augmente, enfle, s’accumule, et ça finit par exploser. Et alors arrive le final, ce final qui n’a rien d’une happy end à la Disney, ce final qui m’a littéralement fait éclater en sanglots, parce que c’est atrocement déchirant, comme final. On a tellement envie de la réécrire, cette fin !
Mais cette fin, elle se comprend. Parce que ce livre n’est pas seulement une jolie romance pour adolescentes. Ce roman, il aborde des thématiques sensibles, très dures : le deuil, la maltraitance, l’automutilation … Bien plus qu’un roman sur le premier amour, c’est vraiment un roman sur la souffrance que nous propose l’auteur. La souffrance qu’on s’inflige, que l’on nous inflige, que l’on inflige aussi, parfois … Cette souffrance que l’on peut soit tenter d’oublier, soit au contraire dont on veut se souvenir car elle fait partie de nous, de notre histoire, parce qu’elle a fait de nous celui ou celle que nous sommes … C’est vraiment un roman difficile, par moments, parce que cette souffrance est présente un peu partout, même lorsque les personnages tentent de la masquer. J’ai deviné beaucoup de choses bien avant qu’elles se soient « dévoilées », parce que les indices étaient nombreux … Et on est d’autant plus triste pour Enzo et Estelle que l’on sent que tout cela ne pourra pas finir bien, ce serait trop beau pour être vrai … On a envie d’y croire, jusqu’à la fin, on a envie que l’amour règle tous les problèmes, mais ce livre n’est pas une romance à l’eau de rose, alors forcément tout ne s’arrange pas comme sur des roulettes ! Pour ma part, j’espère bien recroiser le chemin d’Estelle et Enzo dans un futur roman de Clara Richter, afin d’avoir de leurs nouvelles, en espérant qu’elles soient bonnes, parce que je les aime bien, ces deux zigotos !
En bref, vous l’aurez compris, ce livre est un nouveau coup de cœur. C’est triste, oui, mais c’est beau. C’est dur, oui, mais c’est beau. C’est un très beau roman, très bien écrit. C’est un roman qui fait pleurer, mais qui fait sourire aussi. C’est une ode à l’amour et à l’espoir, à l’amitié et au pardon. C’est un véritable condensé d’émotions, qui aborde avec beaucoup de finesse, de douceur, de justesse, des thématiques graves, des sujets terribles … C’est un livre dont on ne ressort pas indemne, c’est un livre qu’on ne peut pas oublier facilement, parce que c’est un livre qui ne laisse pas indifférent. On ne peut pas s’empêcher de s’attacher à Enzo et Estelle, si fragiles mais si forts à la fois, si complexes, si humains … C’est un livre qui fait réfléchir sans que l’on ne s’en rende compte, un livre qui pose des tas de questions, un livre qui invite chacun à trouver sa propre réponse … C’est donc un livre que je conseille sans hésitation, sans restriction, parce que c’est un très beau livre, une très belle histoire portée par une très belle plume !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2018/08/des-bleus-au-corps-clara-richter.html
Cela fait quatre mois que l’existence d’Alix a basculée. Quatre mois que Paul, son frère ainé, s’est noyé dans le canal suite à une soirée entre amis. Quatre mois qu’Alix se demande comment cela a bien pu arriver, comment son frère si raisonnable et si posé a pu finir au fond du fleuve. Quatre mois que sa famille s’effrite progressivement, que son père se noie dans le travail et sa mère dans l’alcool. Quatre mois que sa meilleure amie Fanny tente à tout prix de l’aider à remonter la pente. C’est ainsi qu’un soir, en venant diner chez Fanny, qui vit dans un « habitat collectif participatif », Alix fait la connaissance d’Elyas, qui vient d’arriver de Syrie avec son frère ainé Aylan et qui loge chez l’un des étranges voisins de Fanny. L’âme et le cœur d’Elyas sont tout aussi cabossés, si ce n’est plus, que les siens … C’est peut-être cette souffrance commune qui les a rapproché, ou c’est peut-être autre chose, mais une chose est désormais certaine : c’est à deux qu’ils vont affronter leur peine et leur douleur …
Avant d’être une histoire d’amour, ce roman est donc une histoire de reconstruction. Depuis la mort de Paul, cette mort inexpliquée, inexplicable, Alix est complétement perdue. Haine et culpabilité, accablement et incompréhension se mélangent et s’affrontent en elle, et ce ne sont pas ses parents qui vont l’aider à surmonter ce deuil : sa mère sombre progressivement dans l’alcool et la dépression tandis que son père se réfugie dans son travail de chirurgien-pneumologue. Son seul véritable soutien est sa meilleure amie, Fanny, qui veille sur elle sans tomber dans la compassion dégoulinante des voisins et amis qui s’obstinent à la traiter comme une enfant en cristal. Alix est une héroïne vraiment attachante, à laquelle je me suis beaucoup identifiée grâce à son amour inconditionnel pour la lecture et son désintérêt profond pour les soirées alcoolisées et autres « loisirs » adolescents, grâce à sa fragilité et sa sensibilité … Elyas m’a énormément touchée, également : encore hanté par les horreurs de la guerre syrienne et de la traversée jusqu'en France, c’est un jeune homme en équilibre très instable, tantôt insouciant et souriant, tantôt renfrogné et ombrageux, en colère contre le monde entier.
Deux âmes abimées, deux cœurs blessés. Entre eux, ce n’est pas le coup de foudre, pas vraiment. C’est plutôt comme si chacun reconnaissait sa propre souffrance dans le regard de l’autre … et cela va les rapprocher. On a beau s’y attendre, on a beau s’en douter, cela semble tellement naturel, tellement évident, que cette prévisibilité ne choque pas, ne dérange pas. La relation entre ces deux ados à la dérive est tout simplement bouleversante. C’est beau, c’est cruellement beau. Car cet amour ne suffit pas à effacer la douleur, à mettre fin à la peine et la culpabilité qui hantent Alix et Elyas - la première persuadée qu’elle n’a pas été une petite sœur assez perspicace, le second persuadé qu’il aurait dû mourir avec ses parents, ses sœurs, son petit frère -, cet amour va même être menacé par la fragilité et le déséquilibre psychologique de nos deux cœurs déchirés. L’amour n’est pas un remède miraculeux, n’est pas un antidote magique. Ce n’est pas un roman à l’eau de rose, même si certains passages sont mignons tout plein. Elyas et Alix s’aiment, mais il va leur falloir beaucoup de temps pour commencer à revivre, et non plus à survivre à deux : ils ne guériront jamais de leur souffrance, ils n’oublieront jamais ceux qu’ils ont perdus, mais ils savent désormais qu’ils peuvent compter l’un sur l’autre pour avancer.
Qu’ajouter de plus ? Je pense qu’il me suffit de conclure en affirmant que l’auteur nous offre ici un roman bouleversant, émouvant, une histoire captivante, déchirante, une histoire qui fait pleurer mais qui fait aussi rire, une histoire qui fait trembler mais qui fait aussi sourire. Il va me falloir du temps pour me remettre de cette lecture, qui m’a fait l’effet d’une véritable claque : c’est dur, c’est dramatique même, mais c’est aussi, et surtout, une véritable ode à la vie et à l’espoir, à l’amour et à l’amitié, mais aussi au respect et à la tolérance, à la bienveillance et à la générosité. C’est un livre qui fait du bien, même si on a les larmes aux yeux du début à la fin, même si les thématiques abordées sont graves et terribles. C’est un livre magnifiquement bien écrit, porté par une plume aussi belle que simple, une narration qui va à l’essentiel et pleine d’émotions. Vous l’aurez donc compris, je recommande vraiment chaudement ce roman, qui s’adresse aussi bien aux adolescents qu’aux adultes !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.fr/2018/04/ma-bonne-etoile-clara-richter.html
Ce livre est une douce romance young adult. La relation entre les deux personnages Alix et Elyas est vraiment le centre de l'histoire de ce livre. Deux personnages attachants, si jeunes et déjà si torturés...Effectivement, les personnages sont adolescents mais la morale de l'histoire peut tout aussi bien servir à des adultes: la vie n'est souvent pas très tendre et même carrément moche mais il faut se dire qu'il y a peut-être pire que soi. L'auteure a voulu nous montrer que quoiqu'il arrive, malgré les difficultés, les horreurs, la guerre, le deuil, que malgré les terribles aléas de la vie, l'espoir fait vivre et que parfois la lumière est au bout du chemin. Il ne faut jamais sous-estimer la force de l'Amour et ce, à tout âge. J'ai beaucoup aimé le fait que l'auteure pointe du doigt les préjugés qui sont souvent malfaisants et terribles pour les personnes concernées. Elle a su manier avec brio l'actualité (la guerre en Syrie racontée grâce à l'histoire d'Elyas et les réfugiés) et la fiction. Que dire de l'écriture? C'est moderne (sms, dialogues...), c'est posé et fluide. À lire si vous êtes adaptes du genre.
http://auchapitre.canalblog.com/archives/2018/02/20/36156699.html
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