"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Et si ? de Chris Haughton, traduit par Camille Gautier, Éditions Thierry Magnier, 2021
J’adore la patte de l’irlandais Chris Haughton et les lectures de ses albums sont toujours de grands moments de plaisir avec mes deux petites filles de 4 ans et bientôt 3 ans.
Ses récits pour les très jeunes enfants mettent en scène des héros avec une attitude récurrente, une circularité de l’action et un dénouement en devenir qui incitent à revenir au début ; le texte est toujours percutant, sonore et rythmé ; en début ou en fin de volume, l’auteur propose toujours une citation érudite à l’intention des adultes. Ici, c’est Aristote qui évoque l’importance de l’expérience dans les apprentissages… Tout un programme !
Un album qui nous parle, en effet, d’autorité parentale, de bêtises et d’apprentissage de ses erreurs (ou pas ?).
Trois petits singes laissés seuls avec pour consigne et recommandation de ne pas s’approcher des manguiers, car il y a des tigres à proximité.
Mais c’est trop bon les mangues… Et si ? Et, en plus, les tigres ne sont pas là !
Les enfants adorent suivre la progression des trois bébés singes et repérer les fauves cachés dans les illustrations colorées.
Une belle montée en puissance, drôle, mais pleine de danger.
Une course-poursuite qui, sur une double-page, oblige à changer le sens de lecture et à tenir le livre verticalement.
Une Maman qui n’a rien vu et retrouve sa progéniture en apparence bien sage à son retour…
Des petits singes qui ont eu très peur mais qui pensent déjà à se rapprocher d’un autre arbre fruitier, même si…
Un texte rythmé par les « et si ? » et par les raisonnements à trois voix des petits singes.
Une ambiance colorée chatoyante.
Et, toujours, le joli paradoxe des personnages très stylisés et, pourtant, expressifs.
Les jeunes enfants apprennent (ou pas ?) qu’il faut obéir à leurs parents, même si…
#lesglosesdelapiratedespal
Bravo, Maman manchot ! de Chris Haughton, Édition Thierry Magnier, 2022.
J’adore la patte de l’irlandais Chris Haughton, découvert grâce à ma plus jeune petite-fille.
Ses récits pour les très jeunes enfants mettent en scène des héros avec une attitude récurrente, une circularité de l’action et un dénouement en devenir qui incitent à revenir au début ; le texte est toujours percutant, sonore et rythmé ; en début ou en fin de volume, l’auteur propose toujours une citation érudite à l’intention des adultes.
Cette fois, il nous parle de charge mentale avec une maman manchot qui part à la pèche pour nourrir son mâle et son enfant. La tâche est ardue, le chemin épuisant et dangereux. Tandis que la maman manchot se démène et se dépasse avec courage, volonté, ténacité et abnégation, le père et le fils la regardent de loin, commentent son avancée et, surtout, attendent impatiemment le dîner…
Une univers coloré à dominante blanche et bleutée avec des personnages à la fois très stylisés et expressifs qui apportent une touche de rouge et de violet.
Un contraste plein d’humour et de réalisme entre l’agitation de la maman et l’attente pragmatique de sa famille.
Un album lu, relu, re-relu, commenté et re-commenté avec mes deux petites-filles, 4 ans 2 mois et 2 ans 10 mois pendant leur séjour chez nous pour les vacances de Toussaint.
J’ai trouvé une façon de procéder qui me repose la voix : elles tournent les pages à tour de rôle, me racontent l’histoire qu’elles savent presque par cœur et nous reprenons à tue-tête les différentes sonorités du parcours de la maman manchot : « fschhh » pour nager, « hop » pour sauter sur la falaise, « ho-hisse » pour grimper la montagne, « tip-tap » pour marcher sur la glace, « boing, crac, boum, paf, splash » quand elle dégringole, « youhou » quand elle rebondit…
La citation est un proverbe arabe qui affirme que les mères méritent d’aller au paradis (les grands-mères aussi…).
#lesglosesdelapiratedespal
Les mamans, c'est connu, sont très courageuses et obstinées lorsqu'il s'agit de prendre soin de leur progéniture. Et la maman manchot n'échappe pas à la règle.
Malgré les difficultés et les dangers qui rôdent, elle part pêcher le repas de son fiston qui, affamé, l'attend avec impatience.
En compagnie de son papa, Bébé Manchot suit la progression de sa mère.
« Tu la vois ?
Oui, la voilà ! Elle nous fait coucou, s'écrie Bébé Manchot. »
Comme dans tout album de Chris Haughton, l'humour est présent.
Textes courts, dessins très colorés et sobres, rythment le récit qui se déroule sans fausse note, célébrant l'héroïsme de la maman.
C'est jubilatoire à raconter et beau à regarder…bref petits et grands en redemandent !
Une belle histoire à lire et à relire.
Évalué 4 étoiles : un album petite-enfance, très drôle.
Oh non, George ! de Chris Haughton, Éditions Thierry Magnier, 2012
Un sympathique album, lu, relu et manipulé avec ma petite-fille de 2 ans.
George est un chien qui a beaucoup de mal à rester sage, plein de bonne volonté mais incapable de résister à une sollicitation : il dévore un gâteau, fait des trous dans les parterres de fleurs, court après le chat, vide les poubelles…
Le dessin est très basique, naïf. Le chien peut correspondre à beaucoup de chiens connus des très jeunes enfants. Ainsi, comme notre jeune Beagle de sept mois, dont le potentiel bêtise est particulièrement élevé, George a de longues oreilles, une truffe noire, un museau allongé, une queue toute droite…
Ma petite fille identifie clairement les situations décrites et ponctue chaque péripétie en répétant : « oh non, George » et en comparant notre chien avec George.
George est vraiment le personnage principal de cette histoire ; ainsi, les humains sont ridiculement petits à côté de lui, petites créatures dépassées par les évènements et serviles.
J’ai retrouvé dans cet album la patte de l’irlandais Chris Haughton avec une attitude récurrente du héros principal, un texte percutant et rythmé, un dénouement en devenir et, en fin de volume, une citation érudite à l’intention des adultes ; Ici, c’est Épictète qui nous parle de la destruction du désir, source de liberté.
Un auteur-illustrateur, découvert avec Un peu perdu, que j’apprécie de plus en plus…
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