"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La pensée de Simondon est aujourd'hui mieux connue, et plus commentée, qu'elle ne l'était il y a douze ans, lorsque la présente thèse a été soutenue. Mais ce qui intéressait son auteur à l'époque, ce n'était pas seulement de parvenir à exposer la méthode et les parti-pris qui singularisaient cette pensée. Il s'agissait surtout de la mettre en rapport avec ce qui n'était pas au centre de son questionnement, à savoir la pensée politique. Et pour cela, il fallait tout d'abord marquer l'écart qui séparait Simondon de plusieurs auteurs qui à l'époque étaient considérablement plus influents que lui.Quelques questions peuvent alors en résumer les enjeux. Premièrement, la pensée contemporaine pose l'exigence de penser le singulier en tant que tel. Deleuze incarne exemplairement cette exigence. Mais pour la soutenir, ne l'a-t-il pas disjointe de ce qui pour Simondon constitue son versant complémentaire, à savoir l'exigence de penser la réalité de la relation? Deuxièmement, Simondon affirme vouloir substituer à l'ancienne ontologie, qui postulait un être immuable, une ontogenèse, qui permet de suivre le mouvement de l'individuation des êtres. Dès lors, quel rapport l'ontogenèse simondienne entretient-elle avec la déconstruction de l'ontologie telle qu'elle se pratique dans le sillage de Heidegger? Troisièmement, pour penser l'individuation, il faut penser le préindividuel, c'est-à-dire un potentiel attaché aux êtres individués, qui leur permet de devenir autre chose que ce qu'ils sot. Doit-on concevoir ce potentiel comme une puissance, à distance de l'acte, ainsi que le propose notamment Giorgio Agamben? Et quel type de relation peut être maintenu avec une telle puissance?Tous les enjeux attachés soulevés ici se rassemblent dans la conception du transindividuel ; Ce concept désigne ce qui peut exister entre les individus, qui dès lors ne sont plus envisagés comme des entités closes sur elles-mêmes. C'est là le véritable coeur de la pensée simondonienne. Les questions qui viennent d'être évoquées ne prennent tout leur sens que lorsqu'on met en rapport l'idée du transindividuel avec les enjeux de la politique - et plus exactement, avec la politique révolutionnaire. Or, Simondon n'a jamais explicitement pensé son travail comme une contribution à une telle politique. Il s'agit donc tout d'abord de se questionner sur ce non-rapport. Et il s'agit de voir comment l'idée d'une politique du transindividuel peut entrer en résonance, ou en conflit, avec les perspectives défendues par Marx, Lénine ou Foucault ; mais aussi avec les travaux actuels de Badiou, de Lazarus, ou d'Antonio Negri.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !