"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Et si sa seule chance de survivre à cette nuit d'enfer était la destruction totale de San Francisco ?
17 avril 1906, la nuit tombe sur San Francisco. Et comme tous les soirs, la petite femme de chambre vient prendre son service au majestueux Palace Hotel. Elle reçoit ses instructions pour s'occuper de la vedette du jour : Enrico Caruso, le fameux ténor italien qui se produit, en ce moment même, sur la scène du Grand Theatre Central...
En vérifiant la bonne tenue de la chambre, elle découvre un colis qu'elle n'aurait pas dû voir et qui la propulse entre les mains des pires clans criminels de la ville, prêts à tout pour le récupérer...
Alors que l'issue semble de plus en plus désespérée pour la jeune fille, le sol se met à trembler...
Le mardi 17 avril 1906, à San Francisco, Judith est une femme de chambre du Palace Hôtel, qui monte de la part du maire de la ville un cadeau dans la chambre du célèbre ténor italien, Enrico Caruso. Malheureusement, au mauvais endroit, au mauvais moment, elle se retrouve face à un tableau qu’elle n’aurait pas dû voir et prise au piège entre deux hommes de main de la mafia italo-américaine.
Cette intrigue mêle fiction et faits réels, nous plongeant dans une aventure où une jeune femme lutte pour sa survie, tandis qu’un célèbre ténor cherche à se libérer de l’emprise de la mafia, le tout dans le contexte imminent d’un séisme destructeur. Au fil des rebondissements, nous nous plaisons à découvrir l’histoire, centrée autour d’un mystérieux tableau de Gustav Klimt, objet de toutes les convoitises.
C’est un voyage dans le temps qui nous emporte dans une époque où la Californie de 1906 a été marquée par des événements naturels tragiques. Nous avons été séduits par le mystère, la sensualité, et l’aspect esthétique accompagné de teintes chaudes et sépia. En fin d’album, un dossier enrichit nos réflexions en apportant des éclairages sur Klimt, Caruso, China Town et le séisme de 1906 à San Francisco.
S’il est bien une date importante pour la ville de San Francisco, c’est bien 1906, plus exactement le 18 avril, à 5h12. Avec sa magnitude de près de 8 sur l’échelle de Richter (qui compte 9 échelons), un séisme détruisit, dès les premières minutes, de nombreux bâtiments. Mais les incendies, qui s’ensuivirent, achevèrent la destruction de la ville et plus de 3000 morts furent à déplorer.
San Francisco 1906, signé Damien Marie (scénario) et Fabrice Meddour (dessin et couleur), débute la veille de cette catastrophe. Une jeune femme se rend au Palace Hotel pour y effectuer son service de nuit. Elle revêt sa tenue de femme de chambre et se dirige vers la chambre d’Enrico Caruso. Le ténor italien se produit sur la scène du Grand Theatre Central et ne va pas tarder à regagner l'hôtel.
Alors qu’elle s’apprête à retaper le lit, la jeune femme découvre un colis entre les draps. Elle a à peine le temps de s’en saisir que deux mafieux la menacent à l’aide d’un couteau. Ils s’emparent du tableau et lui intiment de les conduire vers la sortie la plus proche.
Bâillonnée à l’arrière d'une voiture, les deux hommes décident de se débarrasser d'elle dans Chinatown afin de faire porter la responsabilité de son assassinat sur la mafia chinoise.
Les choses ne se passant pas comme prévues, la jeune femme réussit à s’échapper et à récupérer le tableau. Mais comment échapper à la mafia italienne, dorénavant à sa recherche, alors que le jour ne va pas tarder à se lever ?
Voilà un étonnant récit qui s’insère parfaitement bien dans la réalité de faits historiques. Ce tome 1, intitulé Les trois Judith et dont on ne comprend la signification qu’à la toute dernière page, est un bel exemple de ce que peut être un crescendo dans un récit. On sait parfaitement qu’un terrible évènement va se produire, mais comment va-t-il pouvoir bouleverser l’action en cours ?
Quant aux dessins à dominante sépia, ils se passent de tout commentaire, puisque magnifiquement réalisés. Que ce soit la beauté des corps, les gueules patibulaires des mafieux ou la représentation de bâtiments avant et après le séisme.
En 720 av JC, Judith, une jeune veuve, séduit le général assyrien Holopherne avant de le décapiter.
Mardi 17 avril 1906, une femme de chambre du Palace Hotel de San Francisco entre dans la suite du chanteur d'opéra Caruso. Elle y trouve un tableau qui suscite manifestement de nombreuses convoitises...
C'est autour du peintre autrichien Gustav Klimt et ses tableaux (dont la fameuse représentation de la décapitation d'Holopherne) que Damien Marie (Ceux qui me touchent entre autres) a construit son récit qu'il place dans une période bien particulière; entre le 17 et le 23 avril 1906, en plein tremblement de terre à San Francisco. Un cataclysme, et l'incendie qui suit, qui vont ravager la ville.
Fabrice Meddour ("Après l'enfer" déjà avec Damien Marie, "La fille sur le quai"), propose un magnifique travail essentiellement sépia (mais pas que). Inspiré par l'Art nouveau de Klimt, il s'attache aussi à respecter un certain réalisme historique. Le récit emprunte en effet de nombreux événements et personnages réels de ces jours d'effondrement.
Cette première partie d'un diptyque est parfaitement orchestrée. J'ai trouvé cette double entrée, historique et artistique, emballante et bien portée par un joli travail graphique. Le récit a encore beaucoup de secrets à dévoiler, vivement la suite !
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