Blanche vient de perdre son mari, Pierre, son autre elle-même. Un jour, elle rencontre Jules, un vieil homme amoureux des fleurs...
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D’amplitude crépusculaire, « Quatre couleurs » est un marqueur sociétal.
Une enfance avec des cernes sous les yeux.
Engagé, l’impulsion d’un récit nécessaire.
Une plongée dans l’idiosyncrasie scolaire.
La lente explosion des faillites de l’Éducation nationale.
C’est un roman dont il faut prendre soin. Tant ses signaux sont véridiques.
Retenir ce qui va advenir immanquablement.
Cette dignité d’échapper aux désastres du monde.
« Quatre couleurs » un stylo symbolique, qui devient un outil, pour Obi. Ce petit garçon qui vole cinq euros à sa maman. S’acheter la rédemption, l’égalité et la franchise de ses camarades de classe.
Ce petit poulbot au visage ingrat, mal aimé du corps enseignant et le bouc-émissaire d’un collège en déliquescence.
« Ce quatrecouleurs, il brillera dans le regard des autres plus que n’importe quel autre quatrecouleurs. Et quand le prof lui demandera d’écrire, il dira comme d’habitude qu’il n’a pas de quoi, sauf que cette fois-ci ça sera faux et tout le monde le saura. Il faudra faire attention, par contre, car au collège les gens seront comme dans les rues ou les avions les visages agglutinés aux hublots : tout le monde voudra le voir et même le lui prendre, et ils ne reculeront devant rien. Il faudra être féroce. »
Le collège est une fourmilière. Un microcosme où s’agite les disparités sociétales. L’emblème où un quatrecouleurs entre les mains de Obi, changerait les murs gris en aurore boréale. Il n’en est rien. Obi va se le faire voler. Obi va comprendre la loi des cruautés enfantines, mais pas que.
«Con d’Obi, garçon des rues qui n’aurait jamais dû mettre les pieds ici. Il a le cerveau déchiré, on n’a pas ce qu’il faut pour s’en occuper, et puis moi, selon l’expression consacrée, je ne suis pas assistant social. Pour qu’il la ferme et ne dise rien du contenu du tiroir, je l’ai humilié devant toute la classe. - On ne fera jamais rien avec des gens comme toi, regarde-toi... »
M. V un professeur à mille mille de M. Keating du « Cercle des poètes disparus». Lucide et désenchanté, acerbe souvent. Méchant et lâche parce que malheureux et incompris.
L’école inclusive, l’idéal des nantis et des sphères glorieuses, n’est pas pour le jour présent.
Le collège est une plaie ouverte. Une bombe à retardement.
M. V résistant dans l’ironie de ses enseignements. En rage souvent, impatient et pitoyable. Il a perdu dans son quotidien la méticulosité d’être un passeur des savoirs.
Nul écho dans cette salle de classe où il ne doit rien lâcher. Seul et en manque de soutien du ministère. Les années passées dans un collège où il a perdu sa foi dans le prochain et l’estime de sa vocation.
Le budget figé, les failles d’un système qui ne prend pas soin du plus faible. Il est la représentation de l’absolu des tragédies humaines.
Obi est son bouc émissaire et son double cornélien. Deux êtres qui se confondent dans les douleurs et les blessures. Le radeau de Géricault en quelque sorte.
Obi est son exutoire, et les paroles assassines ne sont que sa propre traversée du miroir.
La connivence des désastres sociologiques.
« Monsieur, vous croyez que c’est nous les mauvais esprits ? »
Les chapitres sont des séquences où l’on passe d’une voix à une autre. Où l’évènementiel va devenir un tsunami.
On aime Jocelyne la femme de ménage, qui guette, veille, nettoie, inlassablement.
« Ouvre c’est bordel, chaises pas sur les tables... »
« Faut pas déconner, pour qui se prennent-ils ceux-là, suis leur boniche ou quoi ? »
Les écueils liés au racisme sont prégnants. La pauvreté muselée, dans l’indolence d’un pays dont la culture et l’équité loyale ne sont pas la priorité. Le décalage ubuesque avec les collèges des hautes sphères. Ceux d’un monde lissé où d’aucuns ne sont des mauvais élèves comme il est écrit sur le tableau noir des diktats.
« Quatre couleurs » est dans cette radicalité d’une trame résolument politique et ardente. La sensibilité d’une écriture insurpassable, qui dessine une fresque scolaire pétrie d’humanité. Thomas Terraqué délivre l’inclusion incandescente qui bouleverse par sa justesse et sa clairvoyance. « Quatre couleurs » , l’espérance au fronton des grandes révoltes enfantines.
Comment échapper aux sardoniques injustices ?
Ce roman de pluie et de détresse, filmique, au summum d’un ralenti sur nos consciences.
Il est la proclamation sans fraude, de la réalité.
« Quatre couleurs » est l’allégorie de Obi et en quelque part aussi celle de M. V.
L’incarnation d’un chef-d’œuvre militant et superbe.
Une fresque Panthéon, tant sa clef est un livre blanc à bâtir.
Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.
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