"Traité de savoir-survivre à l'usage des désœuvrés volontaires"
Noémi Lefebvre réarticule ici des questions qui hantaient déjà ses trois précédents ouvrages : celle des pratiques artistiques sous un régime totalitaire, celle de la culpabilisation laborieuse qui « travaille » de l'intérieur tout chômeur, et celle du réexamen du schéma oedipien à partir de la mémoire post-traumatique des guerres au XXe siècle. Pour rouvrir ces trois pistes à l'unisson, Poétique de l'emploi part d'une situation on ne peut plus concrète : entre novembre 2016 et avril 2017 - autrement dit, de la promulgation de l'état d'urgence aux manifestation contre la Loi travail -, le personnage principal (au sexe non identifié et au prénom inconnu) profite de son statut social de « sans emploi » pour flâner dans divers quartiers de la « bonne ville de Lyon » tout en cherchant, fort de son expérience d'auteur d'un médiocre roman à succès, s'il y a encore une place dans la société ici présente pour « la poésie » et « les petits oiseaux » (sic). En chemin, elle (ou il) va croiser à maintes reprises son père, un homme d'affaires cultivé qui ne sait visiblement plus quoi dire ou faire pour exercer sa bienveillante autorité sur sa progéniture.Ce dialogue de sourds intergénérationnel sur fond de chômage de masse et d'omniprésence policière n'est qu'un prétexte pour passer de la fausse naïveté d'une vocation de poète à des interrogations abyssales : peut-on faire de la poésie sous état d'urgence ? Peut-on flâner quand on n'a pas de statut social ? Peut-on travailler sans avoir un emploi ? La poésie peut-elle échapper au langage préfabriqué de la doxa culturelle ? Peut-on échapper dans sa tête aux nasses policières ? Cette dérive psycho-géographique, conjuguée aux joutes verbales désopilantes avec un fantomatique surmoi paternel, engage en profondeur un autre débat à mots couverts. D'où les conseils poétiques en dix « leçons » qui scandent l'ensemble du livre, lui donnant la dimension fulgurante d'un « Traité de savoir-survivre à l'usage des désoeuvrés volontaires ».
"Traité de savoir-survivre à l'usage des désœuvrés volontaires"
Bonjour !!
J’ai reçu le livre « poétique de l’emploi » de Noémi Lefebvre. Ce livre est a mi-chemin entre un roman et un traité philosophique. Je n’ai pas accroché ; heureusement qu’il ne contient que 112 pages sinon je ne serais pas allée jusqu’au bout. Il soulève cependant des sujets et des questionnements importants comme la marginalité injustement dénigrée, la « normalité » (Que faire quand l’on ne correspond pas à la norme infligée par la société actuelle), la différence, la trop grande importance que l’on accorde au travail, le terrorisme, la tolérance. Mais encore, l’oubli du rêve, de l’imagination, de la poésie, de l’écoute de l’autre. Ce livre n'est pas accessible à tous les lecteurs.
Un dédale de pensée sur la vie des gens ordinaires où se cachent des perles de vérités criantes qu'on voudrait mettre en slam.
L'auteur nous propose un récit philosophique avec comme pierre angulaire la poésie. Le lecteur est face à un objet littéraire qui triture ses méninges. L'auteur se questionne sur la société d'aujourd'hui, le travail, la solitude, la société de consommation.... Le héros est un jeune d'aujourd'hui qui essaye tant bien que mal de trouver sa place et se trouver.
Notre narrateur (homme ? femme ?) sans emploi, erre dans les rues de Lyon à la recherche de la poésie. Est-elle encore présente en cette période difficile pour le pays ? Entre l’état d’urgence (novembre 2016) et les manifestations contre la Loi travail (avril 2017), le narrateur se pose mille questions sur son destin. Tellement d’interrogations que Noémi Lefevre nous indique la route à suivre à travers dix leçons de poésie.
« Leçon numéro 10 : Poètes, laissez tomber les alexandrins, sauf si c’est pour vous payer de quoi manger. »
Ce court texte ne se lit pas si facilement, les méninges bouillonnent dur. Je l’ai reçu comme un texte philosophique, vous savez, de ceux du lycée que l’on décortique de partout pour n’en tirer que le meilleur. Et c’est chose faite. Il est complexe, polyvalent, particulier, me perdant dans des longues phrases de pensées très personnelles. Il s’interprète à un moment T avec nos propres critères (âge, sexe, emploi…) ce qui le rend universel. Je le relirai et mon ressenti sera différent, c’est sûr.
Merci à lecteurs.com
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2018/08/31/36668680.html
J ai eu du mal à accroché. Syis restée sur ma faim, fin. Écriture particulière qui peut s s'avérer peu accessible, cela dépendra du lecteur. Une errance oui au fil de la lecture, des questionnements sur la vie, le besoin de travailler, mais vivons nous dans une société où l errance est acceptée ? Là est toute la question.
Ce roman est écrit tel un traité philosophique de la poésie, et notamment de sa place dans la société contemporaine, de la libre errance.
" Poétique de l'emploi " de Noémi Lefebvre est publié en cette année 2018 aux Editions Verticales.
En dix leçons, le poète / lecteur est ainsi armé face au désarroi de la vie.
p. 12 : " J'avais la faiblesse d'imaginer que la poésie serait la liberté de dire n'importe quoi quelles que soient les atteintes à la République et les menaces qui pèsent sur la Démocratie. "
A la recherche d'un emploi, sans réellement en chercher, et en ayant surtout l'appréhension d'en trouver un, la narratrice nous conte ses interrogations.
p. 45 : " [...] je voulais apprivoiser l'idée d'un travail mais l'idée ne s'apprivoise pas, il faut y aller c'est tout, comme les gens font avec le travail, ils y vont, mais comment y aller quand on n'a pas le temps à cause du temps qui passe et qui nous est compté ? "
Le lecteur est ainsi propulsé dans les rues de Lyon, au gré des événements sociaux, tels que les mesures post-attentats ou les manifestations contre la loi travail.
p. 56 : " Ta conscience entre deux attentats se réveille soudain à cause d'un besoin que le monde soit beau ou du moins plus gentil, alors tu imagines des histoires vraies vécues par des vraies gens, tu penses aux victimes de tout ce qui n'est pas beau et vraiment pas gentil comme la guerre et la haine. "
A travers cette errance, des dialogues avec son surmoi de père, qui sont finalement plus des monologues tant la communication semble unilatérale.
p. 51 : " - Mais Papa, sans vouloir te vexer ni rien te reprocher, je ne me souviens pas que tu aies fait, je veux dire par toi-même, quoi que ce soit d'exemplaire.
-Il me suffit d'être pour avoir été et réciproquement, et de devenir de la même façon. C'est ça qui est exemplaire. Alors prends-en de la graine. "
La narratrice est prise d'une certaine angoisse à vivre.
p. 81 : " [...] j'avais certainement des carences en quelque chose, peut-être affectives, sans doute aussi en joie. "
Dans un quotidien post-attentat où la présence significative de l'armée dans le paysage questionne la narratrice sur la l'état de guerre du pays. D'où les références très présentes tout au long du roman aux écrivains allemands Klemperer et Schiller, et autrichien Kraus.
p. 64 : " [...] en lisant Kraus je voyais un peu mieux ce qui peut arriver quand la liberté se met à dépendre d'un idéal plus élevé sur l'échelle d'un Etat, suivant des formules bien connues du type le travail rend libre ou la sécurité est la première des libertés. "
Ce livre est finalement une suite d'interrogations sur la nécessité de trouver un emploi pour survivre, en substituant sa propre liberté à celle de l'employeur, dans une société où le "sans-emploi" est perçu comme une tare.
p. 13 : "- Est-ce que tu peux pas dire que plus t'angoisses de trouver un travail et plus tu t'angoisses d'avoir un travail si jamais tu en trouves, tout en angoissant de ne pas en trouver ? "
Un livre très court, d'une centaine de pages seulement, mais qui nécessite une relecture tant son accessibilité est restreinte de prime abord. En effet, de construction plutôt complexe, avec parfois des phrases dont la longueur s'étire sur plusieurs pages, ce récit aborde tant de sujets divers et variés que le lecteur a de quoi s'y perdre... Une approche très particulière et surtout très personnelle de la poésie.
Merci à Noémi Lefèbvre pour ce grand frisson ;le point de vue d'un garçon détaché de la vie réelle , drogué mais d'une conscience aigüe de la difficulté de vivre dans un monde compromis cruel ou l 'argent fait loi . Pas de place pour la poésie , mais le narrateur est un poète .Les phrases de Noémi Lefebvre fusent , s'enchaînent , s'emmêlent dans un désir de possibles qui rejoint notre monde réel. La confrontation entre un père riche , travailleur , pointilleux , exploiteur et un fils surhumanisé , sensible ,déchiré entre l'acceptation de la réalité , la réussite d'aller de l'avant , d'être confronté au travail, à la vie quotidienne comme chacun, ou garder SA liberté de penser sans être sûr du lendemain. C'est une fulgurance !Une explosion dans ma tête ! Des phrases nettes, précises ou ,au contraire , tortueuses comme des serpents ou , douces , attendrissantes comme une couronne de fleurs , ou le baiser d'un enfant....Magique!!
C'est à travers ce garçon rêveur , parfois perdu , qui ne sait pas trop se situer dans notre monde que Noémi Lefebvre aborde des thèmes récurrents de notre société tels que la performance dans le travail ,le dénigrement des "marginaux" , l'incapacité à l'écoute ....Et l'oubli du rêve , des bienfaits de l'imagination entre autres ...On prend des coups au coeur , des coups à la tête . Pour le narrateur , la poésie est LA CLE de la liberté . Mais n'est ce pas un mensonge quand on sait que le langage de la poésie est faite de mots , d'expressions déjà existantes ? Existe t'elle seulement?
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