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Il existe deux raisons pour lesquelles une nouvelle édition des oeuvres de Leconte de Lisle est devenue nécessaire. D'abord, toutes les éditions antérieures sont épuisées. Ensuite, depuis la dernière édition publiée (1976-1978) de nombreux inédits et des publications en revue oubliées ont refait surface ; les études qui se sont multipliées ont changé l'image stéréotypée d'un poète " impassible " et " impersonnel ", fermé à toute innovation, enfermé dans un dogmatisme pontifiant, que les " survols " du XIXe siècle ont longtemps véhiculé. Les trois grands poètes du milieu du XIXe siècle (Baudelaire, Banville, Leconte de Lisle) ont bien constitué, chacun avec son originalité, le socle commun sur lequel les révolutions esthétiques ultérieures se sont fondées. Ce socle comprend deux ensembles : d'un côté une réflexion en profondeur sur le rôle de l'esthétique dans la vie de la cité (entre l'exclusion ou le retrait des poètes de la cité et leur " engagement " dans les aléas de l'histoire), de l'autre une recherche formelle (en particulier métrique) de haut niveau, de nature à contester les divers prêts-à-porter idéologiques et esthétiques et à promouvoir des formes et des produits "nouveaux " et " inconnus" (Baudelaire).
Après les Poésies complètes, publiées dès 1858 par Poulet-Malassis, les éditions Lemerre ont construit, entre 1872 et 1895, l'oeuvre de Leconte de Lisle comme une architecture à quatre corps, Poèmes antiques, barbares, tragiques et Derniers poèmes. Construction imposante mais qui a eu pour effet d'en diffuser une image stéréotypée, une image conservatrice et archaïsante. L'édition publiée aux Belles Lettres (1976-1978) avec un important volume d'Oeuvres diverses avait montré la complexité d'un parcours improbable, dynamique, et perpétuellement autocritique. La présente édition va plus loin. Tout en conservant les quatre corps du monument Lemerre (t. II, III, IV), elle s'est donné pour objectif dans son tome I de restaurer une oeuvre romantique (1837-1847) qui comprend pas moins de quatre recueils poétiques, ébauchés ou quasiment achevés, une série de récits en prose et d'articles sur l'esthétique et la politique. A l'autre bout, dans le t. V, elle fera un sort à l'oeuvre en prose, de 1852 à 1894, où l'on trouvera, outre des prises de position politiques qui méritent l'attention, les grandes préfaces-manifestes qui ont marqué de façon indélébile la réflexion esthétique, une sorte de préface de Cromwell de la génération post-romantique.
Edgard Pich, professeur honoraire de langue et de littérature françaises modernes et contemporaires à l'Université Lyon 2, a soutenu une thèse sur Leconte de Lisle et publié une première édition de ses oeuvres. Il est également l'auteur d'ouvrages sur Molière, Mme de Sévigné, Racine, Stendhal, Balzac, Victor Hugo, l'autobiographie. Il est considéré comme un spécialiste des relations culturelles internationales et a publié un grand nombre d'études sur ce sujet et en particulier sur la mondialisation de la langue française.
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