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La littérature sur l'attentat manqué contre Hitler du 20 juillet 1944 est très abondante, de même que les biographies sur Claus von Stauffenberg, son initiateur. On sait cependant peu de choses sur le sort des familles des conjurés et sur leur véritable rôle dans cet événement. Le livre de Konstanze von Schulthess, la plus jeune des filles de Stauffenberg, s'inscrit dans une volonté manifeste d'évoquer la face méconnue de ce tragique épisode.
« La famille Stauffenberg sera détruite jusqu'au dernier membre », a déclaré Hitler après l'attentat. Nina, son épouse, est arrêtée deux jours plus tard, et commence alors pour elle près d'une année d'isolement : d'abord dans les prisons SS, puis dans le camp de concentration de Ravensbrück et, enfin, dans les hôpitaux. C'est sa grossesse qui l'a sans doute sauvée de l'exécution ; elle a donné naissance à sa fille en prison, ne sachant pas quel sera son sort et celui de l'enfant.
Dans cet ouvrage très bien documenté, l'auteur s'efforce de réparer une double injustice. Elle concerne d'abord son père et ses projets d'attentat. Pendant longtemps, Stauffenberg a été présenté par l'historiographie comme un opportuniste. Preuves à l'appui, Konstanze von Schulthess démontre que son père a commencé à prendre ses distances avec Hitler dès 1938 et la Nuit de cristal. Mais, avant tout, Konstanze von Schulthess tient à rétablir l'image de sa mère, l'un des personnages féminins les plus fascinants de la résistance allemande.
Souvent traitée par les biographes de Stauffenberg comme une petite ménagère aigrie, ignorante, elle était en réalité au courant dès le début des projets de son mari et de leur issue incertaine. Enfin, le portrait de Nina von Stauffenberg est celui d'une femme forte, moderne et indépendante à une époque où l'émancipation des femmes était encore loin.
Basé sur des entretiens, de nombreux documents, lettres et archives familiales, mais aussi des histoires orales transmises de génération en génération, le livre résume une histoire familiale qui se confond avec la grande Histoire dans ses moments les plus tragiques.
Nina épouse Claus von Stauffenberg le 23 septembre 1933 et cinq enfants sont nés de ce mariage : Berthold, Heimeran, Franz Ludwig, Valerie et Konstanze. À l'arrestation de Nina, les enfants sont enlevés par les nazis et placés dans un orphelinat sous un faux nom, dans le but d'être adoptés. Le cinquième enfant, Konstanze, est née en captivité, le 27 janvier 1945, à l'hôpital de Francfort-sur-l'Oder.
Après la guerre, la famille retrouve la propriété familiale de Lautlingen. Nina est décédée le 2 avril 2006 à l'âge de quatre-vingt-douze ans.
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