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« un être peut-il en répéter un autre, ou le continuer, le prolonger, d'une génération à la suivante ? » en faisant sien, le temps d'un roman, le prénom hongrois qu'il aurait dû porter, alain fleischer reconnaît en lui la personnalité de son oncle sàndor, mort à l'âge de 27 ans dans un train roulant vers auschwitz, alors qu'il était lui-même né trois mois plus tôt.
Les quelques souvenirs de l'existence de son oncle lui deviennent propres à mesure qu'il les imagine et restitue l'agonie de son alter ego comme si c'était la sienne. si personnels lui soient-ils, ses goûts et ses talents, son inclination dès l'enfance pour les jeunes filles comme sa précoce passion pour la photographie et le cinéma, semblent lui venir de cette vie antérieure, dont il se souvient en l'inventant.
Grâce à un procédé narratif original, parvenant à confondre les deux sàndor en un seul, alain fleischer nous offre là un des romans les plus troublants jamais écrits sur le double mystère de l'identité et de la transmission. moi, sàndor f. devrait aussi rester comme un maître livre de cette littérature d'après les camps, que jean cayrol voulait« lazaréenne » ou de résurrection.
Jean-luc moreau
Tres beau livre d'Alain Fleischer.J'ai ete très émue par cette histoire.L'arret soudain de vies heureuses,le malheur,la desesperance.L'auteur a ete remarquable dans cet exercice de style et je n'ai jamais ete genee par le passe et le present.Bravo.
La collection Alter Ego chez Fayard, propose à des auteurs l’écriture d’ « autobiographies fictives » qui les portent aux frontières de leur personnalité et de leur œuvre. Alain Fleischer affiche qu’ « il s’agit moins de s’identifier à la vie d’un autre que d’identifier en soi une autre vie possible » ; il propose un double récit, le sien « moi Sàndor F. né à Paris en 1944 » et celui de son oncle « moi Sàndor F. né à Budapest en 1917, [qui] vais mourir dans quelques heures ou quelques minutes, quelque part entre la Hongrie et la Pologne » dans un train à destination d’Auschwitz, trois mois après la naissance de son neveu. Le jeu de miroir est permanent entre les deux narrateurs (à la première personne) : « Moi Sàndor F., né à Budapest en 1917, j’ai eu deux frères : Karoly, mon père… et Béla l’aîné, mon oncle… et j’ai eu une sœur, Lenke, ma tante… ».
Le neveu tente, en respectant le peu qu’il sait de son oncle, de le prolonger jusqu’à lui : « Je me souviens que j’imagine, j’imagine, je me souviens, j’imagine que je me souviens ». Son goût précoce pour les jeunes filles - un roman précédent d’Alain Fleischer s’intitule L’amant en culottes courtes - sa passion pour la photo et le cinéma - sur lesquels AF a écrit plusieurs essais - semblent lui venir de cette vie antérieure dont il se souvient en l’inventant. Il restitue l’agonie de son alter ego comme si c’était la sienne. La fin illustre avec virtuosité le passage de l’un à l’autre, en une métaphore de résurrection du corps outragé.
Moi, Sàndor F. est un livre difficile par sa construction dédaléenne et par son sujet. Il vient en illustration magnifique du chaînage perpétuel qui lie les générations , érigeant, maillon après maillon, les familles comme autant de sagas. L’auteur, écrivain chevronné, maîtrise avec rigueur un style classique de haute tenue.
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