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Matérialisme et lumières ; philosophies de la vie autour de Diderot et de quelques autres (1706-1789)

Couverture du livre « Matérialisme et lumières ; philosophies de la vie autour de Diderot et de quelques autres (1706-1789) » de Paolo Quintili aux éditions Honore Champion
Résumé:

De la fin de la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes, qui coïncide grosso modo avec la mort de l'encyclopédiste majeur de l'époque moderne, Pierre Bayle (1647- 1706), passant par l'Encyclopédie (1751-1772) de Diderot, jusqu'à la veille de la Révolution, on assiste à un tournant... Voir plus

De la fin de la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes, qui coïncide grosso modo avec la mort de l'encyclopédiste majeur de l'époque moderne, Pierre Bayle (1647- 1706), passant par l'Encyclopédie (1751-1772) de Diderot, jusqu'à la veille de la Révolution, on assiste à un tournant historique et culturel fondamental.

Une première modernité philosophique s'était déployée, à travers le Grand Siècle, après l'Édit de Nantes (1598), sanctionnant une relative tolérance religieuse et politique, dans l'Europe dévastée par les guerres de religion. Le XVIIe siècle avait été l'époque d'une raison exigeante, qui soumettait au regard géométrique de son jugement toute région historique de l'existence humaine, pour démarquer avec rigueur le domaine du rationnel par rapport à tout ce qui pouvait se rapporter à l'imagination, à la fantaisie et aux produits, plus ou moins déviés, des passions humaines. Époque des grands systèmes métaphysiques de Descartes, Spinoza, Malebranche, Leibniz, comme celle des Libertins érudits, leurs antagonistes/disciples. La constitution historique des Lumières européennes, dans leurs multiples aspects, se greffe sur ce double héritage du siècle de Bayle. Les facteurs intellectuels qui caractérisent la période de «crise de la conscience européenne» (1685-1715) et qui donneront origine aux Lumières, peuvent donc se retrouver bien avant le début de ce mouvement d'idées qui traverse le XVIIIe siècle. L'oeuvre souterraine, longtemps négligée, des philosophies matérialistes issues de la métaphysique mécaniste de Descartes et des médecins hétérodoxes qui s'inspiraient de ce modèle ou en contestaient la valeur, entre la fin du XVIIe siècle et la première moitié du XVIIIe, engendre des nouvelles approches des vieux problèmes de l'âme, de l'origine du monde, de Dieu. Les philosophies de la vie de Diderot et de ses contemporains (Meslier, La Mettrie, D'Holbach et al.), au passage de la nouvelle époque, sont redevables de cette tradition et ont fourni un apport considérable à la généalogie de la forma mentis des Lumières, avec ses concepts clés (tolérance, laïcité, droits de l'homme etc.). Il s'agit d'une véritable seconde modernité, qui se déploie à partir de la première.

Il conviendra de parler alors - comme de la faculté princeps de cette époque de l'histoire intellectuelle -, d'une raison sensible, celle des médecins et des Philosophes des Lumières, attentifs à la formation psycho-physiologique de la rationalité elle-même à partir du sensible (tact, vue, ouïe etc., passions) y compris ses dégénérescences ; et de parler de matérialismes au pluriel, pour marquer la variété et la richesse des propositions de ces grands Philosophes dont on n'a longtemps connu la pensée que par le biais des opinions, souvent fallacieuses, de leurs adversaires.

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