La figure de Malraux concentre aujourd'hui un faisceau de valeurs dont les manifestations ne sont ni transparentes ni faciles à mettre en débat. Ses textes sur l'art, pléthoriques, répétitifs et elliptiques, restent difficiles à lire. On en retient quelques énoncés qui instituent une tradition de réception et dessinent une série de fantômes et de profils, incomplets ou hâtifs. Aujourd'hui le renouveau d'intérêt que suscite l'idée de musée remet au premier plan la figure du « Musée Imaginaire ».
Il sera moins question d'exposer la cohérence inaperçue d'une pensée souvent jugée absconse que de souligner les équivoques d'une écriture et des lectures qu'elle suscite. L'ambition de ce livre n'est pas celle d'un retour aux textes et aux faits dans l'espoir d'y retrouver Malraux tel qu'en lui-même ou en vue de restaurer le « vrai visage » de la Psychologie de l'art. Pas de tabula rasa. Mais une approche qui tente de frayer un chemin dans la matière dense des médiations, de démêler les traits de cette mythographie critique complexe et de proposer de nouveaux dispositifs de lecture. C'est bien de la vie d'une oeuvre qu'il s'agit, celle, mouvementée, des essais de Malraux, et celle de la vie des oeuvres qui met à l'épreuve les morphologies du temps et les modèles d'historicité, les valeurs de culture et les limites, individuelles ou collectives, du sujet de l'expérience de l'art.
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