"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Que faisait Emna B. à Lyon, la nuit où on l'a retrouvée noyée ? Ces derniers temps - est-ce parce qu'elle est enceinte ? - Anne Cabane, enquêtrice de personnalité pour la justice, constate des correspondances préoccupantes entre ses enquêtes et sa vie privée : la frontière n'est plus étanche. D'abord, madame Karabotchka, sa grand-mère, morte après avoir fourré une brioche au four. Son étrange émoi en présence de Martin. Lucie Clos, l'accusée à la peau transparente. Et puis cette statue à réparer, l'escalier marseillais qui penche, une entrevue empêtrée dans un couvent, la chambre moite à La Marsa...
Un roman policier intimiste sans l'ombre d'un flic, où l'enquête officielle d'Anne Cabane se lit en contrepoint de sa quête personnelle. « Un jardin aux sentiers qui bifurquent », selon l'expression de J. L. Borges, car ici les chemins et les sens forment, sans forcément se croiser, une constellation. Et Antoine, qui bêche, tranquillement.
Enquêtrice de personnalité, tel est le métier qu’exerce Anne Cabane. Non, ce n’est pas la même chose que profileur, elle n’a pas pour vocation de déterminer le profil de l’assassin pour mieux le retrouver. Anne rencontre les protagonistes de l’affaire, dont le suspect principal et en fera le portrait lors du procès. Ici, elle cherche à mieux connaître Emna B. trouvée noyée à Lyon.
Tout semble bizarre lors de cette enquête. Est-ce parce qu’elle est enceinte que la frontière entre sa vie privée et professionnelle vole en éclat ? Est-ce le décès de sa grand-mère et les découvertes qu’elle fera en débarrassant la maison ? Enquête et quête personnelle se mélangent dans sa tête, dans sa vie.
Toujours est-il que c’est le grand chambardement dans son esprit. Cela se sent dans l’écriture d’Anne-Christine Tinel. Les phrases sont courtes, quelque fois déstructurées. On oscille entre le RAP, la poésie nerveuse. L’écriture devient calme, limpide, classique lorsqu’elle se trouve avec son compagnon, Antoine. L’homme parfait ! Le pilier sur lequel elle peut s’appuyer pour mieux disséquer ses recherches personnelles et professionnelles.
Le brouillon des pensées d’Anne ne transparait pas dans ce livre, au contraire. Anne-Christine Tinel nous offre plusieurs styles d’écriture, de pagination sans que cela soit gênant, un véritable tour de force, de magie, ou plus simplement de talent.
Ne cherchez pas à classifier ce livre, vous n’y arriverez pas et perdrez tout le sel de ce roman.
Comme toujours, les Editions Elyzad nous offre un livre techniquement parfait et une romancière que j’ai eu un grand plaisir à découvrir.
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