"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Aiden, qui veut dire petit feu en celte, vit au Limbo hôtel village, un hameau en bord de mer quelque part en Ecosse, déserté de tous ses habitants. Et Aiden est en effet la petite lueur d'espoir du patron du Limbo hôtel, un bel endroit qui n'accueille plus d'hôtes depuis bien longtemps. Depuis le drame qui a plongé cet homme dans le désespoir et fait fuir tous les habitants du village... Le marin manchot et bourru reconverti en gérant d'hôtel a perdu sa femme enceinte lors d'une nuit d'orage. Depuis il répète inlassablement les mêmes taches dans les différentes maisons du village. Et il attend un message de l'au-delà en décryptant les mots composés par les lettres peintes sur le pelage de ses moutons... Une nuit il va recueillir un bébé orphelin qui arrive dans une roulotte, sa mère morte à ses côtés. Ce sera Aiden, le héros de notre histoire...
Taciturne et solitaire, le vieux Kein vit reclus les mêmes rituels, jour après jour, tenancier d'un hôtel désormais déserté depuis la mort de sa femme Cory alors enceinte.
Le même silence, troublé par le clapotis des vagues ou le bêlement des brebis sur lesquelles il trace des lettres comme sur un boggle vivant pour y trouver les mots qui vont nourrir sa solitude.
Jusqu'au jour où les cris d'un bébé viennent troubler son triste existence.
Le petit Aiden hurle dans ses langes aux côtés du corps de sa mère sans vie.
Alors Kein prend l'enfant.
Quelques années plus tard Kein est toujours aussi rustre et le jeune garçon aux cheveux roux se réfugie dans son imaginaire pour supporter la rudesse de cette région reculée, de ce cœur déserté et de ce silence pesant, jusqu'à oser entrer dans l'hôtel laissé à l'abandon.
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Les albums d'Enrique Fernández sont toujours des moments de lecture d'une poésie et d'un onirisme échevelé.
Emportée par L'île sans sourire, Aurore ou plus récemment Hammerdam, je n'ai pu résister à backer Limbo Hotel sans presque en lire le pitch.
Comme d'habitude, Fernández nous livre un univers particulier, toujours un peu mystérieux aux recoins surnaturels.
Cette fois, ce bord de falaise battue par les vents, cadre de douleur et de solitude de Kein, enfermé dans son malheur, incapable de voir cet enfant qui tout d'abord fait tout pour le satisfaire puis s'éloigne, débordant de curiosité et d'imagination.
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À travers des ellipses brutales, la douleur, la peur, la perte de Cory, l'angoisse et la colère d'Aiden se ressentent.
La colère de Kein aussi. Envers la mer, la baleine, les autres, la vie...
Et cet enfant qui essaie d'exister dans les yeux de celui qui l'a vu grandir sans le regarder vraiment.
Le gouffre entre le malheur de ce vieil homme bourru et l'énergie flamboyante d'un petit garçon !
Le tout illustré magnifiquement encore une fois avec ces visages si caractéristiques et ces planches si vivantes, ces teintes franches et ces personnages entre rêve et cauchemar.
Un drôle de voyage, à interpréter avec sa sensibilité. Bel album !
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