"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Marie-Anne Le Page, dame du Boccage, née à Rouen en 1710, morte en 1802, fut couverte d'éloges en son temps.
Reçue à Ferney par Voltaire qui lui assurait que ses lettres étaient " supérieures à celles de Lady Montaigu ", adulée par Fontenelle qui la comparait à Mme du Châtelet, elles séduisit ses contemporains par ses lettres qui, pleines d'aisance, d'élégance et d'intérêt, nous charment encore aujourd'hui. Les Lettres sur l'Angleterre et la Hollande débutent par le récit de la traversée mouvementée du Channel.
Une " peur outrée " de s'ennuyer - trait de sa personnalité qu'elle soulignera en diverses occasions - la détermine à quitter le port de Calais sans se soucier du mauvais temps. Obligée de se confier à une chaloupe au moment d'aborder en Angleterre, elle assiste au naufrage de deux navires, qu'elle commente dans un esprit déjà romantique : " Ce spectacle d'une beauté horrible parut un rêve à mon âme agitée.
" A Londres, les dames du meilleur monde s'empressent autour d'elle ; elle fait la connaissance de Lord Chesterfield dont elle goûte le bon ton et qu'elle apprécie pour avoir " voyagé dans toutes les Cours et n'en [avoir] pris que le bon : une plus grande connaissance des hommes, plus d'agrément dans la conversation, la facilité de bien parler diverses langues, une bibliothèque choisie, les meilleurs tableaux pour orner son palais, et le désir de le bâtir dans un bon goût d'architecture ".
Elle trouve là un modèle d'excellence et l'expression d'un art de vivre auquel elle semble très attachée. Elle rencontre gens de lettres, savants, collectionneurs d'art et amateurs de jardins. S'intéressant à la forme du gouvernement, elle constate qu'à l'opposé de ce qu'on observe en France, les nobles anglais sont encouragés à étudier et à voyager pour être à la hauteur des positions qu'ils seront amenés à occuper au Parlement et au Ministère.
Elle goûte la brillante vie londonienne : le théâtre, les concerts spirituels de Haendel, dont les oeuvres l'enchantent, les soirées dans les jardins de Vauxhall ou du Ranelagh. Invitée à la campagne, elle est impressionnée, à Hampton Court, à Windsor, à Blenheim, à Stowe, par la grandeur des bâtiments et par l'aménagement des jardins, qu'elle décrit avec une justesse et une délicatesse de goût qui nous confondent.
En Hollande, grâce aux bons offices de Lord Chesterfield, elle est présentée à tout ce qui compte dans le monde des lettres, des sciences et des arts. Le pays lui paraît d'une merveilleuse propreté et ses habitants, actifs et industrieux. Le recueil s'achève par une lettre envoyée de Forges, où de retour en France, elle prend les eaux avant de regagner Paris. Cette étape nous vaut une peinture alerte du petit monde des curistes, bien loin des préoccupations intellectuelles des lettres d'Angleterre ou de Hollande.
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