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Écrites neuf ans avant Le condamné à mort - le premier livre de Jean Genet -, les lettres qui ouvrent cette correspondance font découvrir un jeune homme de vingt-trois ans qui fréquente, à Paris, dans les cafés de Montparnasse et du Quartier latin, artistes et intellectuels, et se lance en proposant un article à une revue éphémère appellée Jeunes. Elles constituent un précieux témoignage sur Genet pendant ces années trente qu'il a toujours passées sous silence et dont aucun écrit n'avait été retrouvé jusque-là. Une période pourtant décisive pendant laquelle Genet s'engagea dans l'armée, découvrit la Syrie et le Maroc, puis déserta pour vagabonder à travers l'Europe.
Ces Lettres surprendront d'autant plus les lecteurs de Genet qu'elles contiennent tous les grands thèmes de l'oeuvre à venir. Genet parle d'amour, glisse de la prose au vers, se moque de son ambition : « J'aurai plus tard, écrit-il, des proses incandescentes au milieu des rosées et des triolets frais parmi les sables rouges », et vit dans l'attente d'un départ imminent.
Mais elles révèlent aussi le personnage épris d'absolu de sa correspondante, Andrée Pragane, alias Ibis, qui le fit entrer dans les cercles de ses amis, jeunes gens dont les traces sont aujourd'hui presque toutes effacées.
Une dernière lettre, écrite par Genet en 1984 au fils d'Ibis, referme cet ensemble. Elle dit superbement le rapport de Genet au temps, au souvenir comme à l'oubli.
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