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Véritable « code de l'occupation ennemie », Les Murailles de Saint-Quentin reproduisent les deux cent treize affiches publiées par l'autorité militaire allemande, qui révèlent clairement sa doctrine et ses méthodes. M. Gibert, qui assuma les fonctions de maire de la ville durant toute la guerre avec un sang-froid, une énergie et un courage qui lui permirent de triompher dans de nombreuses circonstances des exigences de l'occupant, considéra qu'Élie Fleury était le plus qualifié pour fixer la physionomie des événements. Il donna donc les ordres nécessaires pour que toutes les sources de renseignements dépendant de la mairie lui soient accessibles. L'afficheur municipal et le commissaire de police furent mis à contribution et un des fidèles ouvriers du journaliste fut introduit, durant un temps, dans l'imprimerie de la 2e armée allemande. Une à une, les affiches purent ainsi être rassemblées et collées sur bristol. Elles composaient un dossier volumineux qui, à la veille de l'évacuation, trouva asile dans une des chambres du palais de justice réservées aux actes de l'état civil. Pour Charles Desjardins, député de l'Aisne, « ce code de l'occupation révèle dans les textes, menaçants toujours et dogmatiques, puérils parfois, grotesques assez souvent, l'application des théories de Clausewitz, de von Hartmann et de tout le grand état-major allemand sur la conduite de la guerre. Il concrétise la pensée et la doctrine des porte-parole et des penseurs officiels allemands ». Confiantes dans les décisions de la conférence de La Haye dont l'Allemagne était un des signataires, les populations des régions menacées dès le mois d'août 1914 ne tardèrent cependant pas à éprouver la rigueur des principes dont Clausewitz, en particulier, était le prophète.
La règle prépondérante est que l'occupant doit affirmer par tous les moyens possibles sa puissance.
La première affiche posée par les Allemands le 29 août stipule donc que « la ville se trouve aux mains du gouvernement militaire ». Les ordres se multiplient ensuite pour démontrer que la loi française n'existe plus, qu'elle est abolie. La liberté individuelle est anéantie : aucun citoyen ne dispose plus de ses biens, de sa maison ni même de sa personne. Cet exercice du droit de souveraineté s'accompagne nécessairement de menaces et de sanctions qui sont exécutées de façon rigoureuse. Il convient enfin de ruiner le moral des populations envahies : aucune mauvaise nouvelle du front ne leur fut épargnée. Plus prosaïque, le communiqué affiché le 7 mai 1915 permit de retrouver le chien du général © Micberth
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