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La tradition historiographique russe de la Révolution française est ancienne et a toujours été fortement marquée par les conjonctures politiques et idéologiques successives, depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui.
Ainsi, après avoir été les premiers à étudier la vente des biens nationaux et la propriété foncière à la vieille la Révolution (Loutchisky, Kareiev...), les historiens russes de la période soviétique s'orientèrent-ils vers l'étude approfondie des mouvements égalitaires et populaires pendant la " Grande Révolution ", notamment Babeuf et le babouvisme, mais aussi les mouvements paysans (Manfred, Daline, Koutcherenko, Ioannissian, Ado...).
Le brusque renversement de l'URSS, accompagné, voire précédé, de l'effondrement des valeurs et des références intellectuelles qui en étaient les supports, s'est transcrit presque instantanément dans le champ des recherches savantes sur la Révolution française. Des axes nouveaux se sont imposés aux historiens russes d'aujourd'hui. Les recherches se concentrent sur l'étude des courants libéraux au sein du processus révolutionnaire : les milieux dits " modérés " de la Révolution française sont désormais à l'honneur, comme les Feuillants, les Monarchiens, La Société de 1789.
Les personnages emblématiques sont désormais Sieyès, Barnave, Mounier, La Fayette, Desttut de Tracy ou encore Talleyrand et Necker, reléguant loin derrière les figures majeures de la " Grande Révolution " Robespierre, Danton, Saint-Just ou Marat, à peine évoqué pour le premier, totalement absents pour les autres. L'autre domaine des recherches actuelles se dirige vers les formes multiples prises par les courants royalistes au sein même de la Révolution : sous la Convention, sous le Directoire, en Vendée ou encore en émigration.
Il y a bien eu " changement de jalon ", pour reprendre la formule d'Alexandre Tchoudinov, ou, pour citer les mots justes de Vladislas Smirnov dans son introduction : après avoir étudié, à l'époque soviétique, la Révolution française " d'en bas et à gauche ", les historiens russes d'aujourd'hui la regardent vers " le haut et à droite ". La Société des études robespierristes, qui a publié en 1996 la traduction française de la grande thèse d'Anatoli Ado, se fait un devoir d'être l'écho des mutations en cours, tant à Moscou que dans les autres Universités russes : c'est une façon de rendre hommage à ceux qui, malgré l'éloignement et les difficultés de tous ordres, manifestent un attachement constant à la Révolution française, dans toutes les composantes d'une histoire jamais définitivement écrite et sans cesse interrogée.
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