En 1907 sur la côte picarde, le commissaire Lemercier est confronté à une affaire hors-normes. Trois cuisiniers ont été victimes d'un assassin qui leur a coupé la tête. Lemercier appelle à l'aide Anatole Deibler, le bourreau de la République, expert en décapitations. Il ignore que le Kronprinz, héritier de l'Empereur Guillaume II, a décidé de s'offrir du bon temps en venant chasser dans le secteur. Le séjour incognito de Son Altesse Impériale ne passe pas inaperçu et le chasseur va devenir gibier.
1907 - La défaite de 70 et la perte de l'Alsace-Lorraine sont, en France, les ferments d'une rancoeur nationale qui ne demande qu'à s'exprimer par une nouvelle guerre. Les officiers prussiens s'y attendent et cherchent le moyen d'anéantir définitivement l'armée française avant qu'elle n'ait retrouvé sa puissance. Davantage préoccupé par la chasse et par les femmes qu'il peut mettre dans son lit, que par le pouvoir qu'il exercera à l a mort de l'empereur Guillaume, son père, le Kronprinz, sera l'instrument involontaire d'un complot destiné à déclencher les hostilités le plus rapidement possible. Une partie (fine) de chasse en Baie de Somme en fournit l'opportunité. Mais c'est que, justement, le commissaire Jean-Baptiste Lemercier, a reçu l'ordre de Clémenceau d'aller enquêter entre Ault et Le Crotoy sur de mystérieuses décapitations de restaurateurs. Et comme qui dit décapitations sous-entend bourreau, c'est en compagnie d'Anatole Deibler lui-même, l'exécuteur public, que le fameux commissaire prend ses quartiers en Baie de Somme pour démêler une enquête qui va le conduire à apprécier pleinement la tête de veau et les pinces de crabe...
Ce roman est un délice de fantaisie, de légèreté (au sens noble) et de cocasserie ! On y croise sous leur aspect le plus prosaïque les personnages plus habituellement rencontrés dans les manuels d'histoire et c'est jubilatoire ! L'écriture de Jacques Thelen court, vive, alerte, spirituelle, sans nous laisser reprendre souffle, de dialogues piquants en situations drolatiques. Des anecdotes historiques sont insérées dans le récit de manière naturelle, sans cuistrerie et sans nuire à la fluidité de la narration. C'est dynamique, passionnant, plein de vie et de charme. Rien n'est laissé au hasard et rien n'est superflu dans ce polar aussi gastronomique qu'historique ! Les personnages sont solidement campés en quelques traits, quelques répliques qui, bien plus que des descriptions, leur donnent un caractère et la force d'une présence.
Franchement, j'en reprendrais bien un peu !
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