"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A travers l'étude de l'espace de la recherche non étatique en sciences sociales en Biélorussie la thèse revisite la frontière entre la science et la politique et aborde la question de l'engagement intellectuel dans le contexte des transformations postsoviétiques. En 1992, en s'inspirant du modèle des think tanks, des entrepreneurs intellectuels biélorusses ont fondé les premiers instituts privés de recherche. Le nouveau mode professionnalisé de production intellectuelle est alors conçu comme un instrument de la « désoviétisation » de la science et de la « démocratisation » de la vie politique. Les transformations autoritaires de 1995-1996 ont marginalisé cet espace au sein du champ du pouvoir et ont favorisé sa politisation contestataire. Vers 2006 la quasi-totalité des centres fonctionnaient en dehors des cadres légaux. La nouvelle génération de chercheurs qui arrive dans les années 2000 contribue à la reproduction du caractère à la fois engagé et professionnel de la recherche non étatique. Un nouveau système de relations entre les agents du champ politique et les think tankers permet à ces derniers de revendiquer les rôles d'« experts indépendants » et d'« intellectuels engagés ».
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