"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
" je grimpais sur la dune pour voir les vagues de sable envahir le village comme des bêtes enragées, puis commencer leur danse qui allait durer toute la nuit.
le vent nous ensorcelait tous. " soufiane a quinze ans. enfant volé, nomade au coeur pur, il a gardé de son adolescence passée à tineguine, village balayé par les vents, le souvenir de leïla, la fillette aveugle. le destin les sépare et soufiane sillonne désormais les mers à bord d'un cargo, à la recherche de ses origines, à la recherche de son amour perdu... une rencontre intense, aussi fragile que les traces de pas quand se lève le vent de sable.
personnages empreints de pudeur, d'humanité et d'humilité, les héros de pierre-marie beaude sont en quête des gestes fondamentaux de l'existence et de la juste façon d'habiter le monde.
De sa prime enfance, Soufiane n’a aucun souvenir. Il n’est pas certain d’avoir réellement quinze ans, ni même de s’être toujours appelé ainsi. Car il en est intimement convaincu : loin de lui avoir sauvé la vie comme il ne cesse de lui rappeler pour s’assurer de sa gratitude, Moktar l’a enlevé à ses parents pour avoir un garçon qui travaillerait avec – ou plutôt pour – lui. A la mort de celui-ci, Soufiane est recueilli par un homme amoureux des livres. Dans ce village que le sable menace sans cesse d’engloutir, le jeune garçon fait la connaissance d’une petite fille, aveugle, éblouissante. Une petite fille qui lui demande de lui trouver, de lui choisir, un nouveau prénom. Et qui, bien des années après son départ, bien des années plus tard, sera encore et toujours au cœur de tous ses souvenirs. Alors que la vie les a séparés, Soufiane et Leïla se retrouveront-ils un jour ?
Un adage bien connu affirme que « quand tu ne sais pas où tu vas, alors retournes d’où tu viens » … Mais cela, Soufiane ne peut même pas le faire : il ne sait pas non plus d’où il vient. Alors Soufiane se contente d’avancer. Inlassablement. Comme il faut, jour après jour, déblayer le sable que, nuit après nuit, le vent charrie. Terne et terrifiante existante que celle de ces villageois au milieu du désert, qui vivent dans la crainte de voir une tempête plus forte que les autres ensevelir définitivement leur maison sous plusieurs mètres de sable, dans l’effroi d’être enterrés vivants. Mais qui, envers et contre tout, encore et toujours, s’obstinent. Défont chaque jour ce que le vent fait la nuit. Ils sont chez eux, dans ce village menacé par le sable. C’est là que sont leurs racines, là qu’ils sont nés, là que sont enterrés leurs ancêtres. Ils resteront, coute que coute.
Mais pas Soufiane. Soufiane est comme le sable : il est poussé par le vent. Poussé par ce besoin viscéral de savoir qui il est, poussé par cet espoir désespéré de retrouver ses racines. Soufiane est un jeune homme qui ne peut qu’attendrir : il y a quelque chose de tellement touchant à voir ce désormais grand gaillard continuer à courir après ses rêves d’enfants, quelque chose de tellement triste aussi. Car on sent, on ressent, on pressent que Soufiane n’est en réalité pas en train de courir après la vérité, mais plutôt de fuir son passé. De fuir tout sans concession : le mauvais, mais aussi le bon. Enfant sans racine, adolescent sans attache, Soufiane se laisse dériver : il va lui falloir du temps pour oser se poser, se donner l’autorisation de laisser définitivement derrière lui cette quête désespérée. Il va lui falloir de nombreuses années pour cesser de fuir, pour affronter enfin ce passé, renouer avec lui, et peut-être même gouter au bonheur.
A vrai dire, pour être parfaitement honnête … je ne sais que dire et que penser de ce roman. Il est beau, cela ne fait aucun doute, mais il est aussi et surtout tellement bref ! Ce n’est pas un récit, mais une parenthèse. Enchantée peut-être, bien que teintée d’une certaine forme de mélancolie, mais une parenthèse tout de même. A peine entamée, à peine terminée. Fugace, insaisissable. Comme le passé, comme l’amitié, comme la vie, comme l’amour, certes … mais pour un roman, c’est tout de même délicat. Car on n’a pas véritablement le temps de vraiment s’attacher à Soufiane, de sentir notre cœur vibrer à l’unisson du sien ; on a tout juste le temps d’apprendre à le connaitre qu’il nous quitte déjà. On n’a pas véritablement le temps de se laisser entrainer par la douce mélodie des mots qui nous appelle au voyage et au rêve, car ils s’éteignent à peine le rythme trouvé. On en aurait envie et besoin de plus, justement parce que c’est beau …
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