"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De sa prime enfance, Soufiane n’a aucun souvenir. Il n’est pas certain d’avoir réellement quinze ans, ni même de s’être toujours appelé ainsi. Car il en est intimement convaincu : loin de lui avoir sauvé la vie comme il ne cesse de lui rappeler pour s’assurer de sa gratitude, Moktar l’a enlevé à ses parents pour avoir un garçon qui travaillerait avec – ou plutôt pour – lui. A la mort de celui-ci, Soufiane est recueilli par un homme amoureux des livres. Dans ce village que le sable menace sans cesse d’engloutir, le jeune garçon fait la connaissance d’une petite fille, aveugle, éblouissante. Une petite fille qui lui demande de lui trouver, de lui choisir, un nouveau prénom. Et qui, bien des années après son départ, bien des années plus tard, sera encore et toujours au cœur de tous ses souvenirs. Alors que la vie les a séparés, Soufiane et Leïla se retrouveront-ils un jour ?
Un adage bien connu affirme que « quand tu ne sais pas où tu vas, alors retournes d’où tu viens » … Mais cela, Soufiane ne peut même pas le faire : il ne sait pas non plus d’où il vient. Alors Soufiane se contente d’avancer. Inlassablement. Comme il faut, jour après jour, déblayer le sable que, nuit après nuit, le vent charrie. Terne et terrifiante existante que celle de ces villageois au milieu du désert, qui vivent dans la crainte de voir une tempête plus forte que les autres ensevelir définitivement leur maison sous plusieurs mètres de sable, dans l’effroi d’être enterrés vivants. Mais qui, envers et contre tout, encore et toujours, s’obstinent. Défont chaque jour ce que le vent fait la nuit. Ils sont chez eux, dans ce village menacé par le sable. C’est là que sont leurs racines, là qu’ils sont nés, là que sont enterrés leurs ancêtres. Ils resteront, coute que coute.
Mais pas Soufiane. Soufiane est comme le sable : il est poussé par le vent. Poussé par ce besoin viscéral de savoir qui il est, poussé par cet espoir désespéré de retrouver ses racines. Soufiane est un jeune homme qui ne peut qu’attendrir : il y a quelque chose de tellement touchant à voir ce désormais grand gaillard continuer à courir après ses rêves d’enfants, quelque chose de tellement triste aussi. Car on sent, on ressent, on pressent que Soufiane n’est en réalité pas en train de courir après la vérité, mais plutôt de fuir son passé. De fuir tout sans concession : le mauvais, mais aussi le bon. Enfant sans racine, adolescent sans attache, Soufiane se laisse dériver : il va lui falloir du temps pour oser se poser, se donner l’autorisation de laisser définitivement derrière lui cette quête désespérée. Il va lui falloir de nombreuses années pour cesser de fuir, pour affronter enfin ce passé, renouer avec lui, et peut-être même gouter au bonheur.
A vrai dire, pour être parfaitement honnête … je ne sais que dire et que penser de ce roman. Il est beau, cela ne fait aucun doute, mais il est aussi et surtout tellement bref ! Ce n’est pas un récit, mais une parenthèse. Enchantée peut-être, bien que teintée d’une certaine forme de mélancolie, mais une parenthèse tout de même. A peine entamée, à peine terminée. Fugace, insaisissable. Comme le passé, comme l’amitié, comme la vie, comme l’amour, certes … mais pour un roman, c’est tout de même délicat. Car on n’a pas véritablement le temps de vraiment s’attacher à Soufiane, de sentir notre cœur vibrer à l’unisson du sien ; on a tout juste le temps d’apprendre à le connaitre qu’il nous quitte déjà. On n’a pas véritablement le temps de se laisser entrainer par la douce mélodie des mots qui nous appelle au voyage et au rêve, car ils s’éteignent à peine le rythme trouvé. On en aurait envie et besoin de plus, justement parce que c’est beau …
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2022/02/leila-les-jours-pierre-marie-beaude.html
Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour ma chronique du titre Laomer - La nouvelle histoire de Lancelot du Lac écrit par Pierre-Marie Beaude et paru aux éditions Gallimard Jeunesse.
Comment vous dire que j'ai tout bonnement adoré ma lecture de ce roman juste palpitant ? Très honnêtement, je me demande comment j'ai fait pour le laisser traîner pratiquement deux ans dans ma PAL, c'est juste une honte ! Comme quoi ce confinement a eu résolument du bon quand on y pense... En effet, sans la fermeture entre autres des bibliothèques municipales, je n'aurais jamais pris la peine de découvrir ce livre comme il se doit et cela aurait été fort dommage, je puis vous l'assurer ! D'ailleurs, je ne comprends pas comment on a pu aussi peu en parler à sa sortie alors qu'il s'agit là d'une authentique petite pépite !
Je vous l'avoue en toute franchise, je n'attendais pour ainsi dire rien de ce truculent roman jeunesse que j'ai portant fini par adorer. Si les légendes arthuriennes m'ont toujours intéressée, je n'étais en revanche pas la plus grande fan de Sire Lancelot avant ma découverte de cet ouvrage : trop parfait pour moi, le gaillard. Et puis, sérieusement, les histoires d'amour impossible qui font du tort (même involontairement) à autrui, cela va bien cinq minutes. Alors, toute une intrigue centrée sur la figure chevaleresque de Lancelot du Lac, merci bien mais je passe. Ou à tout le moins, j'étais prête à ne jamais laisser sa chance à Laomer précisément pour cette raison.
Et je n'aurais pas pu plus me tromper car ce roman ne se concentre absolument pas sur la passion dévorante et interdite entre Guenièvre et Lancelot ! Bien sûr, ce détail a son importance dans le récit, il en constitue même le fondamental point de départ mais Laomer - La nouvelle histoire de Lancelot du Lac, c'est avant tout une formidable histoire d'amitié, de tolérance religieuse et ethnique, de bravoure, de chevalerie à l'état pur qui ne verse pas dans l'obséquiosité et l'exagération mélodramatique (coucou Yvain ou le chevalier au lion ou l'une de mes pires lectures de cinquième) mais qui a tout à voir avec le respect des autres et de leur dignité. D'amour filial aussi, débordant de sincérité.
Laomer, ce sont aussi et avant toute chose des protagonistes féminins forts qui ne se laissent pas marcher sur les pieds et qui savent faire preuve d'autant d'hardiesse, de combativité et d'ingéniosité que les hommes, si ce n'est plus. Pour ma part, je suis tombée amoureuse de chacune des filles et femmes de cette folle épopée, Morgane en premier. La mythique enchanteresse irradie ici de vie et de chaleur, elle est suivie et écoutée et cela fait extrêmement plaisir à voir. De mon côté, je me suis véritablement abreuvée de ses paroles qui sont d'une sagesse infinie. Sinon, j'ai également énormément apprécié que les "mâles" de ce récit n'hésitent pas à mettre leur vie entre les mains des femmes, à reconnaître leur immense audace et intelligence ainsi que leur propre part de féminité. Les chevaliers de ce récit font effectivement montre d'une touchante et épatante sensibilité en se serrant notamment dans les bras l'un de l'autre sans que leurs accolades soient forcément d'une virilité sans conteste et n'ont pas peur en outre de montrer leur chagrin en laissant couler de sincères larmes sur leurs visages éplorés.
Vous l'aurez compris je pense, cela fut un véritable enchantement que de dévorer Laomer - La nouvelle histoire de Lancelot du Lac ou une intrigue trépidante parsemée de forts jolies touches de modernité et aux personnages masculins comme féminins purement et simplement remarquables ainsi que diantrement attachants !
Que l'on soit croyant ou pas, la lecture de la Bible est un passage obligé pour tout esprit soucieux d'irriguer sa culture du codex qui a façonné une partie de l'identité de l'Europe. Cependant, pénétrer seul dans cette jungle littéraire, sans l'aide d'un bon guide, peut relever de l'épreuve initiatique. Véritable mille-feuille livresque, la Bible est une sélection de textes très différents les uns des autres. Ce monument de la foi rédigé par des lettrés de l'Antiquité reflète l'esprit de leur époque. En faire une lecture décontextualisée par manque de références risque de conduire à des interprétations erronées. D'où l'importance du petit commentaire, servant d'interprète idéal pour tout saisir de ce message venu du fond des âges. Cette Bible de Lucile repose sur une idée simple mais géniale : reprendre le concept du dialogue socratique pour voyager sereinement du Deutéronome au Cantique des Cantiques, en passant par les Psaumes et les Prophètes. Un procédé qui fait immanquablement penser au Monde de Sophie de Jostein Gaarder. La dialectique éclairée de la jeune femme avide de connaissance et du vieux professeur de théologie passe tranquillement en revue de nombreux passages de la Bible. Leur échange passionnant fait d'analyses et d'interrogations, d'esprit critique et de controverses courtoises, contribue énormément au plaisir de la lecture. Une approche idéale soulevant les voiles opaques déposés par le temps. La Bible de Lucile restera dans les annales comme un ouvrage d'une grande richesse, propre à nourrir de passionnants débats.
ça m'avait beaucoup amusée...
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !