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Nous sommes à l'époque des apories, des apories que notre époque ne reconnaît pas comme telles. Nous voulons l'égalité « par le haut », une égalité devenue inconciliable avec les limites de la Terre. À l'école, nous revendiquons l'excellence pour tous, mais tous ne disposent pas des mêmes possibilités pour l'atteindre. Nous ne retenons que des causalités essentiellement sociales, quand des processus et de multiples déterminations se mettent en place dès la naissance. L'école, cette tard venue, en reçoit l'héritage, déjà fortement cristallisé. Un héritage par essence complexe. Des différences, quelquefois radicales, se constatent au sein des familles elles-mêmes. L'échec, quoique dominant chez les défavorisés, ne leur est nullement exclusif. Aussi l'institution scolaire est-elle investie d'une impossible mission. On lui demande d'être la Grande Réparatrice, celle qui remédie à toutes les carences et pourvoit à toutes les insuffisances. Elle n'est pas vierge de toute responsabilité. Contrairement aux modes d'explication les plus confortables, elle n'est pas le lieu d'une sélection uniquement sociale. Elle privilégie certaines aptitudes, récompense certaines performances, au détriment de beaucoup d'autres. L'évolution de l'enseignement de la littérature en est l'un des exemples les plus emblématiques. Ce sont les qualités d'abstraction et de classement qui sont devenues les agents quasi exclusifs d'une excellence dès lors réservée à un certain type d'esprit. De plus en plus centrée sur des problématiques et des apprentissages techniciens, elle maintient les élèves éloignés d'eux-mêmes. Elle les abandonne au désordre de leurs motions pulsionnelles. Avec la violence qui en découle. Il faut changer de paradigme. Le monde est un. La pointe d'une pyramide ne peut se dresser vers le ciel si elle ne se sent pas solidaire de sa base. Le plus prestigieux des footballeurs n'est rien sans l'amateur qui pousse son ballon avec une ardeur égale. La lutte contre l'échec scolaire débouchera sur un échec tant que l'on s'obstinera à faire de l'école le seul lieu de la réussite possible. Celui qui décide des existences comme si le sort des futurs adultes ne devait se jouer que par elle. La vie repose sur la multiplicité et la diversité. Les talents nécessaires à une société tout autant. La passion pour l'égalité doit être celle d'une juste mesure accordée à tous dans la non-unicité des parcours et des qualités requises.
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