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Eva Thomas, abusée par son père, écrit Le Viol du silence en 1986. Elle crée au même moment l'association SOS Inceste et participe à une émission télévisée à visage découvert ; elle libère alors la parole sur les viols incestueux et se lance dans une campagne de dénonciation de ces crimes souvent secrets. Mais d'avoir vu, en juin 1989, une victime d'inceste condamnée pour diffamation, elle se retrouve en état de choc.
Le Sang des mots est le récit de cet effondrement, et de la lente renaissance qui l'a suivi. A la voix de l'auteur s'en mêlent d'autres : celles des victimes d'abord, mais aussi des magistrats, des psychanalystes et des professionnels concernés par ce problème. En ressort l'idée que le viol incestueux est un crime, et que c'est au tribunal que la réparation doit commencer. C'est seulement à partir de cette priorité du juge sur l'analyste qu'une psychothérapie pourra être entreprise. Mais interroger les dogmes reçus de la psychanalyse, c'est aussi permettre aux victimes condamnées au silence par la prescription de pouvoir se reconstruire.
Publié en 1992, Le Sang des mots est ainsi devenu un ouvrage de référence sur la question. Les aléas de l'édition l'avaient rendu introuvable. L'évolution des mentalités imposait qu'il fût réédité. Car le débat s'est, depuis, largement ouvert dans les médias ; le regard sur les victimes a changé, la prescription est en passe d'être modifiée.
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