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Le 13 juillet 1131, le destin de la monarchie capétienne et du royaume de France a pris un tour tragique. Alors qu'il chevauchait avec quelques compagnons dans un faubourg de Paris, le jeune prince Philippe, fils aîné du roi Louis VI le Gros et héritier du trône déjà sacré et couronné, fit une grave chute de cheval et mourut quelques heures plus tard. Le cheval n'est pas en cause dans cet accident. Un autre animal se trouve être responsable de la chute, un animal gyrovague, remplissant en ville un rôle d'éboueur : un vulgaire cochon domestique, que tous les chroniqueurs ont aussitôt qualifié de porcus diabolicus.
L'étude de cet événement insolite permet de cerner la place et la symbolique du porc dans l'Europe chrétienne de l'époque féodale. Présent sur tous les terroirs, pilier de l'alimentation carnée, vedette des écoles de médecines où l'anatomie humaine s'enseigne en disséquant le cadavre de la truie ou du verrat, le cochon n'en demeure pas moins une bête impure, dotée de tous les vices et symbole d'un grand nombre de péchés (saleté, goinfrerie, luxure, paresse, colère, stupidité). Comme si sa trop grande proximité biologique avec l'être humain, loin de le glorifier, en faisait un repoussoir. De fait, éclaboussée par la mort ignoble de l'un des siens, la dynastie capétienne devra multiplier les actes de « purification » pour retrouver sa dignité et sa légitimité. Il faudra plusieurs décennies pour que la pureté du lis, désormais fleur royale, efface peu à peu la souillure du porcus diabolicus.
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