"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Alors donc, j'ai pensé, y avait que ça à faire, et ça suffisait pour que j'aie l'impression d'avoir tout le pouvoir du monde. Un matin, un instant, un petit garçon aux cheveux jaunes. En fait, c'était pas grand-chose. " Peut-on pardonner l'impardonnable ?
Chrissie est une enfant solitaire qui grandit dans une banlieue anglaise sordide. Délaissée par un père absent et une mère démissionnaire qui fait tout pour ne plus avoir à s'occuper d'elle, son quotidien est violent et misérable. La seule chose qui donne à Chrissie l'impression d'être vivante, c'est son secret. Et rien que d'y penser, elle en a des papillons dans le ventre.
Le premier jour du printemps, elle a tué un petit garçon.
Quinze ans plus tard, Chrissie s'appelle Julia. Elle cache sa véritable identité et tente d'être une bonne mère pour Molly, sa fille de cinq ans, malgré ses nombreuses inquiétudes. Va-t-elle pouvoir subvenir aux besoins de sa fille ? Réussir à lui donner ce qu'elle n'a jamais reçu ? Quand, un soir, elle commence à recevoir de mystérieux appels, elle craint que son passé ne refasse surface. Et que sa plus grande peur, celle de se voir retirer Molly, ne soit sur le point de se réaliser.
Chrissie, est une petite fille de 8 ans livrée à elle-même. Sa mère ne lui apporte ni l'amour dont elle a besoin, ni même le minimum vital. Elle est le plus souvent dehors et n'arrive à manger à sa faim que lorsqu'elle s'incruste dans les repas de famille de son amie. Quant à son père, alcoolique, il est aux abonnés absents et les rares fois où il est présent cela se termine mal avec la mère de Chrissie. Cette dernière , à chaque fois, elle le considère comme mort mais il revient à la vie au bar du coin. Le premier jour du printemps, Chrissie tue un petit garçon, cela lui procure une sensation extraordinaire, sensation décuplée par le fait que personne ne le sache.
Plusieurs années plus tard, Chrissie devenue Julia, s'occupe du mieux possible de sa fille Molly. Mais les fantômes du passé ressurgissent.
Autant le sujet m'a intéressée : la question de la maltraitance de l'enfance, une mère perdue sans la moindre fibre maternelle, un père absent qui ne sait que faire d'une fillette de 8 ans ; autant la façon que cela est amené, traité m'a laissée dubitative.
Certes dans certaines banlieues, quartiers, la situation de certaines femmes est compliquée, difficile. Mais ici le cumul des problèmes rend l'histoire trop peu crédible, en effet l'école, le voisinage, personne n'intervient. on voit pourtant que Chrissie souffre mais personne ne lui tend la main. a une exception peut-être la main de sa meilleure amie qui la laisse dîner avec eux mais rien de plus...
Cependant ce roman a le mérite de nous montrer une société qui va mal où chacun est autocentré et sous prétexte de ne pas se mêler de la vie des autres, ferme les yeux sur des situations qui ne devraient pas exister. De même on peut déplorer l'inertie des pouvoirs publics alors qu'ils devraient être les garants de la protection des enfants, des plus fragiles. on peut donc parler de démission collective.
https://quandsylit.over-blog.com/2024/01/le-premier-jour-du-printemps-nancy-tucker.html
Le premier roman, de " Nancy Tucker ", et je dois dire, que la première phrase de son roman, a plongé mon esprit immédiatement dans l'horreur. Que l'on juge : " Aujourd'hui, j'ai tué un petit garçon. ", et au-delà de la stupeur, vient rapidement l'incompréhension, quand on apprend que l'auteur des faits, est une petite fille de huit ans !
Chrissie banks, survit dans une banlieue sordide dans l'ouest de l'Angleterre, et son existence s'avère déjà des plus difficiles : en effet elle souffre d'énurésie, d'herpès, d'eczéma, de poux, ne se lave pas mais surtout, elle a faim, toujours faim ; une obsession quasi permanente. Entre son père alcoolique et sa mère qui oublie de remplir le réfrigérateur, qui la rejette depuis sa naissance, qui ne lui prodigue jamais de preuve d'amour maternel, sa vie quotidienne devient un calvaire ; ainsi va son existence remplie du manque de câlins et d'attention. Tous les signes qui engendrent des perturbations, du fonctionnement cognitif et émotionnel ; et qui vont aboutir à l'irréparable en détruisant la vie d'une famille, le meurtre du petit Steven Mitchell.
Avec brio, l'auteure jongle avec une grande dextérité avec des mots d'enfants pour nous inciter à essayer de comprendre le cheminement des pensées de Chrissie. Pour quelles raisons, pour quels besoins une enfant s'en prend-elle ainsi à un plus petit ?
Le sujet primordial, reste sans conteste la responsabilité de la mère : l'absence totale du lien maternel, qui va la conduire à commettre des méfaits, qui normalement aurait dus la conduire en prison !
Après sa peine – une dizaine d'années plus tard – pour ses méfaits, elle essaye de trouver sa rédemption dans la naissance de sa fille, Molly. Mais encore pour montrer à sa mère et aux services de l'enfance qu'elle peut faire obstacle à sa propre expérience de petite fille sans amour...Sentiment que personne ne voulait d'elle ; Mais également les multiples reproches subis tels que : " Parce que je suis une mauvaise graine ".
Ce roman, interpelle et interroge ; de surcroît par des faits commis par une enfant, si jeune soit-elle, peuvent-ils être pardonnés ? Et leur octroyer des circonstances atténuantes ? De tout temps, les sentiments sur la loi du talion existent toujours dans les sombres recoins de la pensée et du comportement humain. Mais en même temps ses sentiments soulèvent les questions de l'éducation et surtout de la capacité humaine à pardonner face à l'adversité.
Un sujet parfaitement traité par " Nancy Tucker ", qui a elle-même subie une anorexie mentale et se place donc en parfait acteur de la connaissance du comportement des fragiles sujets psychologiques.
Une écriture captivante, qui plonge dans les tréfonds et méandres de la psychologie enfantine, et ce avec brio.
« Aujourd’hui, j’ai tué un petit garçon » : ce sont les terribles premières paroles prononcées par Chrissie (la narratrice) une petite anglaise de huit ans, à l’enfance totalement cabossée. Steven (deux ans) Le petit voisin va bientôt revenir à la vie, pense-t-elle … (comme son propre papa qui est « mort » à chaque fois qu’il disparait de son existence, avant de refaire surface dans les pubs du coin, durant un bref moment …)
La fillette subit (depuis toujours) une telle carence affective, est écrasée par de telles souffrances physiques (la faim qui tiraille le ventre …) et morales (un incommensurable désir d’amour parental …) qu’il était fatalement impossible d’aboutir à autre chose qu’une tragédie … Un « semblant » de père démissionnaire (qui ne veut surtout pas savoir !) ainsi qu’une mère dépressive (dénuée d’empathie) : deux facteurs qui poussent inévitablement Chrissie à vouloir faire du mal aux autres, afin de soulager – un tout petit peu – sa propre douleur … Détruire pour se détruire … Jusqu’à l’irréparable !
Bien plus tard, après des années d’enfermement, une porte de sortie s’ouvrira peut-être pour elle … (La juridiction permet alors le changement d’identité des enfants criminels, trop jeunes pour être jugés …) Chrissie sera néanmoins suivie de près par les services sociaux. Quand elle sera maman à son tour (à l’âge de vingt ans) l’adolescente deviendra Julia et n’aura plus qu’une seule et unique obsession : le bonheur de sa fille Molly et le « rachat » de son âme par une attitude irréprochable ! Afin qu’on ne puisse pas avoir une bonne raison de la lui retirer … Mais ô combien le chemin semble semé d’embûches, quand on n’a pas reçu une éducation digne de ce nom ! Jamais « victime-coupable » n’avait fait preuve d’un tel désir de rédemption !
Ce récit – d’une rare violence – exprime également un désespoir insoutenable. Les faits sont basés sur une histoire vraie (ce qui fait froid dans le dos !) L’auteure qui utilise (pour plus de véracité) le vocabulaire émouvant d’une enfant de huit ans, sait parfaitement de quoi elle parle (diplômée en psychologie et travaillant en hôpital dans une unité de psychiatrie) Après avoir elle-même été confrontée à l’anorexie dans sa jeunesse …
Un premier roman percutant ! Un immense cri de détresse (et de révolte) qui laisse le lecteur pantois. Coup de coeur pour ce magnifique hommage à l’enfance martyrisée qui transforme n’importe quel agneau en loup sanguinaire !
Ce primo-roman d'une jeune auteure anglaise est dur, âpre, d'une force incroyable mais magnifique.
Il s'ouvre sur cette phrase terrible qui provoque un choc: "Aujourd'hui, j'ai tué un petit garçon"; cette introduction m'a rappelée la terrible entrée en matière de "Chanson douce" de Leïla Slimani, sauf qu'ici la meurtrière est une enfant de 8 ans, Chrissie, et qu'elle vient d'assassiner un petit garçon de 2 ans, Steven. On vit, glacé, la scène par ses yeux, avec son vocabulaire, ses images mentales.
Le chapitre suivant, nous la retrouvons à 25 ans; elle porte le nom de Julia, a une petite fille, Molly, 5 ans, et est suivie par l'aide sociale à l'enfance.
Le roman est construit sur l'alternance de ces deux narrations, celle de Chrissie et celle de Julia.
Chrissie est livrée à elle-même, sa mère, Eléonore, ne l'aime pas et ne s'en occupe pas au point que Chrissie doit se débrouiller pour trouver à manger chez les parents de son amie Linda et a souvent le ventre vide, est sale, passe son temps libre dans la rue; Eléonore tentera par deux fois de se débarrasser physiquement de Chrisiie, en voulant la donner à l'adoption et en essayant de l'empoisonner. Le père ne réapparaît qu'épisodiquement pour battre Eléanore, se saouler. Le seul petit rayon de soleil dans cette noirceur, c'est Linda, sa meilleure amie, qui fait malgré tout les frais de sa méchanceté. Chrissie a besoin de se sentir exister, de ne pas être "la mauvaise graine", mantra qu'elle répète sans cesse, de combler le vide, celui de son estomac mais surtout celui de sa vie. Le meurtre de Steven la plonge dans l'exaltation. C'est terrifiant mais on ne peut s'empêcher de ressentir une certaine compassion pour cette enfant, sans amour, sans chaleur.
Julia vit avec sa fille Molly après avoir purgé une peine de 10 ans dans un foyer fermé. Elle s'y sentait en sécurité mais elle a été propulsée dans la vraie vie qu'elle redoute. Elle a une peur terrible de n'être pas une bonne mère, de faire mal à sa fille, de ne pas lui apporter ce dont elle a besoin. Julia est d'une grande fragilité, on la sent prête, à tout moment, à s'effondrer. C'est sa fille qui va la sauver, en lui permettant de n'être plus ni Chrissie, ni Julia, mais maman, grâce à son amour inconditionnel.
Ce roman s'attaque à un tabou très fort : celui des enfants meurtriers; l'inconscient collectif pare les enfants de toutes les vertus, les perçoit comme des créatures innocentes, pures et bonnes, gommant volontairement, de façon rassurante, ce qui pourrait venir entacher ce tableau idyllique. Le personnage de Chrissie nous oblige à envisager une autre réalité, qui est loin de n'être qu'une fiction. Et c'est dérangeant.
Ce qui est encore plus dérangeant, c'est de découvrir la vie de Chrissie, l'amitié, la mort, le manque d'amour par les yeux et la parole de cette enfant de 8 ans; j'ai été émue par les excuses que Chrissie, en quête éperdue d'amour, cherche à sa mère et à son père.
Roman magnifique, percutant, dérangeant qui fait s'interroger sur l'enfance, la résilience, le pardon, l'amitié.
Dans une banlieue sordide de l'Angleterre, une petite fille de 8 ans devient une meurtrière.
Le premier jour du printemps, elle étrangle un petit garçon dans une maison abandonnée.
Comment une petite fille peut elle commettre un acte aussi ignoble ?
Avec une grande sensibilité que Nancy Tucker raconte l'histoire de Chrissie, une fillette agressive et insolente, livrée à elle-même, abandonnée par une mère dépressive. Chrissie fréquente l'école, a des amies, mais personne n'a pris la mesure de son désespoir et de sa solitude. Sa mère la rejette, ne prend pas soin d'elle, oublie de la nourrir, reste absente pendant des jours, et surtout ne lui témoigne aucune affection. Son père qui fait des apparitions furtives lui laisse croire que quand il n'est pas là, c'est parce qu'il est mort.
Aussi lorsqu'elle commet le crime, par haine du bonheur des autres, elle ignore que ce sera définitif. Elle a juste, pour la première fois de sa vie, ressenti un sentiment de pouvoir…
En alternance avec ce passé sordide, on découvre Chrissie devenue Julia, mère d'une petite fille de 5 ans. Elle est devenue une femme fragile, rongée par la culpabilité et la peur, la terreur d'être une mauvaise mère. Elle n'a pas appris à montrer son amour, et ses tentatives maladroites de communiquer avec sa fille sont touchantes. En faisant face à son passé, elle peut enfin mettre des mots sur ses actes.
Le roman pose, sans pathos ni jugement, la question de la seconde chance et du pardon. Avec une compassion pudique, Nancy Tucker offre à chacun l'opportunité de se reconstruire et fait preuve d'une empathie incroyable !
#NetgalleyFrance #lepremierjourduprintemps
Le thème de ce roman risque fort de me hanter longtemps; C’est un sujet peu abordé, même dans la littérature la plus noire. C’est bouleversant et terriblement déstabilisant.
On est dans le coeur du sujet dès le premier chapitre. Le plaisir, proche de la jouissance qu’éprouve cette petite fille de huit ans lorsqu’elle étrangle volontairement le petit frère d’une de ses camarades de classe, un bébé de deux ans, fait frémir.
Rapidement, on comprend ce qui a pu amener cette gamine à un tel acte, un père absent, une mère démissionnaire, incapable de prévoir ne serait-ce qu’un peu de vivres pour sa fille qui s’invite partout où elle peut pour quelques heures soulager sa faim, un raisonnement altéré et une inconscience des réalités de la vie et de la mort.
Ce qui est plus fort encore, c’est que l’on suivra le parcours de l’enfant qui finira pas être démasquée, et après avoir purgé sa peine, deviendra elle-même mère. Une mère sous haute surveillance, cela s’entend.
Le récit est écrit à hauteur d’enfant, avec ses lacunes grammaticales et ses approximations, ce qui induit, malgré l’horreur, une grande compassion pour cette petite, victime autant que coupable.
Roman éprouvant et marquant, et terriblement efficace.
336 pages les Escales 17 mars 2022
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