Pour de nombreux lecteurs, aujourd'hui, « la disparition élocutoire du poète » est tout ce qui reste de l'oeuvre mallarméenne. L'auteur du Sonnet allégorique de lui-même aurait enterré toute forme d'expression lyrique. Cette étude vise précisément à réfuter cette idée reçue pour défendre l'existence d'un phénomène lyrique de grande ampleur là où l'on ne le soupçonnait plus. Loin d'avoir disparu dans les cieux bas et lourds de la poésie romantique, le sujet-sensible-du discours manifeste sa présence dans tous les textes de Mallarmé, même dans ses oeuvres les plus singulières et difficiles comme le lugubre conte d'Igitur et l'éclatant Mystère des Noces d'Hérodiade. Le lyrisme mallarméen est le signe d'une crise douloureuse mais nécessaire, la crise du sujet et de la poésie : il ressemble étrangement à « un instrument qui résonne sous les doigts des diverses sensations »... Finalement, c'est dans le miroir de son intériorité et dans l'écho sonore de sa propre voix que le sujet lyrique mallarméen rêve de se projeter.
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