"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le grand écrivain, auteur naguère de trois chefs-d'oeuvre qui ont fait de lui un mythe vivant, ne parvient pas à écrire ses Mémoires, au grand dépit de son éditrice qui voit lui échapper un succès d'ampleur mondiale. Elle a donc l'idée de lui adjoindre le narrateur de cette histoire, jeune écrivain lui-même en panne, afin de l'aider à écrire son ouvrage.
Mais très vite, le narrateur est troublé par l'attitude du grand écrivain, très éloignée de l'idée qu'il s'en faisait. Qui est donc cet homme et surtout comment a-t-il pu écrire cette oeuvre mondialement reconnue ?
Le Grand écrivain se lit comme un thriller, où rien n'est jamais sûr, et où chaque hypothèse est remise en cause par une nouvelle découverte.
C'est une balade quelquefois burlesque mais parfois plus grave dans les coursives des Lettres et du milieu de l'édition, que l'auteur, le vrai, connaît bien.
Lorsque j'ai aperçu Jean-François Merle au salon du livre de Boulogne début décembre, mon cerveau a fait tilt et mes neurones ont immédiatement fait le rapprochement avec un billet de Delphine et un article que j'avais cru voir dans Le Monde alors que c'était probablement dans L'Express. Bref. Un livre intitulé "Le grand écrivain", un auteur issu du milieu de l'édition et une intrigue qui se plait à en explorer les coulisses... cette fois, impossible de passer à côté !
Et bien m'en a pris. D'abord pour son écriture délicieuse. Oui, délicieuse. C'est le mot qui me vient. Il s'en dégage une certaine élégance, jamais ennuyeuse, jamais austère. Une fluidité, une légèreté et une clarté qui font beaucoup de bien. Ensuite, pour son intrigue qui nous plonge avec un malin plaisir dans les arcanes des maisons d'édition, se moquant de leurs travers sans tomber dans la facilité ni la méchanceté. Ça pique, les banderilles sont bien ajustées mais le regard ne se départit jamais d'une certaine tendresse.
D'abord pour son narrateur, auteur d'un roman et en panne sèche depuis. Il a bien une collection impressionnante de premières phrases, mais pour ce qui est des deuxièmes, ça coince. Incapable d'honorer son contrat, il se voit contraint d'accepter la proposition de son éditrice, Dolorès, pour éponger sa dette : aider le grand André Maillencourt, adulé dans le monde entier mais retiré des affaires depuis son dernier roman à écrire ses mémoires. Pour Dolorès, l'enjeu est énorme : redorer son blason et renflouer l'entreprise alors en perte de vitesse. Pour notre homme, l'exercice s'annonce périlleux face aux réticences du "grand écrivain" et aux zones d'ombres qui surgissent au fur et à mesure de leurs entretiens.
A partir de là, le lecteur est entrainé dans une enquête palpitante autour de la notion d'écrivain, de succès et de chef d’œuvre et, de rebondissement en révélation mesure un peu mieux ce qui se joue derrière les piles d'ouvrages sur les tables des librairies et les portes des hôtels particuliers abritant les maisons d'édition.
"Le passé est friable, mais il est malléable ; la vérité est ce que l'on veut bien en dire, affaire de perspective. Mon boulot consistait à donner un ordre à cette substance, à en dégager une signification, un sens. Par chance, j'étais romancier, pas journaliste".
Qui est le plus important : l’œuvre ou l'auteur ? Vaste question qui n'a pas fini de tourmenter ceux qui se la posent et à laquelle Jean-François Merle prête sa plume et sa malice sans pour autant chercher autre chose qu'à offrir un bon moment à son lecteur. Mission réussie !
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