Le Grand prix de littérature américaine 2017 a récompensé son roman "A malin, malin et demi"
Bienvenue à Empire Falls, autrefois puissant centre industriel du Maine, à présent livré à la faillite et l'ennui. Miles Roby est gérant d'un snack. Sa femme l'a quitté, leur fille fait sa crise d'adolescence, Max, son père, est un profiteur excentrique, et Mrs Whithing, sa patronne, le tyrannise. Coincé dans cette vie misérable, hanté par le souvenir d'une mère dévouée, Miles veut comprendre.
Entre secrets et mensonges, drames et joies, les histoires se mêlent dans cette fresque romanesque, prix Pulitzer 2002, où Richard Russo dresse avec humour et tendresse le portrait de l'Amérique d'aujourd'hui.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis)
par Jean-Luc Piningre
Prix Pulitzer 2002
Le Grand prix de littérature américaine 2017 a récompensé son roman "A malin, malin et demi"
Je découvre Richard RUSSO avec ce roman qui a été plébiscité par les blogs que je suis il y a quelques mois. J’ai profité d’un long week-end de mai pour me lancer dans la lecture de ce pavé.
Ce fut une lecture lente, à l’image de cette bourgade du Maine qui ne regorge pas d’activités depuis que les usines textiles ont fermées.
J’ai aimé le personnage de Miles, coincé entre son père qui lui réclame sans-cesse de l’argent ; sa fille Tick ; son ex-femme ; son frère qui a perdu l’usage d’un bras ; et le souvenir de sa mère.
J’ai eu de la peine pour cet homme qui ne veut blesser personne, qui tente toujours d’arranger ses proches sauf son père à qui il refuse de donner le moindre dollar.
J’ai aimé le père Mark qui tente de s’occuper du sénile père Paul.
J’ai eu de la peine pour John Voss, et ai été horrifié de découvrir son enfance.
J’ai eu de la peine pour Candace, l’amie de Tick, que sa mère appelle « pouffiasse » : charmant petit nom.
J’ai eu de la peine pour Cindy Whithing, renversée petite fille par une voiture, et j’ai été horrifié de découvrir qui l’avait percuté.
J’ai aimé l’humour et les quelques situations drôles du récit.
J’ai aimé les leitmotivs : le lave-vaisselle Hobart qui tombe souvent en panne ; le Silver Fox, surnom donné au futur mari de Janine (l’ex-femme de Miles) ; le chat griffant de Mme Whithing ; la joliette sous laquelle Mme Whithing mère reçoit loin des oreilles de sa fille.
Il y a tant de personnages attachant que je ne peux les citer tous, pourquoi je les ai aimé ou détesté.
Bref, l’auteur m’a donné à voir un coin de l’Amérique comme il doit tant en exister. J’ai aimé suivre Miles pendant quelques mois.
Quelques citations :
Pourquoi le monde était-il tombé dans les mains de vieilles femmes folles de pouvoir ? (p.264)
Seulement Dieu, pour des raisons qui lui appartiennent, aime autant quelquefois brancher le répondeur. (p.434)
L’image que je retiendrai :
Celle du pont-de-fer que la mère de Miles traversera chaque jour pour aller travailler chez Mme Whithing, pont qui sépare la ville entre les riches et les pauvres.
https://alexmotamots.fr/le-declin-de-lempire-whithing-richard-russo/
Un livre qui décrit une Amérique au cœur d'un village qui se meurt. Les personnages sont attachants, l'histoire actuelle. On suit l'histoire du personnage principal Miles Roby, qui essaie dans cette petite ville de ne pas sombrer face à son divorce, à la propriétaire de son restaurant, de son père alcoolique et de sa fille adolescente. Un beau roman.
Empire Falls dans le Maine. Grandeur et décadence de la riche et puissante famille Whiting et du même coup de leur fief … Les hommes y subissent une terrible destinée : ils se marient systématiquement avec une femme qui ne leur convient pas du tout. Charles Beaumont Whiting (CB pour les intimes) n’y échappera pas, tout comme Honus son père et Elijah, son grand-père …
Miles Roby, gérant de l’Empire Grill, appartenant à Francine Whiting (qui a promis de le lui léguer à sa mort) tente de garder la tête hors de l’eau. Janine, sa “future ex femme” l’a quitté il y a moins d’un an pour le propriétaire de la salle de sport, Walt, qui vient régulièrement le narguer au grill et que déteste également Tick, leur fille adolescente. Max, le père de Miles, est un voyou, manipulateur égoïste et sans scrupules.
Régulièrement, Miles voit son passé revenir lui sauter à la face (notamment les fameuses vacances à Martha’s Vineyard avec sa mère, lorsqu’il avait neuf ans, la jolie Grace sur qui tous les hommes se retournaient … et cette idylle impossible avec un certain Charlie pendant que son père purgeait une peine de prison …)
Richard Russo est passé maitre dans l’analyse pointue de la nature humaine - c’est incontestable - et son écriture est indéniablement sublime (ce roman a obtenu le prix Pulitzer 2002) Toutefois, la longueur de certains passages m’a - je dois bien le reconnaitre - un peu lassée …
Avis relativement mitigé, donc, en ce qui concerne mon intérêt pour l’intrigue à proprement parler, ce qui ne m’empêche nullement d’admirer le talent de ce grand écrivain !
Formidable ! Allons à l’essentiel. Dans l’Empire Whiting, déclin ou pas, ce sont les femmes qui portent la culotte. De terribles viragos capables de pousser les inconscients ayant osé un jour leur dire « Oui, ma chérie » à les poursuivre pour les trucider à coup de pelle ou bien à se supprimer eux-mêmes comme le regretté (sauf par sa veuve) Charlie. C’est aussi drôle pour le lecteur que tragique pour les infortunés mâles de cette famille fortunée qui possède l’essentiel de la ville d’Empire Falls.
" J'ai dit..., avait commencé une troisième fois sa future épouse.
_ Oui, ma chérie. Excellente idée", avait convenu Charles Beaumont Whiting, qui, en cet instant fatidique, était devenu Charlie Whiting. Plus tard, bien plus tard dans sa vie, il allait s'amuser de cette remarque, plutôt désabusée, qu'il avait toujours eu le dernier mot lorsque son épouse et lui s'étaient trouvé des opinions divergentes, et que ce dernier mot - il y en avait en fait trois - était : "Oui, ma chérie." S'il avait dû savoir combien de fois il allait répéter cette locution à cette femme, savoir que ces trois mots allaient devenir le mantra de leur mariage, il se serait peut-être rappelé l'invitation du fleuve, s'y serait jeté hic et nunc pour suivre en aval l'orignal, en s'épargnant ainsi un monde de souffrances et le prix du revolver qu'il achèterait trente ans plus tard pour mettre fin à ses jours.
" Et voudrais-tu éteindre cet immonde cigare, je te prie ?"
La veuve possède et régente la petite ville comme la petite vie de beaucoup de ses habitants, en particulier celle de Miles, le gérant du grill qu’elle laisse vivoter avec la plus extrême mesquinerie. Pauvre Miles. Sa femme le quitte pour un bellâtre qui vient faire le fier à bras au grill en se moquant de lui. Sa fille, qu’il adore, ne lui adresse la parole que par onomatopées. Son père indigne ne vient le voir que pour lui soutirer ou lui voler le peu d’argent qu’il détient et Charlène, la jolie serveuse dont il est amoureux depuis vingt ans, enchaîne les mariages ratés à peu près au même rythme qu’il retourne ses burgers sur son grill pendant que le flic local ne songe qu’à lui chercher noise. Un loser, un raté ? Non, un homme bien, doté d’une trop mauvaise main pour pouvoir gagner au poker de la vie, mais un personnage finalement très attachant.
La tension monte lentement jusqu’à ce que la colère finisse par rattraper certains des personnages en surprenant le lecteur qui ne l’a pas bien vu venir. C’est tellement bien raconté que la vie quotidienne se suffirait à elle-même. On y prend un plaisir étonnant avec une empathie croissante pour les occupants, Walt le frimeur excepté, de l’Empire grill. Amours déçus, occasions ratées, déclin industriel, jeunesse envolée et gâchée. Drôle, tragique, amusant, ironique ou cruel, c’est un récit passionnant où tout est remarquablement dépeint. La lutte déséquilibrée de quelques personnages dignes et courageux par moments, contre la méchanceté, la bêtise et la cruauté qui les cernent. J’ai adoré. Alors, pour convaincre les hésitant(e)s, de découvrir eux-aussi la petite ville d’Empire Falls, à l’opposé des paradis inaccessibles à Miles de Camden ou de Martha’s Vineyard, laissons opérer le talent de l’auteur.
« La mi-temps terminée, les équipes de Fairhaven et d’Empire Falls reprenaient place sur le terrain. Janine s’efforça de paraître intéressée, optimiste. Pourtant, voyant les cheerleadeers pirouetter en rythme, elle ne put s’empêcher de penser que, plus tôt qu’à leur heure, elles seraient aussi mariées, enceintes de ces garçons casqués ou de ceux d’une ville voisine. Que cette vie, aussi vite, s’abattrait sur eux. La panique, d’abord, d’y être confrontée seule, puis un mariage précoce pour déjouer ce lugubre destin, suivi par les innombrables mensualités de la voiture et de la maison, et les notes du médecin, et le reste. Le plaisir qu’ils prenaient à ce sport brutal s’éclipserait lentement. Ils graviteraient dans des bars semblables à celui de Bea pour échapper aux mêmes filles, celles-là sur le terrain, puis aux enfants que, ni eux, ni elles, ne seraient assez intelligents, ou indépendants, pour éviter. Il y aurait la chaîne sportive sur le grand écran TV de la taverne, de la bière en abondance, et ils parleraient encore quelque temps d’aller jouer, mais s’ils le faisaient, ils se blesseraient, et rapidement leurs blessures deviendraient synonymes de leur « état physique » et ça serait terminé. Leurs jobs, leur mariage, leur vie, tout ça, une corvée. Une fois par an, pris d’un coup de folie, ils grimeraient leurs visages, s’entasseraient dans les minivans de leurs femmes, et, s’ils en avaient les moyens, ils prendraient la route pour voir un match des Patriots. Le match terminé, à moitié saouls, ils rentreraient chez eux, personne n’ayant assez d’argent pour dormir sur place. C’est-à-dire chez eux à Empire Falls, si cela existait encore.
Les plus aventureuses ou les plus désespérées de leurs épouses profiteraient de leur brève absence pour engager une baby-sitter et chercher au Lamplighter Motor Court un autre de ces hommes-enfants, tous plus ou moins bourrés en permanence, au détriment de leurs érections. Elles voudraient trouver un petit aperçu de la route qu’elles n’avaient pas prise, pour découvrir que c’était en fait les mêmes deux voies bitumées et minables qu’elles suivaient depuis le début, excepté ce tronçon-là, méconnu, qui de toute façon menait à une destination semblable. »
Miles Roby en est le personnage principal, il mène une vie bien ordinaire dans une région sinistrée du Nord Est des États-Unis. Sa vie s’écoule sans surprise, morose…Entouré de sa fille et de sa future ex- épouse, deux femmes qu’il aime mais il ne sait pas exprimer ses sentiments. Cette ville est la propriété de la famille Whiting depuis des générations. On y trouvait des usines textiles prospères mais aujourd’hui celles-ci ont mis la clé sous la porte. La veuve Whiting est toujours là avec son argent elle manipule le peu d’habitants encore présents. Miles est gérant d’un grill, propriété de la veuve. Seul endroit de vie où se retrouvent des étudiants, des chômeurs, des retraités, un flic un peu tordu, un journaliste désœuvré… Des personnages truculents, un livre que j’avais commencé puis abandonné, je ne regrette pas de l’avoir repris et d’avoir insisté. On s’attache très vite à cette ville moribonde et à ses habitants. Des flash-back nous font découvrir l’âme des personnages, un bon moment de lecture
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