"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tout à coup ils passionnent tout le monde : leurs familles s'engouffrent dans leur intimité, le corps médical affute ses instruments de contrôle, eux-mêmes semblent glisser d'une identité à l'autre... Ce qu'ils font est irréversible : Cléo et Cyril vont créer un être humain. Cette aventure a déjà été vécue plus de 107 milliards de fois depuis les débuts de l'humanité, mais pour eux, c'est la première.
Cette bande dessinée, comme l’une des précédentes Carnets de thèse, est un récit autobiographique dans lequel l’imagination comble l’absence de mots, où la réalité est décortiquée par les rêveries de l’autrice. Tiphaine Rivière traite la grossesse du point de vue de Cléo principalement (Cyril, le futur père, n’est jamais trop loin) et évoque dans toute sa complexité l’appropriation de ce moment, de cet état. Elle traite autant l’aspect physique qu’émotionnel. Elle montre le tiraillement de son personnage, double de papier, entre deux attitudes : « ne pas s’en faire » et « faire attention ». Cléo est entourée d’attentions, d’ordres, de conseils. Elle doit donc au milieu de toutes ces recommandations trouver sa propre voie. Cette intimité, ce rapport à soi au moment où le corps change, permettent de questionner le rapport aux autres et le regard de ceux-ci sur elle-même. La bande dessinée est belle dans sa complexité, dans ses nuances, dans ses doutes, dans ces envies. C’est un vrai parcours qu’on découvre et l’autrice ne tombe jamais dans les clichés, dans les raccourcis. Elle parle du désir, de la sexualité, des fausses couches en réunissant les vécus d’autres personnages. C’est une petite communauté qui se forme autour de Cléo, lui rappelant son caractère unique, état aussi effrayant que rassurant.
Dans sa narration, la présence du titre, de ce cœur qui bat, de ce rouge intense marque et donne du rythme. Cette marée rouge, ce torrent bouleverse et montre la chair du personnage. Cela évoque autant l’amour que le drame, le coeur que les règles. Il y a dans ce cœur toute la féminité de Cléo, toutes les nuances émotionnelles et sensibles de ce personnage. Cela nous emporte et l’autrice rappelle à quel point on peut oublier le corps et ses réactions. Cette bande dessinée redonne une place au corps, à ses particularités et sa capacité à les exprimer. Reste la question d’être entendu et cette question tient tout le déploiement de l’histoire.
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