"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Essie a quitté l'Angleterre pour suivre son mari Ian Lawrence, éminent archéologue, dans un campement au coeur de la brousse tanzanienne. Là, sur les bords du lac Natron, les Lawrence recherchent, depuis des générations, les traces d'une civilisation primaire.
Un jour, à la suite d'une rencontre avec le chef de la discrète tribu nomade des Hadzas, la jeune chercheuse se voit confier une étonnante mission : veiller sur Mara, une petite orpheline de quelques semaines, pendant les trois mois de la saison sèche.
Rentrée au camp, Essie s'affole : elle qui n'a jamais voulu être mère, pourra-t-elle subvenir aux besoins du nourrisson ? Sans parler des conséquences de l'arrivée de Mara sur son couple, sur sa carrière, sur ses liens avec les autres Tanzaniens, qui semblent mal accepter la présence d'une petite Hadza à leurs côtés.
Trois mois. Rien à l'échelle d'une vie, d'une civilisation, mais bien assez de temps pour bousculer le monde d'Essie et la forcer à questionner son rapport à l'amour, à la vie. Qu'adviendra-t-il de la jeune femme et de la fillette lorsque reviendront les pluies ?
J'ai découvert Katherine Scholes l’année dernière avec son roman La Reine des pluies que j'avais énormément aimé. Ce fut une lecture totalement dépaysante et j’étais vraiment enchantée par la plume de l'autrice. J'avais donc très envie de lire ce nouveau roman, Le berceau du monde, pour repartir en voyage et être à nouveau dépaysée par ma lecture. Je suis à nouveau conquise par Katherine Scholes et par sa façon de m'emmener dans son monde.
Ce roman m’a fait voyager jusqu'en Tanzanie, un pays d’Afrique que j’ai très peu l’habitude de rencontrer dans mes lectures. J’ai fait la connaissance du couple Lawrence, Essie et Ian. Ils sont Anglais d'origine, et archéologues réputés. Ils vivent en Tanzanie, au pied d'un volcan où ils mènent des fouilles approfondies à la recherche des origines de l'Homme. Ils sont entourés et aidés par des indigènes de tribus locales, dont les Massaïs. Ian se consacre entièrement à son travail. Julia, sa mère vit avec eux, elle-même a été mariée à un archéologue célèbre. Un drame dans l’enfance de Ian les a endurcis tous deux et fait que Ian n'a pas la vision classique du couple. Il ne veut pas d'enfants, et souhaite se consacrer avec sa femme à ses recherches.
Essie, justement, plus effacée et discrète, partage l'avis de son mari, elle travaille, entretient une relation cordiale avec sa belle-mère et ne dit jamais rien contre son mari. Tout va être changé et bouleversé dans sa vie suite à une rencontre avec une tribu nomade, les Hadzas. Le chef va lui faire une demande particulière, celle de garder pendant trois mois un de leurs bébés. La petite fille n'a que quelques semaines, sa mère est morte et il n'y a personne pour s'en occuper. Bien que réticente, Essie accepte, plus ou moins forcée d'ailleurs. Elle qui ne voulait pas d'enfant, la voilà avec un bébé à charge. En plus, l’arrivée du nourrisson est très mal vue par Ian, il ne compte pas aider Essie et celle-ci va devoir jongler entre son travail, les soins du bébé et sa vie de couple. Et petit à petit, elle va s'attacher à elle. Au début, elle était contente de ne garder Mara, nom qu'elle a donné à la petite, que trois mois, mais au fur et à mesure du temps qui passe, que l'attachement se fait plus fort, le temps semble aller trop vite pour Essie et elle voudrait garder Mara avec elle…mais elle a promis aux Hadzas, elle a approuvé le marché, il faut donc qu'elle s’y tienne…
L’arrivée du bébé Hadza va changer la perception des autres tribus face à Essie. Celle-ci va pouvoir compter sur l'aide précieuse de Simon, un homme issu aussi des Hadzas mais qui veut vivre avec le temps moderne.
On va voir évoluer petit à petit Essie, elle va prendre de la maturité, ses réflexions vont changer, son comportement face à son mari aussi, ce qui provoquera pas mal de heurts entre eux. Surtout qu’une autre femme, soi-disant bienfaitrice, envie le poste de Essie. Elle va à la fois utiliser les méthodes modernes pour élever Mara et se rendre compte que les femmes des tribus ont elles aussi des méthodes d’éducation très efficaces, surtout quand on habite dans la jungle.
Je me suis très vite attachée à Essie, j'ai aimé la voir changer, la voir se révéler en tant que femme, car elle avait légèrement tendance à s'oublier avec une présence masculine trop forte qu’est son mari. Je me suis souvent mise à sa place et demandé comment moi-même j'aurais réagi. Me connaissant, je me serais très vite attachée au bébé, et j'aurais sûrement très mal vécu de ne la garder que 3 mois. J’ai trouvé Essie très courageuse. Ian, quant à lui, est un personnage qui m'a énervée, je l'ai trouvé imbu de sa personne, et en même temps, il a toujours été honnête dans ce qu'il voulait faire de sa vie. Sa décision de ne pas avoir d’enfants se comprend vu le drame de son enfance. Il est vrai qu’Essie savait tout ça en se mariant, mais on se rend compte de ses véritables désirs parfois trop tard.
Comme avec La reine des pluies, j’ai énormément appris sur la vie en Tanzanie, sur les paysages, sur la façon de vivre des tribus nomades ou des Massaïs, leurs rites, et aussi leur philosophie de vie qui sont sur certains points très beaux. Ils vivent dans le présent, ne regardent pas derrière eux et continuent d'avancer, même s'ils vivent des drames, même s'ils pleurent, ils tirent toujours du positif de leurs situations. Ils pourraient nous apprendre beaucoup, et on ferait bien d'appliquer certains de leurs principes, notre vie n'en serait que meilleure. Par exemple, une jeune Massaï dit à Essie, au sujet du bébé : « Tu es sa mère en ce moment. Le futur est un autre temps. » Quelle richesse dans ces paroles ! Ou encore, comme dit Kisani, l'un des personnages, « il faut laisser le passé derrière soi pour que quelque chose de nouveau puisse commencer. » Des phrases que l'on devrait appliquer, même si c’est très difficile…revenir à plus de simplicité.
J'ai également effectué un merveilleux voyage dans un pays que je ne connais pas. Les décors sont très bien décrits par l'autrice, avec beaucoup de beauté et de délicatesse, sans alourdir pour autant le texte. L'ambiance est très bien décrite aussi, j'ai réussi à ressentir la chaleur du soleil, à voir la couleur de la terre, à ressentir les différentes odeurs chaudes, épicées. J'arrivais à tout m'imaginer, à voir défiler les images devant mes yeux. Je verrais bien ce livre adopter en film, un peu dans la même veine que Out of Africa, inspiré d'un roman de Karen Blixen.
Tout ceci est magnifié grâce au très bon style de Katherine Scholes. Elle a une plume si fluide que la lecture se fait aisément, sans heurts. Les phases descriptives ne sont pas lourdes et ne ralentissent pas la lecture. Elle sait immerger le lecteur dès le début et ne le lâcher qu’à la toute fin. Je n'arrivais pas à quitter ma lecture tellement je me sentais bien. Les émotions sont également bien retranscrites. Le choix narratif est à la troisième personne du singulier, il m'a permis de garder une certaine distance avec les personnages, à les regarder évoluer. Mais ce n'est pas pour autant que je n'ai rien ressenti, bien au contraire. J'ai été émue plus d'une fois, j'ai même versé ma larme à un certain moment que je tairais. Je ne m'attendais pas aux événements de la fin, je ne peux bien sûr rien dire, mais j'ai été surprise tout de même, j'ai bien aimé ce que l'autrice a fait.
Je pense que vous l’aurez compris, j'ai adoré cette lecture. C’est un réel plaisir. Je vais continuer à suivre Katherine Scholes, je vais me procurer aussi ses romans précédents, il y en a un qui me tente beaucoup, Leopard Hall, qui est celui qui se rapproche le plus de l'autrice. Car elle sait de quoi elle parle, elle connaît le pays, puisqu'elle y est née. Lorsqu'elle a épousé son mari cinéaste, elle s'est intéressée aux écrivains de scénarios et essaie de se rapprocher le plus d'eux, et elle y arrive très bien. Pour écrire le personnage d'Essie, elle s'est inspirée de la vraie vie d'une paléoanthropologue Mary Leakey.
J'ai aimé le dépaysement, ainsi que les messages que véhicule ce roman sur la maternité. Au travers de Julia, Essie et les femmes Massaïs et Hadzas, l'autrice nous livre des portraits différents de mères très intéressants. Je relirai avec grand plaisir Katherine Scholes et je vais continuer à la suivre de près.
Je ne peux que vous conseiller ce roman si vous aimez les histoires fortes et délicates à la fois, dépaysantes et très bien écrites. Katherine Scholes est une autrice que je vous recommande fortement. Tous ces livres sont un bonheur à lire.
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