"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sous le double regard de Vivian Maier et de Lorine Niedecker le poème est posé sur la table comme une caméra. Il tourne. Des personnages entrent. Des récits s'entremêlent où fiction et document tentent de rendre compte d'une plateforme hybride d'expériences. Ordinaire manière d'organiser le pessimisme en ce début de XXl? siècle. L'annonce brutale de la mort de Chantal Akerman viendra tout autrement éclairer le décor mis en place et fera ressurgir le titre occulté, celui du premier long métrage de R.W. Fassbinder L'amour est plus froid que la mort. La forme d'un film repose sur les scènes qui n'ont pas été tournées et qui doublent les autres. Par un simple déplacement, le sujet du lac devient celui de l'amour mort ou plus exactement mis à mort. Semblable au train, un titre peut en cacher un autre. Et avec lui un réservoir de souvenirs, leur amnésie. Comment a-t-on survécu à un premier amour ?, serait alors la question. En neuf photogrammes revisités dans le sublime film de Fassbinder (Héros du livre rejoignant les Dames du Lac) une tentative de réponse est apportée. Sur nous tous, le poème en sait plus long que nous. Et c'est bien parce qu'il brûle sur un monde dévasté que l'amour est plus froid que le lac.
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