"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quel est le nom de cette ville qui brûle en moi ? Que ce soit lors de ses errances citadines, ses voyages souterrains ou hors la ville, Christophe Grossi aime observer ce qui nous relie ou nous oppose. Au fil des rencontres fugaces ou vivaces, des moments de tension ou d'apaisement, il s'interroge sur notre présence au monde, notre immobilité en mouvement et nos désirs de fuir. Si la ville fascine, elle peut griser aussi. Et dans nos va-et-vient, comment habiter les lieux traversés, quel que ce soit le mode de transport choisi ?Dans ce récit qui procède par fragments, où les voix convergent et se complètent, une galerie de portraits se construit. Une nouvelle carte apparaît, faite d'itinéraires réels ou imaginaires, le long desquels les absents hantent les vivants. Et chaque trajectoire prend la forme d'un possible soubresaut. La ville soûle n'est pas un récit de voyage au sens propre : c'est une métamorphose.
Transcendant « La ville soûle » est un grand livre. Millénaire à l’aube née, épiphanie tremblante de beauté. Bouleversant, dans cet espace-monde où la ville palpite à l’instar d’un périple dans le désert où règne l’impalpable et les murmures des intériorités. L’homme marche, glane, ses poches gorgées de mots sable-glaise, Babel en délivrance. Tout est si lumineux dans « La ville soûle ». Des fragments puisés dans le puits des certitudes où les regards régénérants invitent à la générosité des expressions vierges de non-dits. C’est une ville mappemonde, microcosme, macrocosme d’un monde où chacun (e) trace sa voie. Christophe Grossi n’écrit pas. C’est un sachant. Il est humble. Il accorde au chant littéraire l’espace des grandeurs d’âme. La matière se transforme. Les mots deviennent subrepticement des secrets éclatés. Chaque instant est un sablier renversé face au vent des merveilles alphabétiques. Rester sur le seuil grammatical. Attendre l’heure la plus belle du lever du jour sur cette apothéose. Sous terre, sur terre, les lignes du métro, arborescences poétiques, hédonistes, citadines épures, voûtes vivifiantes qui s’élèvent. Rester, écouter, sentir le passage du langage, arrêt du temps. « Ligne 6 » « Entre Nation et Denfert-Rochereau. » « Ici, chaque matin à quelques minutes près, des corps se collaient coûte que coûte à la vitre. Là-bas les pages étaient offertes au spectre infini des prunelles. Si, près de nous, l’âme étroite se signe au-delà du geste qui rectifie l’arme à l’œil. Tu parleras plus tard des regards aveugles. » « Si près de nous, chaque concession au cimetière est en passe d’être géolocalisée. Tu parleras, plus tard, du nombre de minutes avant le signal. » Les reflets intérieurs d’une ville qui se risque au contre-sens, à ce qui se heurte aux falaises des épreuves. Trame citadine, dans cet espace-temps où, « … croisait dans la vitre ou dans les yeux d’un autre étonné ce qu’il croyait être son double et qui n’était souvent qu’un fantôme, sa propre angoisse incarnée, un reflet. » Christophe Grossi sème sur les rames qui s’emmêlent les chants profonds d’une vérité mise à nue. Plus de bruits, de mouvements, persistent l’ampleur d’une vertu philosophique hors norme. D’une rare contemporanéité, « Combien fouillent le monde dans leurs poches, cachent des valises dans leurs manches, perdent une écharpe, un gant, une douceur, leur temps. » Christophe Grossi prend les chemins de traverse. Cherche les passages les plus vifs, lacérés au cutter des habitus, des aléas, des souffrances intestines. Des passants perdus dans le flou de leurs souvenirs, dans la violence âpre d’un monde qui décroche le dernier wagon, emblème des inégalités, du rejet de l’étrange(er). « La ville soûle », idiosyncrasie de cette modernité qui broie ses bienfaiteurs, ses romantiques, ses assoiffés des certitudes. « Dans ces tiroirs, il y a de quoi répondre de mes traces devant mes semblables. » « Ne nous laissons pas distraire par nos possibles démissions. » « La ville soûle » est un plan de ville à apprendre par cœur. Le lire, c’est vivre. Le retenir c’est comprendre. L’étreindre, c’est renaître. Lisez- le doucement, comme le nectar d’une rencontre avec les destinées allouées Culte. « Ce soir la lumière est belle. » Publié par Les majeures Editions Publie.net Guillaume Vissac. Beau à pleurer.
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