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Autant j'avais aimé le petit livre de Bruce Bégout intitulé Chroniques mélancoliques d'un vendeur de roses ambulant, autant je me suis perdu dans Le sauvetage. Je résiste à la tentation de parler de mon propre sauvetage, tant je me suis senti hors du roman. Non pas que j'aie quelque chose à lui reprocher. L'écriture est belle, sans effet, simple et fluide. Quelques mots en allemand non traduits m'ont un peu gêné et mon manque de connaissance de l'époque, de la philosophie en général et de la phénoménologie en particulier m'ont sans doute empêché d'entrer totalement dans ce roman. Dommage, mais bon, ça arrive parfois.
Disparu depuis quelques années, Duane Hanson (1925 - 1996 ) reste le sculpteur hyperréaliste américain par excellence. Bien plus célèbre que John de Andrea ou Jacques Verduyn, politiquement plus engagé que Ron Mueck, moins humoristique que Maurizio Cattelan, Duane Hanson a posé dès sa première œuvre « Abortion » (Avortement) les fondements d’un art collant à la réalité quotidienne d’Américains moyens. Des archétypes en quelque sorte. Mais raconte-t-il cette Amérique-là ou est-il dans la satire sociale ? Un peu des deux, je pense.
Venu tard à la sculpture, à la fin des années 60, Duane Hanson est l’enfant spirituel du Pop Art, tout spécialement du sculpteur George Segal et, dans une moindre mesure, de Claes Oldenburg. Au fil des années, sculpture après sculpture (et non pas mannequin après mannequin), il a dressé une galerie de figures, toutes emblématiques du « Rêve américain ». Par leur impressionnante ressemblance avec des êtres vivants, elles mettent en évidence la condition humaine. Prenons le cow-boy, dérisoire sans son cheval, perdu dans notre monde moderne, victime de l’isolement, de la solitude et de l’aliénation.
Plusieurs pages de cette monographie sont consacrées à cette technique stupéfiante du « life casting » qui consiste à réaliser des moulages directement sur le corps du modèle vivant. Et c’est ainsi qu’est obtenu cette vision quasiment identique de la vie, sans le mouvement. « Il ne leur manque que la parole ». Si bien qu’il devient difficile de faire la différence entre ces sculptures grandeur nature et les visiteurs dialoguant avec eux. Les objets réels, véritables accessoires, accentuent cette porosité entre l’art et la vie, tout en prenant une distance avec les acquis des avant-gardes. Hanson n’est pas Pablo Picasso, loin de là. C’est tout le paradoxe du travail de Hanson : tout en collant à la représentation du réel, il cherche à s’en détacher pour créer des figures « universelles », parlant à tout un chacun …
En quatre mots : lucide, critique, déroutant, fascinant.
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